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La première ascension du Mont-Blanc

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 53)

Au 18ème siècle le Mont Blanc est connu comme la « montagne maudite ». Elle reste une menace pour l’homme qui n’hésite pas à organiser des processions pour contrer l’avancée inquiétante de la mer de glace sur la ville de Chamonix. Néanmoins, en 1760, Horace-Bénédict de Saussure tombe sous le charme irrésistible du plus haut sommet des Alpes. Il désire en bon savant effectuer des observations sur le terrain. Ainsi promet-il une forte récompense au montagnard qui trouvera une route praticable pour y parvenir. « La montagne maudite » impose le respect car c’est seulement 15 ans plus tard que la première ascension est tentée. Tentative soldée par un échec (qui sera suivi de nombreux autres), principalement dû au dépaysement face à la haute montagne. Le Mont-Blanc résiste encore et toujours à l’envahisseur. Toutefois, le 8 août 1786, date historique, la plus haute cime des Alpes capitule. Jacques Balmat et Michel Paccard parviennent au sommet pour la première fois de façon connue. Notre premier montagnard est un chasseur de chamois, cristallier (recherche dans la haute-montagne les cristaux naturels de roche pour en faire le commerce) et il conduisait des voyageurs en montagne sans pour autant avoir le titre de guide. On peut dire qu’il s’agissait d’un véritable coureur de glaciers. En 1786,  il a 24 ans et est père de famille. Quant à son compagnon Michel Paccard, il est médecin de Chamonix, neveu du doyen des guides des vallées, et il est déjà à sa troisième tentative. Il faut savoir qu’au 18ème siècle, le matériel alpin est réduit : des cordes, des échelles pour franchir à plat les crevasses, des chaussures cloutées pour ne pas déraper sur la glace, des visières en bois pour protéger les yeux de l’éblouissement… Néanmoins les deux montagnards pensent avoir trouvé une voie pour accéder au sommet. Ils partent donc le 7 août vers 17 heures de Chamonix. C’est le grand départ. Ils sont déterminés malgré une grande angoisse. Vers 22 heures ils s’arrêtent pour la nuit. Très tôt le lendemain ils commencent par gravir le glacier du Taconnay, des Grands Mulets, du Petit Mulet puis ils arrivent sur le dôme du Gouter. Le Mont Blanc semble tout proche mais l’altitude commence à se faire sentir. La tension monte, l’ardeur les stimule. Vers 18h30 c’est la victoire ! Ils sont tous les deux au sommet. La joie les saisit devant ce panorama extraordinaire, même si la partie n’est pas encore gagnée : les dangers de la descente sont nombreux ! Par ailleurs, Paccard est atteint d'ophtalmie (à cause de la réverbération il ne voit plus rien). Du coup, c'est en se tenant par la main que les deux hommes rentrent au village. En bas, les nerfs peuvent enfin se relâcher, la fatigue prend le dessus. Par cette ascension historique la voie est ouverte pour de nombreux autres alpinistes. Un an après, M de Saussure parvient au sommet avec 19 autres personnes. Marie Paradis, servante de Chamonix est la première femme à réussir l’ascension le 14 juillet 1808, mais, de son propre aveu, elle est « traînée, tirée, portée » par les guides. La seconde ascension féminine est réussie par Henriette d'Angeville, alors habillée d'une robe, le 4 septembre 1838. Elle a quarante-quatre ans. Le Mont-Blanc est vaincu mais non dominé. L’homme reste bien petit devant la grandeur de la création de Dieu.

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