Jésus, le bien le plus excellent
Homélie pour le Dimanche de Laetare
Dimanche 22 mars 2020
1 - Une souffrance pour la gloire de Jésus !
- Au sujet de l’aveugle de naissance, les apôtres demandent « qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répond : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » Or les œuvres de Dieu consistent en ce que Jésus se manifeste comme la « Lumière du monde », précisément en rendant la vue à cet aveugle !
- On aura quelque chose de similaire dimanche prochain avec la résurrection de Lazare. Lazare était gravement malade et allait en mourir et Jésus dit que « cette maladie est […] est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Ainsi Lazare connaît l’épreuve de la mort afin que Jésus soit glorifié.
- Ces paroles de Jésus peuvent grandement nous étonner. La souffrance, l’épreuve de 2 hommes, la cécité pour l’un, l’agonie pour l’autre, sont pour la gloire de Jésus !
Donnons deux clés pour comprendre :
- L’épreuve et la faiblesse rendent plus humble ; elles augmentent le désir d’un salut, ce qui rend disponible pour le recevoir.
- Jésus doit être un bien tellement excellent pour qu’il soit avantageux de subir les peines les grandes pour lui rendre gloire et pour être avec lui.
L’aveugle-né est une expression excellente de ces deux clés.
2 - L’épreuve rend humble et dispose à recevoir le salut et Jésus lui-même
- Le fait que les apôtres aient demandé « qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » peut laisser imaginer bien des brimades endurées par cette aveugle. On a pu lui reprocher son péché dont on pensait que la cécité était la conséquence ; on a pu le traiter de fils de parents pécheurs. La méchanceté des hommes n’est pas à court de paroles très blessantes. Et le pauvre aveugle n’avait surement rien pour se défendre, sa cécité étant le témoignage-même de sa culpabilité ! Il est dur de vivre cela. Eh bien, l’aveugle qui le vivait aspirait au salut.
- Et puis cet aveugle n’avait pas bien d’autre choix que de mendier. Il recevait ce que les cœurs bien disposés lui donnaient. Cela encore disposait son cœur à recevoir le salut d’un autre.
- Ainsi quand Jésus lui dit d’aller se laver à la piscine de Siloé, il y va. Jésus avait du lui parler avec bonté comme jamais personne ne l’avait fait. Et puis Jésus lui rend sa dignité en lui demandant une coopération : il lui dit « Va te laver », il lui demande un acte de foi, un engagement de sa part. Ainsi donc l’aveugle y alla, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Puis l’aveugle ayant retrouvé la vue avance à grands pas dans le chemin du salut, non seulement pour lui, mais pour les autres :
- Il commence à rendre témoignage d’une façon toute simple, en disant sans détour que c’est bien lui qui avait été guéri. En effet, Ses voisins et ceux qui l’avaient observé auparavant disaient : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. »
- Puis le témoignage devient témoignage rendu à Jésus, car on lui demande : « comment tes yeux se sont-ils ouverts ? » Il répond : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
- Puis la qualité du témoignage augmente encore lorsque les pharisiens sont divisés en raison du fait que Jésus a opéré cette guérison un jour du sabbat. Les pharisiens s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »
- Puis au témoignage rendu à Jésus s’ajoute la persécution endurée à cause même de ce témoignage. En effet, les pharisiens disent ne pas savoir d’où vient Jésus et il leur répond : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » La réplique est forte et méchante : on lui redit que sa cécité était due au péché : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et on le jette dehors.
- L’aveugle qui avait enduré bien des brimades depuis sa naissance, supporte cette nouvelle brimade. Mais désormais c’est une brimade endurée pour le nom de Jésus, dont il sait qu’il vient de Dieu. La coopération avec Jésus augmente : il ne s’agit plus uniquement d’aller se laver, mais il s’agit de souffrir pour le nom de Jésus.
- Et l’on arrive au sommet de ce que l’aveugle reçoit de Jésus. Ayant appris que l’aveugle avait été jeté dehors, Jésus le retrouve et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? ».L’homme répond : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ?» Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle.» Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterne devant lui. C’est le sommet, celui qui avait été aveugle a pleinement reçu la lumière. Il a reçu la lumière pour les yeux de corps, il a reçu la lumière pour les yeux de l’âme. Par la foi, il reconnait en Jésus le Seigneur et il se prosterne devant lui.
3 - Ce que nous pouvons en tirer pour les temps que nous vivons
- Le sens profond du dépouillement et des privations du carême est de nous enrichir de Jésus.
- L’aveugle a connu un dépouillement de la cécité qu’il n’a pas choisi ; nous connaissons le dépouillement du confinement que nous n’avons pas choisi.
- Que cela nous rende humble et nous fasse désirer le salut, Que cela nous dispose à recevoir Jésus : il est le grand bien, il est l’essentiel de nos vies, il est même le tout de notre vie.
- Comme l’aveugle, prosternons-nous devant Jésus. Profitons de ce temps de confinement pour vivre une vraie retraite, pour développer nos temps de prière, pour apprendre que le plus important, c’est de vivre de Jésus.
- Aux familles, l’aveugle-né dit : vous êtes appelé à vire la pénitence du confinement et celle d’être un peu les uns sur les autres. Que ce soit pour vous l’occasion de vaincre les tentations d’énervement, implorez comme moi le salut de Jésus pour grandir dans l’amour les uns des autres. Vous en recevrez la joie.
- Aux malades, aux handicapés, l’aveugle-né dit que votre vie est dure, humiliante, mais elle est une grande richesse pour l’humanité, car vous enseignez aux hommes que l’essentiel n’est pas dans la réussite, la performance, mais dans la profondeur du cœur qui vit de Dieu. Le grand besoin des hommes est le besoin de Dieu ; or vous, les malades et les handicapés, vous avez une mission irremplaçable pour enrichir les hommes de Dieu.
- Aux catéchumènes dont le baptême sera peut-être retardé, l’aveugle-né dit de ne pas se décourager. Il dit : ne craignez pas, vous serez illuminés comme moi par la lumière de Jésus. Que ce temps d’attente augmente votre désir d’être illuminés par le don de la foi reçu au baptême.