Sainte Jacinthe de Fatima (1910-1920)
Avec son frère François, dont nous parlerons le mois prochain, elle a été canonisée le 13 mai dernier par le pape à Fatima… Qu’a-t-elle donc à nous dire ? Jamais encore dans l’histoire de l’Église, des enfants non martyrs et âgés d’une dizaine d’années seulement n’avaient été canonisés ! En se laissant guider avec générosité par la Vierge Marie, la petite Jacinthe nous montre qu’il faut plus de courage que de temps pour parvenir à la sainteté… Car elle est loin d’être née sainte ! Des trois petits voyants de Fatima, elle est celle dont les défauts étaient les plus visibles. Sa cousine Lucie nous dit même qu’avant les apparitions, Jacinthe lui était parfois antipathique à cause de sa susceptibilité et de ses fréquentes bouderies ! Mais déjà, lorsque Lucie lui racontait la Passion de Jésus, elle s’exclamait : « Pauvre Notre-Seigneur ! Je ne dois jamais faire aucun péché. Je ne veux pas que Notre-Seigneur souffre davantage. » Les apparitions de l’ange, puis celles de Notre-Dame, de mai à octobre 1917, vont avoir de profondes répercutions sur son âme et sur sa vie d’enfant. Lucie témoigne à son sujet : « Jacinthe prit tant à cœur de faire des sacrifices pour la conversion des pécheurs qu’elle ne laissait passer aucune occasion. Elle semblait infatigable dans la pratique du sacrifice. » Cela va réellement jusqu’à l’héroïsme, comme cette spontanéité avec laquelle elle offre, à l’invitation de Lucie, sa peine de mourir plongée dans l’huile bouillante – comme le lui fait croire le préfet – sans revoir ses parents ! « Ô mon Jésus, c’est pour votre amour, pour la conversion des pécheurs, pour le Saint Père (intention qu’elle avait spontanément rajoutée à la formule que leur avait enseignée Notre-Dame) et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. » Elle confie aussi à Lucie combien elle aime « penser » à Notre-Dame et à son message. Elle acquiert par ses méditations répétées une maturité humaine et spirituelle extraordinaire. « Si les hommes savaient ce qu’est l’éternité, ils feraient tout pour changer de vie », dit-elle. Son cœur est continuellement tourné vers Dieu : « J’aime tellement Notre-Seigneur et Notre-Dame que jamais je ne me fatigue de leur dire que je les aime. » En 1920, elle est déjà mûre pour le Ciel. Dix mois après François, elle meurt d’une épidémie de grippe espagnole le 20 février 1920 à l’hôpital à Lisbonne, acceptant héroïquement le dernier sacrifice que lui avait demandé la Sainte Vierge et qui l’effrayait au plus haut point : mourir toute seule, à l’hôpital, loin de sa famille. Dans son dernier entretien avec Lucie, elle lui dit : « Toi, tu resteras ici pour dire que Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie... Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie. Ah ! Si je pouvais mettre dans le cœur de tout le monde le feu que j'ai là dans la poitrine, qui me brûle, et me fait tant aimer le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie ! »