In Altum

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Qu’est-ce que la Tradition ?

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 90)

Quatre témoins nous parlent : St Vincent de Lérins, Bx John Henry Newman, St Jean-Paul II, Benoît XVI. Ce mois-ci : Bx John Henry Newman

Vous dites que Newman est un grand témoin de la Tradition. Mais qui est Newman et que dit-il sur la Tradition ? Newman est un ecclésiastique britannique anglican du XIXe siècle, qui est passé au catholicisme précisément grâce à ses études sur le Dogme et son développement. Ses réflexions sur le développement du Dogme aident à comprendre ce qu’est la Tradition.  Le développement du Dogme, expression de la Tradition vivante Que représentait le Dogme pour Newman ? À l’âge de quinze ans, Newman a compris fortement ce qu’était le Dogme : Dieu a parlé, Dieu s’est révélé. La seule attitude juste est alors d’adhérer avec une foi ferme. D’autre part, Dieu est éternel, Il ne change pas. Donc le Dogme ne peut changer. Sa compréhension du Dogme qui ne change pas a poussé Newman à s’opposer avec force tant au protestantisme qu’au catholicisme. Pourquoi cela ? De façon générale, le protestantisme rejette le Dogme, et laisse à chacun la liberté d’interpréter l’Écriture. Pour Newman, c’était inacceptable. Quant au catholicisme, il reconnaît bien sûr l’importance du Dogme, mais Newman lui reprochait d’avoir ajouté de nouveaux dogmes et donc d’avoir transformé la Révélation divine. Newman était convaincu que l’anglicanisme était la Via media, c’est-à-dire la seule confession chrétienne à garder le Dogme sans rien ajouter ni enlever. Et il a voulu le prouver en étudiant l’histoire des premiers siècles de l’Église. L’étude de l’histoire de l’Église a conduit Newman à une constatation qu’il n’attendait pas : le Dogme avait connu un développement. Qu’est-ce que cela avait comme conséquence ? Newman a été très surpris de découvrir que, dès l’origine, l’Église avait énoncé des dogmes qui n’étaient pas exprimés tels quels dans l’Écriture : en vain cherchera-t-on dans la Bible l’affirmation que « le Christ est consubstantiel au Père » ou que « Marie est Mère de Dieu ». Or Newman anglican sait que ces dogmes sont essentiels à la foi. Mais s’il en était ainsi, pourquoi ne pas accepter les dogmes formulés plus tard par l’Église catholique et que l’anglicanisme refusait ? Pour se décider à devenir catholique, Newman devait cependant résoudre une dernière difficulté : il devait montrer que les nouveaux dogmes étaient bien un développement et non une corruption. Comment Newman distingue-t-il un développement authentique du Dogme d’une corruption ? Newman approfondit sérieusement la question et donne sept critères. On peut résumer sa pensée en disant qu’un vrai développement, d’une part, doit s’harmoniser avec le passé et s’y trouver comme en germe, d’autre part, peut ouvrir la voie à des développements ultérieurs. Illustrons par un exemple : Le dogme de Marie, Mère de Dieu (proclamé au Concile d’Éphèse en 431) : d’une part, il s’harmonise avec le dogme de Jésus, Fils de Dieu, « consubstantiel » au Père (Concile de Nicée, 325) et y est même pré-contenu ; d’autre part, il ouvre la voie au dogme de l’Immaculée Conception (proclamé par Pie IX en 1854). En conclusion : le développement du Dogme illustre ce que doit être la vraie Tradition : conservation de l’acquis du passé et développement harmonieux.

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