Syrie : « un carême en larmes »
Extraits d’un message de Mgr Nassar, archevêque maronite de Damas
1) SCENE D'APOCALYPSE: En six ans de guerre la visage de la Syrie est bien transformé.. Un grand chantier de ruines , des immeubles calcinés, des maisons brûlées , des quartiers fantômes, des villages au ras de sol. plus de 12 millions de Syriens (50% de la population) n'ont plus de toit. Ils forment la plus nombreuse masse de réfugiés depuis la deuxième guerre mondiale.. Plusieurs millions ont quitté le pays en quête d'un ciel plus clément. Beaucoup attendent l'aumône dans des camps de misère… 2) FAMILLE BRISEE: Il est presque rare de trouver une famille entière. La violence a dispersé cette cellule de base. Certains sont dans les tombes, d'autres en exil, en prison ou sur le front... Des fiancés séparés par l’exode, l’émigration du partenaire et la mobilisation militaire ne peuvent plus se marier. La crise d’habitat fait le reste. Un atout d'avenir vient de s’écrouler. Comment poursuivre le Chemin sans Famille ou avec une Famille boiteuse ? 3) ENFANCE SACRIFIEE: Les enfants sont les plus fragiles.. Ils ont payé assez cher cette violence sans merci.. Selon l'Unesco plus de trois millions d'enfants syriens ne sont pas scolarisés… priorité à la survie physique. Et ceux qui sont scolarisés ont vu baisser le niveau d'enseignement à cause de l'encombrement du nombre d'élèves dans les écoles disponibles et à cause de l'exode du corps enseignant. L'échec scolaire s'impose en maître... Comment restaurer les esprits de ces enfants abîmés par la violence et les scènes de barbarie ? 4) PAROISSES MENACEES: Les paroisses qui ont vu baisser le nombre des fidèles et les activités pastorales bien réduites, ont privé les prêtres de milieux porteurs et de soutien humain et spirituel. L’Eglise de Damas a vu partir le tiers de son clergé (27 prêtres) un coup dur qui affaiblit la place et le rôle de la minorité Chrétienne en déclin… Peut-on imaginer une Eglise sans Prêtres ? Ce petit peuple Syrien vit ce déchirement avec beaucoup d’amertume lisible dans un regard silencieux et des ruisseaux de larmes. Le Carême 2017 si amer, nous offre un temps de désert pour revoir notre engagement d’Eglise au milieu de nos fidèles en détresse afin de mieux baliser la marche vers la Christ Ressuscité Lumière du monde et Sauveur des hommes lui qui dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau.»