Dieu a remis à chacun de nous une somme astronomique

Publié le par

Homélie pour le 24ème Dimache du Temps Ordinaire A

Dimanche 17 septembre 2023

Y aurait-il ceux qui pourraient et ceux qui ne pourraient pas ? Ceux auxquels s’adresse l’Evangile et qui ont droit à ce trésor, et « les autres » ?

Pauvre saint Pierre ! Il reçoit de Jésus une réponse à laquelle il ne s’attendait sûrement pas… Quelle générosité il a pourtant ! Qui d’entre nous proposerait à Jésus – avec sincérité – de pardonner sept fois à la même personne qui a péché contre nous ? Soyons honnêtes, cette disposition nous semble déjà belle et importante. Pourtant, Jésus lui fait comprendre clairement qu’elle est très en-dessous des exigences de l’Évangile, qu’elle est très insuffisante… Est-ce décourageant ? Dans une perspective de foi vivante, ce devrait plutôt être enthousiasmant. Car Dieu donne ce qu’il ordonne – donc il peut ordonner ce qu’il veut. La formule est celle de saint Augustin, dans cette courte et célèbre prière, qui est si belle et que nous devrions faire plus souvent : « Donne ce que tu ordonnes, et ordonne ce que tu veux ! »

Ainsi, Jésus nous donne bien sûr un enseignement sur le pardon. Il veut nous montrer que Dieu a remis à chacun de nous une somme astronomique : en effet, les dix mille talents (ou soixante millions de pièces d’argent) correspondent environ à 165 000 années de salaire ! Aussi, nous devons pardonner à notre tour à ceux qui nous ont offensés. Cette demande – ou plutôt cette exigence absolue – n’est pas théorique, mais elle est on ne peut plus concrète. Qui d’entre nous n’a pas, dans sa famille ou dans des connaissances assez proches, des occasions de pardon ? Quelle famille aujourd’hui ne connaît pas de divisions, qui pourraient être en grande partie surmontées en vivant ces paroles de Jésus, qui exige de nous le pardon ? Demandons-en sincèrement la force. Alors ce pardon ne sera pas impossible. « Donne ce que tu ordonnes, et ordonne ce que tu veux. »

Par sa réponse à saint Pierre, Jésus nous montre que l’Evangile est très exigeant. On entend souvent dire actuellement que ces exigences ne sont pas accessibles à tous. Il existe même une perversion très grave de la théologie morale aujourd’hui : on prétend que l’évangile n’est qu’un idéal que tous ne peuvent pas atteindre. Il en serait ainsi également des exigences morales de l’Église : ces exigences ne pourraient être vécues que par un petit nombre, par une élite, mais pas par tous. On en déduit ainsi que des personnes vivant dans le péché ne pourraient pas faire autrement au point où elles en sont… « Mais, dit-on, peut-être, plus tard… »

D’abord il faut souligner clairement que Jésus ne fait pas de telles distinctions. Il n’existe pas, pour lui, ceux qui sont capables de vivre l’Évangile, et ceux qui n’en sont pas capables. Il existe seulement à ses yeux des hommes et des femmes qui, bien que tous pécheurs, sont tous aimés de Dieu, et sont donc tous appelés à la conversion, et même à la plus haute sainteté. Il n’existe pour Jésus que des frères et des sœurs adoptifs, auxquels il donne sa grâce pour qu’ils puissent répondre à cet appel adressé à tous sans exception : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Si l’on oublie cela, on tombe – même si c’est inconsciemment – dans un double mépris. On méprise Dieu et sa grâce, en croyant que Dieu ne serait pas en mesure de nous donner réellement la force de vivre ce qu’il nous demande – mais croit-on réellement en la grâce de Dieu pour en parler si peu ?... Et on méprise des hommes et des femmes que l’on considère comme incapables de vivre pleinement l’Évangile et la loi nouvelle de la sainteté. On est alors comme les pharisiens, qui méprisaient la foule, et disaient : « Quant à cette foule qui ne sait rien de la loi, ce sont des maudits ! » (Jn 7, 49). Ce faisant on établit des classes entre les hommes : y aurait-il alors ceux qui pourraient et ceux qui ne pourraient pas ? Ceux auxquels s’adresse l’Evangile et qui ont droit à ce trésor, et « les autres » ?

Ainsi, ce que Jésus montre fondamentalement à Pierre, c’est que sa question – « Jusqu’à combien de fois ? Jusqu’où ? » – cette question n’a plus de raison d’être… Il n’y a pas de « jusqu’à tant de fois ». Il y a seulement un infini, car l’amour est infini ; or l’amour est le commandement de Jésus : « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autre » (Jn 15, 17). Soyons francs, la question de Pierre est souvent la nôtre : dois-je aller jusque là ? Jésus nous répond aujourd’hui simplement que cette question n’est pas la bonne. Lui est allé « jusqu’au bout », comme en témoigne saint Jean : Jésus, « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1). Or il nous demande de marcher à sa suite, et d’aimer comme il nous a aimés – jusqu’au bout.

Enfin, n’oublions pas la fin de la parabole, dans laquelle Jésus nous révèle que la manière dont nous répondons, ou non, à ses exigences aura des conséquences dans la vie éternelle : « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. » La miséricorde est belle, parce qu’elle est exigeante. Dieu est exigeant avec nous parce qu’il nous aime, et qu’il nous veut grands, beaux, saints comme lui. Un père ou une mère qui aiment ont de l’ambition pour leurs enfants, et désirent qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Voilà l’exigence amoureuse de Dieu pour nous, révélée par Jésus dans cet évangile. Mais n’oublions pas de demander sa grâce à Celui qui donne ce qu’il ordonne.

La dernière parole de la Vierge Marie dans l’Évangile est très belle. En nous montrant Jésus, elle nous dit : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Elle nous révèle elle aussi, que si l’exigence de l’évangile est infinie, infini aussi est l’amour qui nous y appelle, infinie la grâce qui nous aide à la vivre, et infinie encore est la joie qu’elle nous donne, dès maintenant et dans la vie éternelle.

En vidéo !

Que voulez-vous faire ?
Consulter la consigne spitrituelle
Décembre 2024 : avec Marie, blanc lys de la T
Prier en direct avec les offices
Se former grâce à nos dossiers
S'informer de nos actualités
S'inscrire à nos activités