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Le désensablement du Mont Saint Michel

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 49)

Un chantier étonnant au service d’un patrimoine religieux mondialement connu Bâti en 966 en l’honneur de l’archange Michel, le Mont Saint Michel et sa célèbre abbaye classée au patrimoine de l’Unesco reçoivent chaque année 3 millions de visiteurs. Malheureusement, les aménagements touristiques (digue d’accès, parking de 15 ha au pied des remparts) et le barrage du Couesnon accentuent un phénomène déjà présent naturellement : l’ensablement du lieu, autrement dit le recul de la mer. Progressivement, le célèbre rocher se retrouve entouré non plus d’eau, mais de prés salés. Pour inverser ce processus, un chantier de grande ampleur a été lancé en 2005, portant principalement sur la digue d’accès et sur le barrage du Couesnon, situé à l’estuaire de la rivière du même nom, face au Mont. Une nouvelle digue de 1085 m a été réalisée. Elle est bâtie sur une assise en enrochements, qui garantiront à l’avenir sa résistance à l’érosion. Dessus prend place une couche de tangue (un sable marin récupéré dans la baie) empaquetée dans un géotextile ; puis une couche de forme en granulats ordinaires, et enfin un revêtement en dalles de béton. La digue se termine par une passerelle métallique de 760 m, fondée sur des pieux en béton armé qui s’appuient sur le substratum rocheux à 30 m de profondeur, puis un gué de 120 m. Ce nouvel aménagement garantit la circulation de la mer autour du « rocher », empêchant ainsi le dépôt de sédiments. De plus, le parking situé au pied du mont a été supprimé et recréé à l’intérieur des terres et l’ancienne digue d’un seul tenant a été démolie. Le barrage du Couesnon a lui aussi été entièrement refait. Plus large, il permet maintenant de mieux gérer les flux de la rivière, qui s’évacue plus facilement vers la mer entraînant les sédiments avec elle. Les travaux se sont déroulés en deux phases : une moitié de la rivière a d’abord été mise à sec par un batardeau de palplanches pour permettre de construire la première partie du barrage, puis l’opération a été répétée sur la deuxième moitié. Enfin, le lit de la rivière a été curé en amont et en aval pour accroître la capacité d’écoulement de l’eau. Le chantier bénéficiait à l’origine d’un budget de 40 500 000 € qui a été allègrement dépassé, comme c’est souvent le cas pour les chantiers de grande ampleur. De même, la date butoir de 2015 semble difficile à tenir vu l’avancement actuel des travaux, qui ont déjà permis de gagner 60 ha dans la baie. Il faut comprendre que le chantier se déroule dans un  environnement inhabituel, qui engendre des conditions de travail difficiles. Les célèbres sables mouvants mettent à rude épreuve le matériel par des enlisements fréquents. La réalisation de la digue et de la passerelle nécessite l’emploi de pelleteuses amphibies (dont les trains de chenilles constituent comme deux coques ; cf. photo ci-dessus), et autres matériels habituellement utilisés sur les chantiers fluviaux (barges, dragues,…), mais rarement visibles au quotidien. Si vous avez l’occasion de visiter les lieux, n’hésitez pas à marquer un arrêt sur ce chantier, qui ne manquera pas d’intéresser les plus techniquement curieux d’entre vous.

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