Vers où lever notre regard ?

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Homélie pour le 1er Dimanche de l'Avent

Dimanche 1er décembre 2019

 

Nous entrons dans ce temps de l’Avent, qui est un temps d’attente et un temps de joie. L’attente et la joie peuvent-elles aller ensemble ? Oui, s’il y a pour les conjuguer la patience ! Et comme le Père le rappelait souvent, dans « patience », il y a « pâtir ».

L’attente chrétienne a un sens bien précis. Elle est une attente active. Comment vivre cette attente active ? Il est très significatif et très touchant que la première phrase que nous entendons dans la Messe de ce premier dimanche de l’Avent est cette antienne d’ouverture : « Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme. » Voilà la première activité de cet Avent : élever nos âmes vers Dieu. C’est la première condition de l’attente. Mère Marie-Augusta parlait avec raison de l’ « activité intérieure intense ». La recherche de l’union à Dieu est bien une activité ; elle est même la première activité du chrétien. Une activité qui demande de se donner de la peine : « Venez, montons ! Montons à la montagne du Seigneur… » Donc l’attente est une activité et une manière de vivre ; un synonyme qui revient souvent dans la bouche de Jésus est : « Veillez. » Jésus nous demande d’être prêts. Toujours prêts, selon la belle devise scoute. Nous attendons le lever du jour car, nous dit saint Paul, « la nuit est bientôt finie ». La nuit est bientôt finie, donc l’obscurité touche à sa fin, et la lumière est proche. Pourtant, ce moment où le jour succède à la nuit est un moment de combat, entre la lumière et les ténèbres, qui devront de toute façon laisser place à la lumière du jour. Alors Saint Paul nous invite à nous revêtir des armes de la lumière. Dans la lettre aux Éphésiens, Saint Paul nous précise en quoi consiste ce revêtement, cette armure pour le combat : « Ayez la vérité pour ceinture, la justice pour cuirasse, et pour chaussures le zèle à propager l’Évangile de la paix ; ayez toujours en main le bouclier de la foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais ; enfin recevez le casque du salut et le glaive de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu » (Eph 6, 14-17).

Mais qu’attendons-nous ? Jésus nous parle du but de cette attente dans l’évangile de ce dimanche : la venue du Fils de l’homme. C’est le retour du Seigneur que nous attendons. Et pour le préparer, nous allons revivre une nouvelle fois, en la fête de Noël, son premier avènement. Serons-nous sur la terre au moment du retour de Jésus dans la gloire ? C’est peu probable. Mais nous vivrons le retour du Seigneur dans la vie de chacun de nous, et nous ne savons pas quand. Saint Augustin a cette si belle phrase : « Il viendra, que nous le voulions ou non. Ce n'est pas parce qu'il ne vient pas maintenant qu'il ne viendra pas. Il viendra, et tu ne sais pas quand. Et s'il te trouve prêt, cela n'a pas d'inconvénient pour toi que tu ne le saches pas. » (Office des lectures, 3ème dimanche de l’Avent). Évidemment, cette attente est sérieuse. Car il s’agit du salut : « l’un sera pris, l’autre laissé. » Mais ceux qui aiment Jésus et lui sont fidèles dans cette attente lèveront la tête. Au milieu de nombreux signes d’angoisse, les disciples de Jésus doivent vivre dans la sérénité. Cette sérénité vient de la certitude de la fidélité et de la foi. Elle est un fruit qui naît de notre proximité avec Jésus : « Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme… »

C’est vrai, le contexte dans lequel nous vivons est difficile pour annoncer cette Bonne nouvelle. Mais Jésus nous donne en exemple aujourd’hui Noé. À son époque, nous dit Jésus, « on mangeait, on buvait, on se mariait. » Voilà tout ce qui comptait. On peut dire que l’horizon de vie moyen de bien des personnes aujourd’hui n’est pas tellement différent… Dans un de ses livres, Joseph Ratzinger cite un extrait d’une lettre d’Antoine de Saint-Exupéry à un général : « Il n’y a qu’un seul problème dans le monde. Comment peut-on redonner à l’homme un sens spirituel, une inquiétude spirituelle ? (…) Vous savez, on ne peut pas vivre seulement de glacière, de politique, de bilans et de mots croisés. On ne peut plus. » (Cf. Joseph RATZINGER, Dogme et annonce, pages 387-388). L’entrée dans l’Avent est précisément la réponse à ceux qui cherchent où lever leur regard insatisfait de ce qui n’est que matériel : « Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme. »

Mais Jésus ajoute : « … jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ». Alors la réaction des contemporains de Noé fut la dérision. Mais Noé avait confiance dans la parole du Seigneur. Il n’avait pas le regard rivé seulement sur la terre. Il croyait profondément que la vie est plus que celle de la terre. Noé est resté fidèle dans le monde par l’arche invisible de sa foi profonde au milieu d’une génération pervertie, qui ne pensait qu’à une chose : profiter de la vie. Alors est venu le déluge, le jugement de Dieu. Tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme, nous dit Jésus.

Ce temps de l’Avent est un temps marial. C’est la Vierge Marie qui nous précède dans cette attente qu’elle vit d’une manière profondément intérieure. Nous la fêterons le 8, puis le 14 et le 21 à Saint Pierre pour la fête de Notre Dame des Neiges. Demandons-lui, en ce dimanche, de nous aider à vivre la belle oraison de ce premier dimanche de l’Avent : « Accorde-nous, Dieu tout-puissant, d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur, pour qu’ils soient appelés, lors du jugement, à entrer en possession du Royaume des cieux. »

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