Suite à plusieurs plaintes, les médias font mine de découvrir que l’abbé Pierre avait une vie morale gravement relâchée. Or, beaucoup le savaient depuis longtemps, au moins depuis qu’il s’était lui-même épanché publiquement sur la question dans son livre Mon Dieu... pourquoi ?. Mais on pouvait tout pardonner à un prêtre « social » et hétérodoxe au sujet de l’ordination des femmes, le célibat sacerdotal, l’homosexualité et la contraception.

Le 16 septembre, Mgr de Moulins-Beaufort, tout en reconnaissant que des évêques avaient connaissance de la situation – des mesures avaient d’ailleurs été prises contre l’abbé Pierre dès les années 1950 –, refuse que l’Église soit mise au pilori comme unique responsable du silence qui s’est ensuivi. La « starification » du prêtre est en effet bien moins le fait de ‘l’Église’, que des « médias », qui l’ont encensé comme la « personnalité préférée des Français », des « cercles politiques », qui l’ont décoré, du « monde de la culture et de la littérature » qui n’ont jamais évoqué dans les biographies ou films réalisés « les agressions sexuelles auxquelles se livrait le religieux ».

L’archevêque appelle l’ensemble de la société à réaliser le même travail de purification dont elle se réjouit quand il concerne l’Église. Mais il va aussi plus au fond du problème quand il affirme :

« C’est toute la société qui doit s’interroger sur ce qu’elle montre de la sexualité aux jeunes générations, sur ce qu’elle prépare et comment elle les prépare à vivre des relations qui les rendent toujours mieux humains. »

On ne peut pleurer les effets dont on chérit les causes, à savoir la libéralisation sexuelle et la promotion de l’immoralité.

 Crédit photos : © Studio Harcourt Paris, CC BY 3.0, Wikimedia Commons