Nous commémorons aujourd’hui la Présentation du Christ au Temple, selon les prescriptions de la loi mosaïque […] Au même moment, on offrait certains sacrifices pour la mère, afin de la purifier après l’enfantement. C’est pourquoi la fête d'aujourd’hui, qui commémore la Présentation du Christ au Temple, est ordinairement appelée Purification de la Vierge Marie.

Notre Sauveur est né sans péché. Sa mère, la bienheureuse Vierge Marie, n’était pas tenue à une offrande, puisqu’elle n’avait pas besoin de purification. Bien au contraire, la naissance du Fils de Dieu a sanctifié toutes les femmes, et changé la malédiction qui pesait sur elles en bénédiction. Néanmoins, comme le Christ lui-même voulait « accomplir toute justice », et obéir à toutes les clauses de l'alliance selon laquelle il était né, Marie sa mère s’est soumise à la Loi pour montrer son respect. […]

Malachie avait annoncé la visite du Seigneur dans son temple en ces termes : « Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez ! » [...] Si nous considérons la grandeur de la prédiction et la discrétion de son accomplissement, nous sommes amenés à nous interroger sur les voies de Dieu et à en tirer pour nous-mêmes d’utiles leçons. [...]  Ce jour, vous dis-je, nous rappelle que la providence divine procède sans tapage ; qu'elle accomplit sans éclat, tout naturellement, de grands événements prévus depuis toujours ; et qu'enfin ses manifestations sont soudaines et silencieuses.

Considérez l’occasion qui nous occupe. Un petit enfant est amené au Temple, comme tous les premiers-nés. Rien ici d’inhabituel ni de surprenant. [...] Dans le Temple ils trouvent un vieillard qui prend l'enfant dans ses bras, remercie Dieu et bénit les parents. Puis ils trouvent une femme très âgée, une veuve de quatre-vingt-quatre ans, trop vieille pour être utile, juste bonne en apparence à servir de proie à la mort. Elle aussi remercie Dieu, et parle de l'enfant à d’autres personnes qui sont là. Puis tous s’en vont. Bien évidemment, il n'y a là rien de grandiose ni de marquant, rien qui puisse émouvoir le cœur ni stimuler l'imagination. On sait l'opinion du monde sur un groupe de gens comme celui-là : ces êtres faibles et désarmés, vieillards ou petits enfants, on les regarde d'un œil négligent et on les laisse de côté. Pourtant, tout ce qui s’est passé était en réalité l’accomplissement solennel d’une ancienne et sérieuse prophétie. Le petit enfant, c’est le sauveur du monde, l'héritier légitime du Royaume, venu comme un inconnu visiter sa propre demeure. [...]

Dans les événements d’aujourd’hui trouvons matière à nous réconforter si nous désespérons de l’Église. Il se peut que nous ne percevions pas les signes de Dieu [...] les ténèbres s’abattent sur la terre, et nulle voix ne s'élève pour protester. Pourtant, même si nous avons atteint le pire, lorsque le Christ a été présenté au Temple, son temps ne l’a pas mieux compris que le nôtre, maintenant, ne saisit sa providence. Au contraire : pire est notre état et plus proche est la venue de notre libérateur. Bien qu’il agisse en silence, n'en doutez pas, son armée est en marche vers nous. Il traverse les cieux, il campe d'ores et déjà au bord de notre monde. [...] Est-il concevable qu'il n’entende pas ses élus, alors qu’ils crient vers lui jour et nuit ? [...]

Puisse le Seigneur sauver son Église à l'heure du danger, maintenant que Satan essaie de saper et de corrompre ce qu'il ne peut ouvertement prendre d'assaut ! Puisse le Seigneur susciter des instruments de sa grâce qui ne soient pas dans « l'ignorance des méthodes » du Malin, qui aient des yeux pour voir, le cœur ferme, et des bras vigoureux pour défendre le trésor de la foi légué aux saints, réveiller leurs frères et leur donner l'alarme ! « Pour Sion, je ne me tairai point ; je ne me lasserai point au sujet de Jérusalem, jusqu'à ce que sa justice jaillisse comme l'aurore et que son salut flamboie comme une torche. »