Méditons sur l'identité profonde du Sauveur...
Homélie de la messe de Noël
Mercredi 25 décembre 2019
Avec le regard perçant de St Jean
Après avoir contemplé, grâce à l’évangile de Saint Luc au cours des messes de la nuit et de l’aurore, la réalisation concrète des prophéties de l’Ancien Testament concernant la venue du Sauveur, Saint Jean, avec son perçant regard spirituel, nous dévoile l’identité profonde de ce Sauveur. Saint Augustin nous dit : « l’acuité de son intelligence spirituelle a fait comparer l’apôtre saint Jean à un aigle. Parmi les quatre évangiles, ou plutôt parmi les quatre livres de l’unique évangile, son enseignement atteint une élévation qui dépasse les autres : et montant si haut, c’est aussi nos cœurs qu’il veut faire monter. Les trois autres évangélistes marchent pour ainsi dire sur terre avec le Seigneur fait homme, et parlent peu de sa divinité ; mais lui, comme s’il dédaignait de toucher terre, éclate dès les premiers mots comme un coup de tonnerre, non seulement plus haut que la terre, mais plus haut même que toute l’armée des anges, pour parvenir à "Celui par qui tout a été fait" ».
En débutant son évangile avec les mots même de la Genèse : « au commencement » ou mieux « au principe », l’évangéliste place immédiatement l’origine du Fils dans l’éternité, il en fait ainsi, comme il l’écrira explicitement tout de suite après, l’égal de Dieu. Car, nous dit Saint Clément d’Alexandrie : « avant le principe, il n’y a rien. Il n’existe pas de commencement du principe. Si donc le Fils était au principe, on doit conclure qu’il n’a pas commencé d’exister dans le temps, mais qu’il est de toute éternité avec le Père ».
Le Verbe est donc éternel, égal au Père et Créateur avec Lui, car « sans Lui rien n’a été fait », ce Verbe qui est Dieu le Fils, c’est bien Lui en Personne qui s’est incarné pour venir habiter parmi les hommes.
Contempler le réalisme de l'Incarnation
Saint François d’Assise a été inspiré de représenter la crèche de Bethléem, ces crèches que nous faisons chaque année dans nos églises ou nos maisons sont une aide précieuse pour contempler le réalisme de l’Incarnation, de la naissance dans le temps de Celui qui est éternel. Lorsque nous méditons en profondeur sur l’identité de celui qui vient à nous aujourd’hui sous les apparences d’un petit enfant, nous comprenons deux choses : tout d’abord la philanthropie divine, c’est-à-dire combien Dieu aime les hommes, puisque l’un de la Trinité n’a pas hésité à quitter son trône céleste pour endurer en Personne les vicissitudes d’une vie terrestre et se vouer jusqu’à la mort à l’oeuvre du salut du genre humain !
Ensuite nous réalisons combien nous devons être reconnaissants envers notre Créateur et Sauveur pour la vie éternelle et bienheureuse, au-delà de toute description, qu’Il est venu nous offrir ! Il y a plus encore : le Dieu éternel et tout-puissant, que l’univers ne peut contenir, non seulement se fait homme pour faire refleurir en nous l’humanité véritable qui est la sainteté, mais il s’abaisse encore davantage jusqu’à se faire nourriture eucharistique afin de nous communiquer sa propre force en vue de notre divinisation !
Adoration et reconnaissance
Adoration et reconnaissance sont bien les deux sentiments qui doivent nous animer en ce saint jour de Noël, ces deux sentiments doivent aussi nous aider à concevoir une confiance sans borne envers le Père Éternel qui, en nous donnant son Fils Unique, nous a tout donné.
Puissent la joie et la paix de Noël s’enraciner si profondément en nos âmes que rien désormais ne nous fasse douter de l’amour de notre Dieu, réellement devenu homme et visiblement manifesté à la crèche ! Puissions-nous imiter tant soit peu la générosité de notre Seigneur Jésus-Christ pour le salut des âmes !
En ce jour de joie, nous ne pouvons pas oublier ceux pour qui la croix se fait bien pesante, en premier lieu nos frères Chrétiens du Moyen-Orient dont certains seront privés de liturgie et ne pourront pas se réunir pour fêter la naissance du Sauveur. Nous pensons aux grands malades et à leurs familles, que la paix apportée par l’Enfant Jésus et notre amitié spirituelle soutienne leur courage et leur foi !
La joie chrétienne de Noël est bien loin de la conception mondaine de la fête, elle est en réalité bien plus riche et porteuse d’espérance puis qu’intimement liée à notre ardent désir d’un bonheur éternel qui n’est pas de cette terre. Vivons ce saint jour dans l’adoration, la reconnaissance et la joie spirituelle.
Amen