Homélie du dimanche de l'Epiphanie 2012.
Nous connaissons, tous, la tradition sur les 3 Rois Mages. Nous les avons mis dans nos crèches en ce dimanche et nous nous réjouissons de voir ces païens venir adorer Jésus avec un cœur d’enfant. Je voudrais, d’abord, souligner l’historicité du fait rapporté par Saint Matthieu.
Il ne s’agit pas d’un mythe, comme beaucoup voudraient le faire croire aujourd’hui. Les rois mages ont bien existé et ils sont vénérés dans leurs beaux sarcophages dans la cathédrale de Cologne.
Jean-Paul II avait choisi cette ville allemande pour les JMJ d’août 2005. Ce Grand Pape est décédé le 2 avril précédent et c’est un Pape allemand qui a présidé les JMJ de Cologne : Benoît XVI. Nous gardons encore dans notre mémoire et dans notre cœur les lumineux enseignements qu’il avait donnés aux jeunes. Il est évident que, pour notre Pape actuel, les Rois mages ont bien existé et sont bien venus adorer Jésus.
Une des preuves historiques est le massacre des Saints Innocents qui a été décidé par le Roi Hérode après la visite des Rois Mages, justement ! Aucun historien ne peut contester ce crime horrible !
Efforçons-nous de mieux comprendre le texte de Saint Matthieu. L’évangéliste nous dit que les mages viennent d’Orient. Ils se sont d’abord rendus à Jérusalem parce qu’ils sont venus adorer le roi des Juifs qui vient de naître. On comprend très bien l’historicité de ce fait : les mages sont venus dans la ville où avait régné David et où devait régner le fils de David. Les mages révèlent le signe qui leur a été donné et qui leur a appris que le roi des Juifs était né : ils ont vu se lever son étoile ! L’historien peut dire : rien ne me prouve qu’une telle étoile s’est levé ! C’est vrai, mais le fait que ces mages soient venus à Jérusalem alors que Jésus était bien né à Bethléem est un indice d’historicité. L’autre indice d’historicité est l’inquiétude du roi Hérode. Pourquoi est-il inquiet ? Tout simplement parce qu’il a peur que ce roi le détrône ! Hérode prend très au sérieux la démarche des mages, il interroge les chefs et les scribes d’Israël pour se faire préciser où devait naître le Messie. La réponse est claire : à Bethléem ! Comment ne pas être émerveillé par la précision des prophéties ? Plusieurs siècles avant la naissance de Jésus, il avait été prédit qu’Il naîtrait à Bethléem ! Hérode, que Jésus qualifiera de «renard», interroge secrètement les mages pour savoir à quelle date l’étoile leur était apparue. Il se souviendra de la réponse des mages au moment où il prendra la décision de faire tuer tous les petits enfants de la région : il donnera l’ordre de faire tuer tous les enfants qui ont moins de deux ans. La ruse du renard sera démasquée par les anges qui inspireront les mages afin qu’ils ne retournent pas voir Hérode. Ce dernier, en effet, ne veut pas adorer Jésus, mais il a déjà pris dans son cœur la décision de Le tuer !
Continuons l’exégèse du texte évangélique et admirons la confiance d’enfant de ces rois mages ! Ils auraient dû se décourager en repartant de Jérusalem : ils pensaient trouver une ville en Fête. Or, rien de tout cela, tous ignorent la naissance de Jésus ! Dieu va venir à leur aide : après leur départ de Jérusalem, ils voient à nouveau l’étoile. Saint Matthieu dit qu’ils en éprouvent une très grande joie ! Saint Luc avait souligné la joie annoncée par l’ange en la Nuit de la nativité. Les bergers, au cœur d’enfant, sont accourus pour adorer dans la joie Jésus. La Sainte Vierge et Saint Joseph ont, eux aussi, éprouvé une très grande joie en accueillant ces humbles que personne n’avait averti ! Quelle joie, en ce jour, pour la Sainte Famille que d’accueillir ces mages venus de l’Orient. Elle les voit entrer humblement dans le lieu où se trouve Jésus et son émotion doit être grande de les voir tomber à genoux et adorer Jésus !
Benoît XVI, à Cologne, a parlé aux jeunes du cheminement extérieur et intérieur des rois mages. Ils sont partis de leur pays en se laissant guider par Dieu. Ils sont arrivés au terme de leur voyage. Leur cheminement extérieur se termine et commence leur cheminement intérieur. Ils découvrent que Dieu est différent, disait Benoît XVI. Oui, il est différent par rapport aux conceptions qu’ils pouvaient avoir. Ils s’imaginaient trouver le Messie dans son palais royal, ils le trouvent couché dans une crèche et ils ne doutent pas ! Qu’elle est grande l’humilité de Dieu ! Qu’elle est puissante la grâce de la Foi qui permet à des païens de croire que ce petit Enfant est le Roi annoncé et à qui ils offrent de l’or pour honorer sa royauté, de l’encens pour honorer sa divinité et de la myrrhe pour annoncer sa mort rédemptrice. Cet événement historique de l’adoration des mages est prophétique : Isaïe a annoncé que les nations marcheront vers la lumière de Jérusalem et que les gens de Saba apporteront l’or et l’encens proclamant les louanges du Seigneur. Jérusalem doit se réjouir ! Partageons en ce dimanche la joie de Jérusalem et ne nous laissons pas troubler par les tristesses et les angoisses que les événements de notre monde peuvent faire naître en nos cœurs.
Saint Paul, dans la deuxième lecture, partage la grâce que Dieu lui a faite : par révélation, Il lui a fait connaître le mystère du Christ. Quel est ce mystère ? Les païens sont associés au même héritage que les membres du Peuple de Dieu ! Vivons cette Fête de l’Epiphanie en rendant grâce à Dieu : nous n’étions pas membres du Peuple de Dieu et nous avons reçu l’adoption d’enfants de Dieu par le baptême. Ce don reçu, nous ne devons pas le garder jalousement et égoïstement pour nous seuls. Nous devons désirer de le partager à ceux qui n’ont pas encore reçu la révélation du mystère de Jésus, vrai Dieu et vrai homme. L’Eglise, en ce dimanche, doit se renouveler dans son désir missionnaire. Elle est par nature missionnaire, disait le Concile Vatican II. N’oublions pas ce que disait Saint Paul : « Malheur à moi si je n’évangélise pas ». Gardons dans nos cœurs cette autre phrase de ce grand apôtre missionnaire que le Père nous rappelait si souvent : « Caritas Christi urget nos ! » Oui, ayons le désir de rendre Dieu présent aux hommes de notre temps. Dieu ne leur donne plus l’étoile qu’Il a donné aux mages, mais Il veut leur donner un autre signe : la Lumière du Christ qui rayonne sur le visage de son Eglise.
Cette lumière rayonnera sur notre visage si nous mettons en pratique les cinq conseils donnés par Benoît XVI et dont nous avons parlé à Noël : soyons heureux d’être ensemble en Eglise, donnons-nous dans l’amour, croyons, demandons humblement pardon et confions-nous à l’Amour qu’est Dieu !