Qui est Dieu ?
Homélie pour le 3e Dimanche de Carême
Dimanche 20 mars 2022
Qui est Dieu ?
Qui est Dieu ? Telle est la question que nous devons nous poser, car de notre conception de Dieu dépend en grande partie notre façon d’agir et d’être.
La rencontre de Moïse avec Dieu dans l’épisode du buisson ardent nous donne une réponse lumineuse. Elle est un grand moment de la révélation divine. Il dit « Je suis celui qui suis». Dieu « Est » tout simplement. Le Buisson ardent qui ne se consume pas manifeste bien cette réalité de Dieu qui ne change pas. Il ne reçoit ni accroissement ni diminution, Il se suffit à lui-même. Il est Feu et Lumière. En disant à Moïse « Je suis celui qui suis » (Ex 3, 15), Dieu révèle son nom de nature ; mais en ajoutant immédiatement « Tu diras aux fils d’Israël : Celui qui Est m’a envoyé vers vous », Dieu ajoute bien vite à son nom de nature, son nom d’amour. Notre Dieu est plénitude d’être, absolu ; en même temps il est proche de nous, il est amour, il est un Dieu personnel en relation d’amour avec sa créature : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac de Jacob », « J’ai vu la misère de mon peuple ». Cependant la réalité de Dieu qui est amour ne doit nous faire oublier la réalité de Dieu plénitude d’Etre. Nous devons retrouver la crainte de Dieu car la crainte de Dieu est le début de la sagesse et donc le début de la conversion. Nous devons retrouver la notion de transcendance sans quoi nous ne désacralisons pas tout, mais nous sacralisons tout [Cf. Chantal Delsol, La Nef, oct. 2021]. Nous devons retrouver le sens du sacré. « N’approche pas d’ici ! Retire les sandales de tes pieds, car ce lieu est une terre sainte ! ». Devant Dieu plénitude d’être, l’homme doit reconnaitre sa petitesse et son néant. Jésus disait à Sainte Catherine de Sienne : « Je suis celui qui est, tu es celle qui n’est pas. » Le cardinal Sarah écrivait : « Sans une humilité radicale qui s’exprime en geste d’adoration et en rite sacré, il n’y a pas d’amitié avec Dieu ». « La familiarité ne favorise pas l’intimité, au contraire, la juste distance est une condition de la communion. C’est par l’adoration que l’humanité marche vers l’amour. » [Cardinal Robert Sarah, La Force du Silence, Fayard, 2016, p. 183 sq] C’est par l’adoration que nous pouvons nous dépouiller de notre arrogance qui nous fait croire que Dieu est à la disposition de tous nos caprices.
Avec Jésus, le buisson ardent est devenu la Croix. C’est là qu’il se donne à reconnaitre comme « Je Suis » : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je suis » (Jn 8, 28). Benoît XVI écrivait : « La Croix est le vrai sommet. C’est le sommet de l’amour « jusqu’au bout » (Jn 13, 1). Sur la Croix, Jésus est « à la hauteur » de Dieu qui est Amour. Et c’est là qu’on peut le connaitre, qu’on peut comprendre le « Je Suis » [Joseph Ratzinger, Opera Omnia, Jésus de Nazareth, p. 37].
Le buisson ardent c’est aussi l’Eucharistie, c’est pourquoi dans l’histoire en certains monastères les moines s’approchaient de l’Eucharistie en ôtant leurs sandales. L’Eucharistie est ce feu d’amour qui se donne à nous et nous communique la plénitude d’Être de celui qui Est.
Oui, Dieu est grand, c’est pourquoi nous ne pouvons pas entrer dans sa vie et dans son être sans nous convertir. Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus utilise les évènements de la vie pour nous le dire. Il rappelle deux catastrophes qui ont eu un grand retentissement chez les juifs de son temps. Ces personnes n’ont pas subi de tels malheurs parce qu’ils étaient pire que les autres car Dieu ne châtie pas toujours en cette vie. Jésus veut nous dire que nous sommes tous pécheurs, nous avons tous besoin de conversion et si nous ne nous convertissons pas nous méritons un châtiment bien pire que les malheurs terrestres, ce châtiment sera d’être coupé de Dieu, c’est-à-dire la mort éternelle. Pour nous soustraire à cette catastrophe le Christ est venu nous racheter, il nous a ouvert les portes du Ciel. Mais pour cela nous devons nous convertir.
Notre Seigneur Jésus insiste aussi sur la nécessité de faire fructifier les grâces reçues. Il fait ressortir la patience de Dieu qui attend des fruits. Jésus utilise l'image de la vigne et du figuier. Jésus ajoute à la parabole traditionnelle un vigneron qui plaide pour la vigne. « Laisse-la encore cette année, le temps que je bêche. » Le vigneron bien sûr, c'est Lui. La bêche qu'il plante en terre est sa croix. Il ne désire pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse. Cependant, cette clémence de Dieu, ne peut pas justifier une attitude paresseuse et confortable qui rendrait notre vie stérile, Dieu est juste et il châtiera les manques de réponses à sa grâce. « Le Royaume des Cieux, les violents s’en emparent. »
Ne vivons pas à moitié. Confiance, Jésus est notre Rocher, il nous accompagne tout au long de notre traversée du désert.