Bienheureuse Rosalie Rendu (1786-1856) -1-
Une fille de la charité qui a fait honneur à la France...
1848 : une nouvelle émeute éclate dans Paris, opposant le pouvoir à une classe ouvrière déchaînée par la misère et par la haine. Soudain, un officier de la Garde Mobile se précipite dans la petite cour de la maison des Filles de la Charité, proche de la rue Mouffetard. Il est poursuivi par des émeutiers en furie. Une petite sœur s'interpose alors entre les combattants, criant d'une voix ferme : "Ici, on ne tue pas !" – "Mais dehors, si ! On l'emmène !". La sœur se jette alors à genoux : "Au nom de tout ce que j'ai fait pour vous, pour vos femmes et vos enfants, je vous demande la vie de cet homme !". Lentement et dans un silence presque religieux, les fusils s'abaissent, quelques hommes pleurent, tous se retirent… L'officier est sauvé ! "Qui êtes-vous, ma sœur ?" demande t-il, reconnaissant et ému. "Rien, monsieur, une simple fille de la charité". Cette "simple fille de la charité" est née en 1786, près de Gex, dans le Jura. Ses parents, les Rendu, jouissent d'une certaine aisance et d'une réelle estime dans tout le pays. Jeanne-Marie est leur premier enfant et sera suivie par trois petites sœurs. Lors de la Révolution, la maison familiale est un refuge sûr pour les prêtres fidèles à l'Eglise. L'évêque d'Annecy lui-même y trouvera asile. Jeanne-Marie, d'abord intriguée par ce domestique entouré de tant de respect, découvre une nuit qu'il célèbre la messe ! C'est alors l'occasion pour la maman d'expliquer à sa fille, malgré son jeune âge, la triste situation de la France et les raisons de leur engagement en faveur du clergé fidèle. C'est donc dans une atmosphère de foi solide et de confiance en Dieu dans le danger que Jeanne-Marie grandira, sérieuse et généreuse. Elle fera sa première communion une nuit, dans la cave de sa maison, à la lueur d'une bougie. En 1796, la famille est durement éprouvée par la mort du papa puis de la dernière petite sœur. Madame Rendu aurait bien besoin du soutien de son aînée mais, soucieuse de son éducation, elle l'envoie au pensionnat des sœurs Ursulines de Gex. C'est là que Jeanne-Marie découvre, lors de ses promenades dans la ville, l'existence des Filles de la Charité. Tout de suite, elle est conquise et n'a plus qu'un désir : devenir comme elles ! Sa généreuse maman ne dresse aucun obstacle. Elle lui permet d'abord, malgré son jeune âge, de passer plusieurs semaines chez les Filles de la Charité de Gex, en vue de bien discerner la volonté de Dieu. Puis, ayant interrogé le curé de Gex sur l'opportunité d'une telle décision, elle consent à laisser entrer sa fille au postulat, alors qu'elle n'a que quinze ans et demi ! Jeanne-Marie se rend donc à Paris, où elle est accueillie à la maison-mère des Filles de la Charité, où elle reçoit le nom de Sœur Rosalie. Les premiers mois sont difficiles : le manque d'exercice physique pèse à cette fille de la montagne ; elle se tend également outre mesure dans le désir de bien correspondre aux exigences de sa vocation. Sa santé est sérieusement ébranlée. Sur le conseil de son parrain, Monsieur Emery, supérieur des Sulpiciens et homme d'une grande sagesse, ses supérieures l'envoient dans la maison des Filles de la Charité du quartier Mouffetard, qui est alors le quartier le plus misérable de la capitale, pour y recevoir sa formation tout en se donnant au service des pauvres. Elle y restera jusqu'à sa mort ! 54 ans de présence active et rayonnante qui ne laisseront personne indifférent, et pour cause… Pour la suite cliquez ici