Plaidoyers pour la vie
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Le Pape à l’ONU : Appel à un examen de conscience
Je ne peux m’empêcher de réitérer mes appels incessants concernant la douloureuse situation de tout le Moyen Orient, du nord de l’Afrique et d’autres pays africains, où les chrétiens, avec d’autres groupes culturels ou ethniques, y compris avec les membres de la religion majoritaire qui ne veulent pas se laisser gagner par la haine et la folie, ont été forcés à être témoins de la destruction de leurs lieux de culte, de leur patrimoine culturel et religieux, de leurs maisons comme de leurs propriétés, et ont été mis devant l’alternative de fuir ou bien de payer de leur propre vie, ou encore par l’esclavage, leur adhésion au bien et à la paix. Ces réalités doivent constituer un sérieux appel à un examen de conscience de la part de ceux qui sont en charge de la conduite des affaires internationales. Non seulement dans les cas de persécution religieuse ou culturelle, mais aussi dans chaque situation de conflit, comme en Ukraine, en Syrie, en Irak, en Libye, au Sud Soudan et dans la région des Grands Lacs, avant les intérêts partisans, aussi légitimes soient-ils, il y a des visages concrets. Dans les guerres et les conflits, il y a des êtres humains concrets, des frères et des sœurs qui sont nôtres, des hommes et des femmes, des jeunes et des personnes âgées, des enfants qui pleurent, souffrent et meurent, des êtres humains transformés en objet mis au rebut alors qu’on ne fait que s’évertuer à énumérer des problèmes, des stratégies et des discussions. (Discours à l’ONU) le 25 septembre 2015) (Photo : UN Photo/Evan Schneider)
« La culture du définitif »
[…] Toujours, du début de la vie consacrée jusqu’à maintenant, il y a des moments d’instabilité : ce sont les tentations. Les premiers moines du désert écrivent là-dessus et nous enseignent comment trouver la stabilité intérieure, la paix. Mais il y aura toujours les tentations, toujours, toujours… La lutte sera jusqu’à la fin. Et pour revenir à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, elle disait qu’il faut prier pour ceux qui vont mourir parce que là, c’est vraiment le moment de la plus grande instabilité, où les tentations sont fortes. Culturellement, c’est vrai, nous vivons à une époque très, très instable, et même une époque qui semble être « un bout de temps » : nous vivons la culture du provisoire. Un évêque – il y a un ou deux ans, plus ou moins – me disait qu’un jeune était venu le trouver, un bon garçon, un professionnel, qui voulait devenir prêtre, mais seulement pour dix ans : « Après, on verra… » Mais cela arrive, c’est arrivé : notre culture est celle du provisoire. C’est pareil dans les mariages : « Oui, oui, nous nous marions ! Tant que dure l’amour… quand l’amour s’en va, au revoir, au revoir : toi chez toi, et moi chez moi. » Et cette culture du provisoire est entrée dans l’Église, est entrée dans les communautés religieuses, est entrée dans les familles, dans le mariage… La culture du définitif : Dieu a envoyé son Fils pour toujours ! Pas provisoirement, à une génération ou à un pays : à tous. À tous, et pour toujours ! Et ceci est un critère de discernement spirituel. Suis-je dans la culture du provisoire ? Par exemple, pour ne pas se désagréger, prendre aussi des engagements définitifs. […] Et je veux finir avec deux mots. L’un qui est le symbole du pire, je ne sais pas si c’est le pire mais c’est un des pires comportements d’un religieux : se regarder soi-même, le narcissisme. Gardez-vous-en ! Et nous vivons dans une culture narcissique et nous avons toujours cette tendance à nous regarder. Non au narcissisme, au regard sur soi. Et oui, au contraire, à ce qui dépouille de tout le narcissisme, oui à l’adoration. Et je crois que c’est un des points sur lesquels nous devons progresser. Tous, nous prions, nous rendons grâce au Seigneur, nous demandons des faveurs, nous louons le Seigneur… Mais je pose une question : Adorons-nous le Seigneur ? Toi, religieux ou religieuse, as-tu la capacité d’adorer le Seigneur ? La prière d’adoration silencieuse : « Tu es le Seigneur », est le contraire du regard sur soi propre au narcissisme. Adoration, je veux terminer sur ce mot : soyez des femmes et des hommes d’adoration. Et priez pour moi. Merci. (Discours aux jeunes religieux rassemblés à Rome le 17 septembre)
« Qu’est ce que l’espérance ? »
Les jeunes sont l’espérance d’un peuple. Cela, nous l’entendons dire partout. Mais qu’est-ce que l’espérance ? C’est être optimiste ? Non. L’optimisme est un état d’âme. Demain, tu te lèves en ayant mal au foie et tu n’es pas optimiste, tu vois tout en noir. L’espérance est plus que cela. L’espérance est difficile. L’espérance fait souffrir pour mener à bien un projet, elle sait se sacrifier. Es-tu capable de te sacrifier pour l’avenir ou veux-tu simplement vivre le présent et que ceux qui suivront s’arrangent ? L’espérance est féconde. L’espérance donne vie. Es-tu capable de donner la vie, ou deviendras-tu un garçon ou une fille spirituellement stérile, incapable de créer de la vie pour les autres, incapable de créer de l’amitié sociale, incapable de créer la patrie, incapable de créer de la grandeur ? L’espérance est féconde. L’espérance se donne dans le travail. […] Les jeunes font partie de la culture du rebut. Et nous savons tous qu’aujourd’hui, dans cet empire du dieu argent, on élimine les choses et on élimine les personnes. On élimine les enfants parce qu’on n’en veut pas ou parce qu’on les tue avant qu’ils naissent. On élimine les personnes âgées – je parle du monde, en général – on élimine les personnes âgées parce qu’elles ne produisent plus. Dans certains pays, il y a la loi sur l’euthanasie, mais dans beaucoup d’autres, il y a une euthanasie cachée, occulte. On élimine les jeunes parce qu’on ne leur donne pas de travail. Alors, que reste-t-il à un jeune sans travail ? […] Cette culture du rebut nous fait du mal à tous, nous enlève l’espérance. […] Nous voulons de l’espérance. L’espérance qui est difficile, laborieuse, féconde. Elle nous donne du travail et nous sauve de la culture du rebut. (Discours improvisé aux jeunes Cubains le 21 septembre)