Même la végétation a son plan de défense !
En ce mois de mars, alors que tout rejaillit de la terre après l’hiver, nous nous préparons à la Résurrection de Notre Seigneur qui surgira du tombeau. Aussi, admirons combien le rythme de l’année liturgique a une correspondance à celui de la nature. Mais où se trouvaient les plantes pendant l’hiver ? Comment font-elles pour subsister et refleurir au printemps ? Perçons donc un des secrets du monde végétal… Des scientifiques, biologistes se sont penchés sur la manière dont les végétaux se protègent en saison hivernale. L’un d’eux, Raunkiaer, grand biologiste allemand, a réalisé en 1905 une classification biologique des végétaux selon leur condition biologique en étudiant la position des bourgeons pendant la période défavorable (l’hiver). (Schéma ci-contre) Classification des types biologiques de Raunkiaer. 1 : phanérophyte 2 : chaméphyte. 3 : cryptophyte (géophyte) ;. 3a, 3b, 3c 4 : thérophyte, (plantes annuelles) 5 : hémicryptophyte Des plantes résistent à la saison défavorable sous forme de graines. Elles regermeront l’année suivante. On les nomme « plantes annuelles », ou plantes d’« été ». Les scientifiques les appellent Thérophytes. Le Coquelicot, la Véronique à feuille de lierre, font partie de cette catégorie. Pour les végétaux, l’année débute (normalement…) le 1er avril et se termine le 30 mars, c’est l’année biologique. Mais comme vous pouvez le constater cette année, la nature est toute perturbée... ! Les plantes qui résistent à la saison défavorable sous forme de bulbes (telles que la Tulipe, la Jacinthe) ou de rhizomes (Anémone des bois, Fougère aigle) sont des Géophytes. Les Hémicryptophytes désignent les plantes dont les bourgeons vivants sont situés au niveau du sol et protégés par des feuilles, la litière ou la neige. Par exemple la Flouve odorante (qui donne le rhum de foins, « atchoum ! »), la Pâquerette. Celles-ci sont entourées d’une rosette de feuilles protectrices. Les plantes dont les bourgeons sont situés à moins de 25-30 cm du sol durant la période hivernale sont les Chaméphytes. En montagne la neige assure une bonne protection. La Bruyère et la Callune font partie de cette catégorie. Toutes les espèces dont les bourgeons restent au dessus de 25 cm du sol sont des Phanérophytes : ce sont par exemple l’Ajonc et tous les grands arbres. Cependant, les végétaux s’adaptent aux conditions climatiques de la région où ils se trouvent, et plus ces conditions climatiques sont douces, plus les bourgeons vivants sont hauts, et inversement. Mais quel est l’intérêt de classer ainsi les végétaux ? Pour tout jardinier, connaître la position des bourgeons pendant la période défavorable pour le choix de ses plants est bien utile, et pour les biologistes et forestiers, cela leur permet de suivre et prévoir l’évolution d’un milieu naturel. Et enfin, pour nous, de nous émerveiller de la richesse et de la perfection de la Création : « que Tes œuvres sont nombreuses, Seigneur ! (…) la terre est remplie de Ta richesse. » (Ps 103)