In Altum

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La déclaration conjointe Luthériens-Catholiques sur la justification (1999) - 2/2

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 80)

Pour lire la 1ère partie, cliquez ici Le 31 octobre 1999 l’Eglise catholique et les luthériens signaient une déclaration commune sur la justification. Cet accord est-il accepté par tous les luthériens ? Les luthériens n’ont pas un magistère qui s’impose. L’accord peut donc être remis en cause par des groupes luthériens quand bien même celui-ci a été accepté par une majorité d’entre eux. L’accord laisse-t-il subsister certaines difficultés ? La plus grande difficulté concerne l’état du pécheur justifié. D’une part l’accord reconnaît l’action de la grâce, d’autre part il parle du baptisé comme « à la fois juste et pécheur ». Orpour l’Eglise catholique, la grâce rénove totalement l’être même du baptisé. La question est donc de savoir quel « rôle » les luthériens reconnaissent à la grâce. Peut-on éclaircir les ambiguïtés subsistantes sur la question de la foi et de la grâce ? Pour Luther, en raison de la foi, le péché n’est pas imputé, cependant il subsiste. Dieu ne nous en tient plus rigueur si nous avons la foi au sens luthérien, c'est-à-dire de croire que Dieu nous pardonne. Cependant le péché n’est pas « effacé ». Notre confiance dans la Passion de Jésus fait que Dieu ne tient plus compte de nos péchés. Mais si cette confiance cesse, le péché est condamnable, car nous n’avons pas été justifiés. Pour l’Eglise, la grâce nous rénove complètement, d’un appartement délabré elle fait un appartement neuf. Or pourrait avoir l’impression que le protestantisme substitue la foi à la grâce, mais ce n’est pas cela, car l’accord montre que les luthériens croient au rôle de la grâce. Cependant il reste à préciser avec rigueur comment ils comprennent l’action de la grâce. Le Baptême fait-il ou non passer de l’état de péché à celui de sainteté ?  Qu’en est-il de notre coopération à la justification ? Catholiques et luthériens s’accordent sur le fait que la justification est imméritée de la part des hommes. Cependant les luthériens affirment que la justification est un don qui ne peut être reçu que passivement, tandis que les catholiques croient à la possibilité de coopérer avec la grâce, pour le moins en ne s’opposant pas à son œuvre. Les luthériens disent bien qu’il existe une participation personnelle dans la Foi, mais là encore, il faut davantage préciser en quoi elle consiste, pour savoir si cela peut s’accorder avec la notion catholique de coopération à la grâce. Existe-t-il des implications à cela ? Essentiellement deux : la notion de mérite d’abord. La vie éternelle est un don immérité, comme le soulignent les luthériens ; elle est aussi une récompense des mérites que le Baptisé peut acquérir par ses bonnes œuvres. Ceci reste un point d’achoppement, même si l’Eglise souligne que Dieu accorde aux Baptisés de mériter par pure grâce. L’appartement rénové peut encore être embelli, agrandi, parce que Dieu veut que nous participions à l’anoblissement de son œuvre, en coopérant librement à Sa grâce. Il faudra approfondir le sacrement du pardon : la grâce peut être perdue, mais aussi retrouvée par un nouveau don de grâce dans le sacrement du pardon. L’appartement rénové a été saccagé, il n’est plus habitable, mais l’absolution sacramentelle le rénove.

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