On a découvert des gargouilles au fond de l’océan !
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Méthode de lecture :
1. Au préalable, faites 11 kilomètres à pied.
2. Une fois revenu, prenez quelque chose de chaud.
3. Ensuite, imaginez-vous que vous avez parcouru cette distance, mais en nageant vers le fond de l’océan. Vous venez de parcourir la distance qui nous fait toucher au point le plus profond du globe.
Abysses, c’est le nom qui désigne les fonds marins où la lumière ne pénètre plus, c'est-à-dire à partir de mille mètres. Là, le noir total, une raréfaction notoire de l’oxygène, l’absence de plantes, les températures basses se dressent contre la vie. Il faut ajouter à cela une donnée de poids : il y règne une pression d’environ mille bars, soit l’équivalent d’une tonne à porter sur un doigt ! Bref : tout pour que l’aventure de la vie s’arrête ici, découragée. Et pourtant… et pourtant, il semble bien que la vie ait une ambition : celle de conquérir tous les espaces et de défier les abîmes. Et c’est extrêmement le cas ici.
Les habitants des grands fonds ont au moins un point commun : ils sont fantastiquement moches ! Au dessus de 1000 mètres, où quelques particules de lumière pénètrent encore, vous rencontrerez des créatures aux yeux globuleux, style gargouille du XIIIème siècle. Au dessous, l’esthétisme a été carrément oublié ! Pourtant, là où il n’y a pas de lumière, des fantômes marins vont tout simplement en produire (80% de ces créatures sont bioluminescentes, comme ci-dessous).
À présent, voyons si, à l’instar des gargouilles médiévales, ces petits monstres ont des leçons humaines et spirituelles à nous prodiguer…
Ici, et curieusement, personne n’a la pression. Le poids du monde me pèse ? Je m’assouplis par réaction chimique et ne me brise pas.
J’aurais du mal à respirer dans un environnement hostile ? Je fais comme le cachalot : je stocke de l’oxygène dans mes muscles et dans mon sang et j'aplatis mes poumons qui risqueraient tout simplement d’éclater !
Pas de lumière ? Première solution : je me cache à l’eau (et fonctionne au sonar), comme le cétacé avec des yeux de (quand-même !) 30 cm de diamètre, taille d’un ballon de basket, pour y voir à 120 m de distance dans le noir complet. Seconde solution : J’en fabrique par cocktail de réactions chimique.
Un conseil à présent : ne plongez pas trop au fond, car je doute que vous appréciez de découvrir de près le requin lutin, dont la mâchoire se déboîte démesurément à une vitesse de 3m / seconde. De même pour le requin grande gueule, capable de vous avaler tout rond avec son entonnoir d’un mètre de diamètre. Hé oui, tout le monde n’est pas en mode survie dans les abysses !
Plutôt que d’avaler tout ce qui bouge, une crevette, vivant à plus de 4000 m de fond ne se prend pas la tête, mais l’offre comme auberge pour bactéries. La miss profite des éléments organiques produits par les bactéries. Elle-même, vivant à proximité de cheminées sulfureuses, fournit les composés chimiques dont ses hôtes ont besoin pour vivre et synthétiser de la matière assimilable. Si, si ! La crevette qui ne mange jamais, ça existe, tout au fond !
Allez, à +
Jipsou
Crédits photos : ©Dianne Bray / Museum Victoria ; http://www.fishesofaustralia.net.au/home/species/3254, CC BY 3.0 au, Wikimédia Commons ; CC BY NC ND - https://abyssalworld.weebly.com