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Histoire d’une abbaye de Lorraine

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 95)

Un monastère aujourd’hui inconnu se rappelle à notre souvenir par l’influence importance qu’il eut sur la vie monastique de France : l’abbaye saint Hydulphe de Moyenmoutier. En 670, saint Hydulphe, proche conseiller de l’évêque de Trèves, désireux d’une vie érémitique, se retira dans les forêts vosgiennes, propices au calme et à la méditation. Mais après seulement un an, sa renommée attirait déjà une foule de disciples. Aussi saint Hydulphe décida-t-il de construire là un monastère, qui devint l'abbaye de Moyenmoutier (le « monastère du milieu », qui a donné son nom aux habitants : les Médianimonastériens), dont Hydulphe fut le premier abbé, jusqu’en 707. Il choisit la Règle de saint Benoît comme règle de vie de la nouvelle communauté. Sous les Carolingiens, le monastère fut florissant mais, en 896, le roi de Lotharingie chassa les religieux et les remplaça par des chanoines séculiers. En 955, l'abbé Adalbert fut chargé de réformer l'abbaye dans la stricte règle de Saint Benoît, donnant lieu à un nouveau chassé-croisé entre chanoines et moines. Adalbert entreprit de reconstruire une nouvelle abbaye vers 960 sur des terres plus vastes ; il fit exhumer le corps de saint Hydulphe, présida à sa canonisation vers 965 et déposa ses ossements dans une châsse en bois précieusement décorée ; il créa la première bibliothèque de l'abbaye où furent rassemblés principalement les ouvrages nécessaires à l'étude des textes sacrés. C’est à Moyenmoutier que fut fondée, vers l’an mille, la première école de grammaire d’Europe pour les moines, accroissant encore la renommée du monastère. À cette même époque, un de ses moines, Humbert, se rendit célèbre, puisque c’est lui qui, en tant que légat du pape saint Léon IX, remit au patriarche de Constantinople la bulle d’excommunication qui consommait le schisme de 1054. Après une fin de Moyen-âge spirituellement et matériellement prospère, l’abbaye tomba en désuétude et en ruines au XVIe siècle, à cause d’abbés plus soucieux de leurs commendes que de bénéfices spirituels. Il fallut, pour redorer le blason de l’abbaye, toute la détermination d’Éric de Lorraine, qui rétablit les moines dans une vie régulière. À partir de Moyenmoutier et de Saint-Vanne de Verdun, il fonda une nouvelle congrégation bénédictine (de Saint-Maur), qui participa au regain de ferveur que connut la France au début du XVIIe siècle. À la fin du siècle, l’abbaye étant riche d’une académie des sciences (où est rédigé le premier Traité du cancer), d’une bibliothèque comptant onze mille volumes, et de trois cents moines, une nouvelle abbaye – « le plus bel édifice baroque de Lorraine » – voit le jour en 1776. Mais les religieux n’eurent que peu de temps pour profiter de ce nouveau monastère, puisque la Révolution en marche les en expulse en 1791. L’histoire de l’abbaye prend fin puisque, devenu « bien national », elle devient la première filature mécanique de coton installée dans le département…

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