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Retour au Moyen-Âge...

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 70)

À Guédelon, un château-fort surgit de nulle-part au XXIe siècle

Si un jour il vous arrivait d’avoir une immense nostalgie de la vie moyenâgeuse, ne vous persuadez pas si vite qu’il s’agit d’un rêve complètement utopique, il vous suffira de faire, non pas un voyage dans le temps de plusieurs siècles, mais tout simplement quelques kilomètres, jusqu’à Treigny, dans l’Yonne. En effet, depuis 1997, toute une équipe travaille à la construction d’un château-fort version XIIIe siècle, composé d’un donjon, de 5 autres tours, d’un logis seigneurial, d’une chapelle, de murailles (épaisseur : 3,50m), d’un pont-levis… Le projet a commencé en 1997 et devrait normalement être achevé en 2025. Projet un peu original pour le XXIe siècle, d’autant plus qu’il ne s’agit même pas de la restauration d’une ruine, mais bien de la construction d’un château « tout neuf ». Pour cela, les maçons ne s’autorisent comme méthodes de construction que celles de l’époque. Le problème est qu’elles sont souvent inconnues. Aidés par différents spécialistes (historiens, castellologues…) c’est donc au fur et à mesure de la construction que les employés se réapproprient l’expérience de leurs ancêtres. Inversement, le chantier offre aux différents spécialistes du Moyen-âge une grande opportunité pour concrétiser leurs recherches. Rien n’est épargné pour garder l’ambiance moyenâgeuse du chantier : du terrain choisi jusqu’à la tenue des travailleurs, tout est réfléchi selon les critères de l’époque. Par exemple, le terrain fut soigneusement choisi en fonction des ressources en matière première qu’il peut offrir, mais aussi à cause de sa position stratégique près d’une voie principale. Les corps de métiers y sont très divers : on y trouve des carriers qui extraient les blocs de pierre d’une carrière à l’aide de ciseaux à pierre et de coins; les maçons qui fabriquent eux-mêmes le mortier avec de la chaux, du sable et de l’eau ; les bûcherons qui abattent tel arbre précis (chênes surtout) à la hache en fonction de son utilisation ; les charpentiers qui s’attèlent à la réalisation des charpentes, échafaudages, coffrages, charrettes…) ; le forgeron qui a aussi une action assez large (fabrication d’outils, fers à cheval, serrures, couteaux, grilles pour la chapelle, armes blanches... ) ; le cordier qui fabrique toute sorte de cordages ; les tuiliers qui réalisent les tuiles et les carreaux du château avec de l’argile… Evidement, il est inconcevable d’y voir une grue, donc pour soulever de lourdes charges, des cages à écureuils (sortes de « grandes roues » miniatures) d’environ 4 m de diamètre ont été fabriquées. Quand quelqu’un marche à l’intérieur, une corde s’enroule autour de l’axe de la cage, permettant ainsi de soulever des charges de 150 kg (voir plus) sur 4m de hauteur. Soutenu par des subventions au départ, ce sont aujourd’hui les 300.000 visiteurs annuels qui permettent de financer la construction (le chiffre d’affaire est de 3 à 4,5 millions d’euros). Qui aurait pu croire que le passé si lointain était finalement si proche ? Si un jour donc, vous vous promenez en vous éloignant un peu trop loin de chez vous, soyez sur vos gardes… il pourrait surgir quelques « visiteurs »…

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