Homélies du Pape François
Renverser la culture du déchet
[…] Un esprit individualiste est un terrain fertile pour la maturation de cette attitude d’indifférence envers le prochain, qui porte à le traiter comme simple objet d’achat et de vente, qui pousse à se désintéresser de l’humanité des autres et finit par rendre les personnes craintives et cyniques. Ces sentiments ne sont-ils pas ceux que nous éprouvons souvent devant les pauvres, les marginaux, les derniers de la société ? Et combien de derniers avons-nous dans nos sociétés ! Parmi ceux-ci, je pense surtout aux migrants, avec leur poids de difficultés et de souffrances qu’ils affrontent chaque jour dans la recherche, parfois désespérée, d’un lieu où vivre en paix et avec dignité. […] Le Saint-Siège souhaite que le Premier Sommet humanitaire mondial convoqué en mai prochain par les Nations Unies puisse réussir, dans le triste tableau actuel de conflits et de catastrophes, dans son intention de mettre la personne humaine et sa dignité au cœur de chaque réponse humanitaire. Il faut un engagement commun qui renverse résolument la culture du déchet et de l’offense à la vie humaine afin que personne ne se sente dédaigné ou oublié et que d’autres vies ne soient pas sacrifiées à cause du manque de ressources et, par-dessus tout, de volonté politique. […] Discours au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège 11 janvier 2016
Visite à la synagogue de Rome
[…] Nos relations me tiennent beaucoup à cœur. À Buenos Aires déjà, j’avais pour habitude de me rendre dans les synagogues et de rencontrer les communautés qui y étaient réunies, suivre de près les fêtes et les commémorations juives et rendre grâce au Seigneur, qui nous donne la vie et qui nous accompagne sur le chemin de l’histoire. Au fil du temps, un lien spirituel s’est créé, et a favorisé la naissance d’authentiques relations d’amitié et aussi inspiré un engagement commun. Dans le dialogue interreligieux, il est fondamental que nous nous rencontrions en tant que frères et sœurs devant notre Créateur et nous Le louions, que nous nous respections et apprécions mutuellement, et que nous essayions de collaborer. Et dans le dialogue entre judaïsme et christianisme, il existe un lien unique et particulier, en vertu des racines juives du christianisme: juifs et chrétiens doivent donc se sentir frères, unis par le même Dieu et par un riche patrimoine spirituel commun (cf. Nostra Aetate, n. 4), sur lequel se baser et continuer de construire l’avenir. Avec cette visite, je m’inscris dans la lignée de mes prédécesseurs. Le Pape Jean-Paul II vint ici il y a trente ans, le 13 avril 1986 ; et le Pape Benoît XVI a été parmi vous il y a six ans de cela. Jean-Paul II, en cette occasion, imagina la belle expression « frères aînés » et en effet, vous êtes nos frères et nos sœurs aînés dans la foi. Nous appartenons tous à une unique famille, la famille de Dieu, laquelle nous accompagne et nous protège comme son peuple. Ensemble, en tant que juifs et catholiques, nous sommes appelés à prendre nos responsabilités envers cette ville, en apportant notre contribution, avant tout spirituelle, et en favorisant la résolution des différents problèmes actuels. Je souhaite que grandissent toujours plus la proximité, la connaissance réciproque et l’estime entre nos deux communautés de foi. C’est pour cela qu’il est significatif que je sois venu parmi vous aujourd’hui 17 janvier, alors que la Conférence épiscopale italienne célèbre la « Journée du dialogue entre catholiques et juifs ». 17 janvier
Sainte Marie, Mère de Dieu
Au début d’une nouvelle année, l’Église nous fait contempler la maternité divine de Marie comme icône de paix. L’antique promesse s’accomplit en sa personne. Elle a cru aux paroles de l’Ange, elle a conçu le Fils, elle est devenue Mère du Seigneur. À travers elle, à travers son “oui”, est arrivée la plénitude des temps. L’Évangile que nous avons entendu dit que la Vierge « retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19). Elle se présente à nous comme un vase toujours rempli de la mémoire de Jésus, Siège de la Sagesse, où puiser pour avoir l’interprétation cohérente de son enseignement. Aujourd’hui, elle nous offre la possibilité de saisir le sens des événements qui nous touchent personnellement, qui touchent nos familles, nos pays et le monde entier. Là où ne peut arriver la raison des philosophes ni les négociations de la politique, là peut arriver la force de la foi qui porte la grâce de l’Évangile du Christ, et qui peut toujours ouvrir de nouvelles voies à la raison et aux négociations. Bienheureuse es-tu, Marie, parce que tu as donné au monde le Fils de Dieu ; mais encore plus heureuse es-tu pour avoir cru en Lui. Pleine de foi, tu as conçu Jésus d’abord dans ton cœur et puis dans ton sein, pour devenir Mère de tous les croyants (cf. Augustin, Sermon 215, 4). Mère, étends sur nous ta bénédiction en ce jour qui t’est consacré ; montre-nous le visage de ton Fils Jésus, qui donne au monde entier miséricorde et paix. Amen. Homélie du 1er Janvier
Suivons la lumière que Dieu nous offre
Combien d’étoiles il y a dans le ciel ! Et pourtant, les Mages en ont suivi une autre, nouvelle, qui brillait pour eux beaucoup plus. Ils avaient scruté longtemps le grand livre du ciel pour trouver une réponse à leurs interrogations – ils avaient le cœur inquiet –, et finalement la lumière était apparue. Cette étoile les a changés. Elle leur a fait oublier leurs intérêts quotidiens, et ils se sont mis tout de suite en chemin. Ils ont écouté une voix qui, de l’intérieur, les poussait à suivre cette lumière – la voix de l’Esprit Saint qui opère chez toutes les personnes – ; et elle les a guidés jusqu’à ce qu’ils trouvent le roi des juifs dans une pauvre maison de Bethléem. Tout cela est un enseignement pour nous. Aujourd’hui, répéter la question des Mages nous fera du bien : « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui » (Mt 2, 2). Nous sommes sollicités, surtout à une époque comme la nôtre, à nous mettre à la recherche des signes que Dieu offre, sachant qu’ils demandent notre engagement pour les déchiffrer, et comprendre ainsi sa volonté. Nous sommes interpellés à aller à Bethléem pour trouver l’Enfant et sa Mère. Suivons la lumière que Dieu nous offre – toute petite… Homélie de l’Épiphanie du Seigneur 3 janvier