« Ça tourne ! »
Petite histoire de la photo et de la vidéo
Il y a tout juste vingt ans, la plateforme web YouTube voyait le jour en Amérique, avec sa toute première vidéo, mise en ligne le 14 février 2005. Le futur géant de la vidéo n'a pas attendu longtemps avant d’être racheté par Google en 2006, pour la modique somme de 1,65 milliard de dollars. Depuis, le numéro un de l’hébergement de vidéo a connu une extension monumentale.
Tout commença en 1827. Nicéphore Niépce, un français, parvint à obtenir la toute première photographie de l’histoire : une vue de son jardin (ci-contre).
Il employa pour cela une plaque d'étain polie recouverte de bitume de Judée. Pour parvenir à ce résultat, il dut laisser la plaque exposée plusieurs jours car, pour obtenir une photographie, il faut un support sensible à la lumière et réagissant à celle-ci pendant une durée plus ou moins longue. En 1835, Niépce aida Louis Daguerre à mettre au point le premier appareil photo de l’histoire, le daguerréotype, qui fixait l’image de l’objectif sur une plaque de cuivre enduite d’une émulsion d’argent et développée aux vapeurs d’iode. Par temps clair, il fallait tout de même garder la pose pendant quinze minutes…
Un pas décisif est franchi en 1888 avec l’invention de la pellicule par John Carbutt, ce petit objet de rien du tout qui permet l’élaboration du premier appareil photo portable en 1889 par George Eastman (fondateur de Kodak).
L’histoire de la vidéo débute aussi en 1888. C’est à Louis Le Prince que l’on attribue la création de la première vidéo de l’histoire, connue sous le nom de « Roundhay Garden Scene » et qui dure… deux secondes ! Elle est encore disponible de nos jours sur internet et vaut le détour pour les habitués de la vidéo en ligne. L’invention de Carbutt permet la fabrication des premières caméras vidéo avec le kinétographe de Thomas Edison dans les années 1890, et le cinématographe de Louis Lumière en 1895. Le principe de fonctionnement résidait dans la rotation d’une bobine de pellicule capturant plusieurs images à la seconde, nécessitant un entraînement mécanique (une manivelle, d’où l’expression encore en usage : ça tourne !) Le premier film à effets spéciaux est créé en 1902 (Voyage dans la lune, de Georges Meliès), le premier film parlant et sonore, The jazz singer sort en 1927.
Aujourd’hui, nous baignons dans l’ère de la vidéo, si bien que tout cela nous paraît lointain et bien ridicule. Mais cette ère apporte avec elle son lot de problèmes. Parmi eux, le « popcorn brain » (cerveau pop-corn), la tendance très développée chez les jeunes de ne plus pouvoir se fixer sur une seule chose, tendance engendrée, ou du moins favorisée, par la surconsommation de vidéos, de plus en plus courtes, sur les réseaux sociaux. D’aucuns affirment même que nous serions passés d’une capacité d’attention de 2 minutes 30 à 47 secondes entre 2004 et 2024. Le progrès technique doit s’accompagner d’un progrès moral : la vidéo, d’accord, mais modérément. Ce n’est pas un hasard si l’on est toujours déçu de l’adaptation cinématographique d’un bon roman...
Crédits photos : © Deveycx, CC BY-SA 3.0, Wikimédia Commons ; © Victorgrigas, CC BY-SA 4.0, Wikimédia Commons