Il nous a précédés dans la gloire, et c'est là que nous vivons en espérance !

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Aujourd’hui Jésus ouvre le Ciel !

Homélie pour la solennité de l'Ascension - Jeudi 21 mai 2020

Vivons-nous vraiment au Ciel en espérance ?

Aujourd’hui Jésus ouvre le Ciel ! C’est la grande joie, la joie immense de ce jour de l’Ascension : la route est à nouveau ouverte entre la terre et le ciel. L’oraison de ce jour est très touchante : « ouvre-nous à la joie et à l'action de grâce, car l'Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c'est là que nous vivons en espérance. » Mais cette oraison est-elle vraie ? La dernière phrase n’est pas une demande, elle est une affirmation : « ... il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c'est là que nous vivons en espérance. » Vivons-nous vraiment au Ciel en espérance ? Dans la lecture des Actes des apôtres, nous voyons qu’au moment de l’Ascension, les disciples semblent confondre encore le Royaume de Dieu – c'est-à-dire le Ciel – avec un royaume terrestre : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Alors Jésus, en leur promettant la force de l’Esprit-Saint, les envoie en mission, pour préparer les hommes au vrai Royaume : le Ciel. Et, comme pour leur montrer la vraie direction, Jésus est alors soustrait à leurs yeux par une nuée – autrement dit il leur indique Dieu comme le tout de leur mission et de leur vie...

Par son Ascension, Jésus nous a-t-il quittés ?

Par son Ascension, Jésus nous a-t-il quittés ? Saint Matthieu nous rapporte comme dernière parole de Jésus : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» Cette formule encadre son évangile, qui commençait par l’Emmanuel : « Dieu avec nous ». Voilà tout ce qui est nécessaire à l’homme : que Dieu soit avec nous. Voilà ce que nous rappelle cette fête de l’Ascension : notre vie doit être tendue vers le Ciel, vers Dieu. Nos églises de la terre ont des clochers et des flèches qui, comme des doigts tendus, nous indiquent le Ciel, nous montrent Dieu, et nous rappellent qu’il est au-dessus de nous. Ainsi, nos églises sont des images de l’Église, dont la seule mission est de montrer Dieu, de montrer le chemin vers le Ciel.

Le danger d'oublier la "verticalité" de notre mission

Or il est aujourd’hui une menace très grave pour l’Église : celle de perdre de vue la verticalité de sa mission. Celle d’oublier Dieu, pour ainsi dire, et de ne plus se consacrer qu’à des activités humaines, humanistes, aussi louables soient-elles. Mais alors elle dévie de sa mission, qui est d’orienter vers le Ciel. « Ce n’est pas d’une Église plus humaine dont nous avons besoin, mais d’une Église plus divine au contraire ; c’est alors seulement qu’elle sera aussi vraiment humaine. » [1]  Benoît XVI, l’année dernière, avait déploré que, dans l’Église on ne parle plus beaucoup de Dieu : « Nous autres chrétiens et prêtres préférons aussi ne pas parler de Dieu, parce que ce discours ne semble pas pratique. » Et il ajoutait : « Par-dessus tout, nous devons apprendre de nouveau à reconnaître Dieu comme fondement de notre vie au lieu de le laisser de côté comme une phrase d'une certaine manière inopérante. » [2]

En quelque sorte, nous avons laissé de côté Dieu Trinité pour adopter comme une autre « trinité de valeurs humaines », qui nous semble sans doute plus en adéquation avec la mentalité de notre temps, plus apte à construire le royaume de cette terre – mais c’est précisément ce que Jésus reproche aux apôtres en ce jour de l’Ascension. Et cette conformation au monde est sans aucun doute un signe de notre manque de foi dans les réalités invisibles, de notre manque de foi en l’action de Dieu. Le cardinal Joseph Ratzinger décrivait ainsi les grandes valeurs de ce royaume terrestre : « La paix, la justice et la conservation de la création. » Il ajoutait : « Cette trinité des valeurs s’est formée aujourd’hui comme ersatz pour la notion perdue de Dieu… » Et il demandait : « Dieu est-il donc devenu superflu ? La trinité des valeurs peut-elle le remplacer ? (…) Ces valeurs ne sauraient remplacer la vérité, elles ne sauraient remplacer Dieu dont elles sont le reflet et sans la lumière duquel leurs contours s’estomperont. » [3]

Ainsi, la mission de l’Église lui est rappelée – et à chacun de nous – en ce jour de l’Ascension : nous devons travailler pour le Royaume de Dieu, pour la Ciel, pour la vie éternelle. Nous devons seulement continuer la mission de Jésus. Or qu’a apporté Jésus, « s’il n’a pas apporté la paix dans le monde, le bien-être pour tous, un monde meilleur ? Qu’a-t-il apporté ? La réponse est très simple : Dieu. Il a apporté Dieu. (…) Jésus a apporté Dieu et avec lui la vérité sur notre origine et notre destinée ; la foi, l’espérance et l’amour. » [4] Il s’agit donc de remplir le monde de Dieu.

Concluons par ce magnifique commentaire de Benoît XVI : « Jésus part en bénissant. En bénissant il s’en va et dans la bénédiction il demeure. Ses mains restent étendues sur ce monde. Les mains du Christ qui bénissent sont comme un toit qui nous protège. Mais elles sont en même temps un geste d'ouverture qui déchire le monde afin que le ciel pénètre en lui et puisse y devenir une présence. » [5]

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Références

[1] Joseph RATZINGER, Église et Théologie, Mame, Paris, 1992, page 217

[2] BENOÎT XVI, Notes sur les abus sexuels, 11 avril 2019

[3] Joseph RATZINGER, Faire route avec Dieu, Parole et Silence, 2003, pages 270-272

[4] Joseph RATZINGER-BENOÎT XVI, Jésus de Nazareth ; 1 - Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration, Flammarion, Paris, 2007, pages 63-64

[5] Joseph RATZINGER-BENOÎT XVI, Jésus de Nazareth ; la figure et le message, Opera omnia, vol. VI, tome 1, Parole et Silence, 2014, pages 598-599

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