Regards sur l'actualité
Emmanuel Macron aux Bernardins
Le discours d’Emmanuel Macron, le 9 avril au Collège des Bernardins, a laissé derrière lui une impression mitigée : il a su adapter son discours à son auditoire ; en même temps, celui-ci, quoique abondamment courtisé, est resté sur sa faim. En effet, le Président conçoit la laïcité comme le respect « [absolu] et sans compromis de toutes les lois de la République » et la voix de l’Église n’a pas, selon lui, vocation à être « injonctive » mais « questionnante ». Nicolas Sevillia, secrétaire général de la Fondation Lejeune, interprète : « Ne me donnez pas de leçons, dans tous les cas, au final, c’est moi qui décide. » Dont acte. Cependant, si l’on considère celles par lesquelles Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France, a interpellé M. Macron, les questions que l’Église ‘a le droit de poser’ (merci, M. le Président !) sont destinées à rester sans réponse. Ainsi les questions bioéthiques : « Dans l’encyclique L’amour dans la vérité, le pape Benoît XVI [affirmait] : ”Un domaine primordial et crucial de l’affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité morale de l’homme est aujourd’hui celui de la bioéthique, où se joue de manière radicale la possibilité même d’un développement humain intégral. […] Attirée par l’agir technique pur, la raison sans la foi est destinée à se perdre dans l’illusion de sa toute-puissance.” […] Faut-il aujourd’hui permettre que la loi prive des enfants de père ? […] Peut-on qualifier de « dernier soin » l’acte de donner la mort ? » Réponse : « Oui, la France a été fortifiée par l’engagement des catholiques. » Citer des auteurs chrétiens et magnifier l’action de l’Église dans l’Histoire de France suffira-t-il à empêcher l’Église de France d’être de nouveau « en sortie » (sic) pour défendre la vérité ? Réponse : « Nous nous sommes exprimés déjà sur tous ces sujets et le ferons encore, conscients de notre responsabilité dans la vigilance pour la sauvegarde des droits de l’enfant, pour la défense des plus faibles, de l’embryon au nouveau-né, de la personne ayant un handicap au paralysé, du vieillard à celui qui est dépendant en toutes choses. » (Mgr Pontier) Qu’on se le tienne pour dit.
Marie, Mère de l’Église
Ce lundi de Pentecôte, nous célébrerons la mémoire de Marie, Mère de l’Église, inscrite le 11 février dernier au calendrier universel par le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin. Proclamé par le Bx Paul VI le 21 novembre 1964, ce titre s’enracine dans la Tradition de l’Église : « [St Augustin] dit que Marie est la Mère des membres du Christ, parce qu’elle a coopéré par sa charité à la renaissance des fidèles dans l’Église ; [St Léon le Grand], quand il dit que la naissance de la Tête est aussi la naissance du Corps, indique que Marie est en même temps Mère du Christ Fils de Dieu et Mère des membres de son Corps mystique, c’est-à-dire de l’Église. » (cf. Décret de promulgation) Témoignage de l’union intime de la Ste Vierge à l’œuvre du Rédempteur et de sa présence au pied de la Croix, et au Cénacle au milieu des Apôtres, cette fête est aussi une invitation à l’accueillir filialement dans notre vie et doit « favoriser […] la croissance du sens maternel de l’Église et de la vraie piété mariale » (cf. ibid)
Cabale germanique
Le 22 février, le cardinal Marx, archevêque de Munich (photo), annonçait l’adoption par la Conférence des évêques allemands, à la majorité des deux tiers, d’un texte ouvrant la communion aux conjoints protestants des catholiques. Sept évêques, parmi lesquels le cardinal-archevêque de Cologne, ont réagi en écrivant à la Congrégation pour la doctrine de la foi pour lui demander de « faire la lumière sur » un texte qui, en plus d’outrepasser les droits de ladite conférence, mettrait en péril « la foi catholique et l’unité de l’Église ». En effet, outre le fait que la majorité ne saurait ici constituer la norme, le canon 844 invoqué pour légiférer en ce domaine le permet certes, mais seulement « en cas de danger de mort ou de grave nécessité ». On est en attente de la réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Brèves
40 days for life : Deo gratias ! La douzième campagne pour la vie a uni cette année dans une même prière cent mille participants en 354 lieux de vingt-cinq pays du monde (la Fille aînée de l’Église brille par son absence). Nous nous réjouissons des 645 bébés sauvés de l’avortement pendant ce Carême (14 643 depuis 2007), des sept prestataires d’avortement ayant renoncé à leur sinistre besogne (177 depuis 2007) et des six avortoirs fermés (96 depuis 2007). 645 sur près de quarante-cinq millions par an dans le monde : le combat ne fait que commencer. Chypre Le Parlement de Chypre, par trente-trois voix contre huit (cinq abstentions), a dépénalisé l’avortement jusqu’à douze semaines (dix-neuf en cas de viol ou d’inceste), alors que, jusqu’à présent l’avortement n’était envisagé qu’en cas de risque physique ou psychologique pour la mère. L’histoire se répétant – comble de l’ignominie –, la loi a été votée le Vendredi Saint. « Ô mon peuple, que t’ai-je fait ?... » Hongrie Pouvant se prévaloir d’un record de participation (70 %), le Premier ministre hongrois Viktor Orban (photo) a été réélu triomphalement pour un troisième mandat, plébiscité par un peuple hongrois qui témoigne par là de sa détermination à défendre son identité contre l’immigration de masse et contre Soros (milliardaire hongrois qui finance l’immoralité). Avec plus de deux tiers des sièges au Parlement, la bête noire de la bien-pensance occidentale a remercié son peuple d’avoir « prié pour lui ». La Hongrie assume, elle, d’être « un pays chrétien d’Europe bien ancré dans sa foi et déterminé à préserver les valeurs traditionnelles, le style de pensée, la mentalité et le mode de vie reçus en héritage de la civilisation chrétienne » (S. Bus, secrétaire d’État). Gaudete et exsultate Le 9 avril, le pape François signait une encyclique sur la sainteté : « Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait pour l’Église. Es-tu père ou mère ? Sois saint en enseignant avec patience à tes enfants à suivre Jésus. As-tu à exercer l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. »