Demeurer pour porter du fruit...

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Homélie pour le 5e Dimanche de Pâques

Dimanche 2 mai 2021

"Demeurer" : un des mots les moins aimés de notre temps

Voici maintenant un mois que nous avons fêté avec une grande joie, malgré les temps difficiles que nous vivons, la grande fête de Pâques. Peut-être aussi qu’au court de ces quatre semaines, après un carême fervent, nous avons pu nous laisser rattraper par la routine, et notre attachement à Jésus s’est peut-être légèrement refroidi. Ainsi, l’Église qui est mère et maîtresse, en ce 5ème dimanche du temps pascal nous fait ré-entendre un passage de ce magnifique discours de Jésus après la Cène. Et le cœur de l’Évangile de ce jour, nous l’avons saisi, se résume dans le verbe « demeurer ». Verbe qui est utilisé pas moins de 40 fois dans l’Évangile de Saint Jean, et que nous retrouvons 8 fois dans le passage de ce jour !

Cependant, ce verbe semble être aux antipodes de notre société actuelle qui ne cesse pas de zapper, de changer, de chercher à construire le jour d’après. Or cette recherche incessante de changement n’est pas la manière d’agir de Dieu, bien au contraire, elle manifeste que nous nous éloignons de Lui.

Le cardinal Ratzinger dans son homélie pour les 25 ans d’épiscopat de Cardinal Meisner disait : « Demeurer, voilà bien un des mots les moins aimés de notre temps, pour lequel ce qui compte, c’est l’opposé, le changement, la nouveauté, ce qui est autre, le mouvement qui ne s’arrête pas, mais se détache bien vite de ce qui a été jusqu’alors, pour se tourner vers d’autres positions. Et pourtant, si le fait de demeurer est négligé, il n’y a pas de croissance, pas de lien ni de progrès ! Là où le lien manque, ce qui reste ne sont que des branches coupées, condamnées à se dessécher, à faire partie des choses mortes même si elles ont encore l’apparence de force et de vie. » C’est pourquoi nous pouvons être particulièrement inquiets de ce qui se passe actuellement en Allemagne où des prêtres et même certains évêques prônent le grand remplacement de la doctrine et de la morale catholique traditionnelles sur le mariage et la famille, notamment en ne craignant pas de désobéir en bénissant des mariages homosexuels. Ils ne suivent plus Jésus, ils ne sont plus dans la vérité de l’amour et les conséquences pour les âmes sont très graves.

Jésus, au contraire, nous appelle à demeurer en Lui.

Face à cet esprit du monde nous devons opposer la barrière de la stabilité, de l’enracinement. Il nous faut demeurer sur la Vigne qu’est Jésus.

Alors cherchons concrètement comment demeurer sur cette vigne.

L’Évangile nous le dit : en portant du fruit. En effet, le bois qui ne porte pas de fruit est coupé et jeté dehors. Autrement dit, la vie chrétienne demande que nous nous engagions de tout notre être, aussi bien pour notre avancée spirituelle que pour notre amour du prochain, sans toutefois oublier que sans Jésus nous ne pouvons rien faire. Saint Jean, dans son épître que nous venons d’entendre, nous donne les moyens nécessaires pour porter du fruit : observer les commandements. Il nous résume ces commandements en deux axes : « mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres. » Là se trouve, nous dit-il, le véritable amour qui ne consiste pas en de belles paroles, mais qui se vit en acte et en vérité.

La première observance des commandements est donc la foi dans le nom de Jésus. Le véritable amour n’est pas déconnecté de la doctrine, du symbole de la foi, de tout ce que nous enseigne le catéchisme de l’Église catholique. En effet, comment pouvons-nous nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés si nous ne connaissons pas celui qui nous a aimés ? La connaissance de la foi n’est pas une fin en soi, au contraire, elle a pour but de nous faire enter dans une véritable union avec Jésus. Notre foi est une relation personnelle avec notre Dieu que nous connaissons et aimons grâce à Jésus. Ainsi, une pastorale déconnectée de la doctrine nous éloigne de Jésus et donc nous ne demeurons plus sur la vigne, et nous courrons le risque de ne porter que du feuillage…

« Et nous aimer les uns les autres ». Si nous demeurons dans la foi au nom de Jésus, alors nous pourrons nous aimer les uns les autres, car sans Lui nous ne pouvons rien faire, nous ne pouvons pas aimer comme lui ,mais avec lui nous pourrons nous aimer en vérité. Et les plus beaux fruits que nous pouvons porter pour la vie éternelle c’est de faire connaître et aimer Jésus ! C’est le plus bel acte d’amour que nous pouvons faire pour notre prochain. Mais nous ne devons pas oublier aussi qu’aimer comme Jésus signifie aimer tout d’abord ceux qui nous entourent, sans juger sur l’apparence, superficiellement. Aimer comme Jésus c’est savoir pardonner. C’est tout simplement se donner entièrement. Demeurer en Jésus c’est se donner dans l’amour.

L’évènement de la conversion de Saul illustre bien cela. Sa rencontre avec le Seigneur sur le chemin de Damas a complètement bouleversé sa vie, au point qu’il demeura avec Notre Seigneur jusqu’à son martyre. Il pourra dire alors « J'ai combattu jusqu'au bout le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. » Quel changement ! Quels fruits ! Saint Paul nous montre combien demeurer en Jésus n’est pas une réalité statique. Être fidèle à la foi est une réalité profondément dynamique. André Feuillet écrit précisément : « La formule ‘‘demeurer en Dieu’’ se réfère tantôt à la nouvelle condition du chrétien qui résulte de sa régénération surnaturelle, tantôt aux obligations morales qui en découlent. En effet, les énergies nouvelles que le chrétien a reçues, il doit les utiliser […] sa nouvelle condition d’enfant de Dieu n’a rien de statique ; elle réclame des options personnelles, des efforts constants, la lutte contre le mal. » Ainsi Saint Paul put dire « Je me suis fait tout à tous » Dans ses épîtres transpirent à la fois son souci d’enseigner et son grand amour passionné pour ceux qu’il enseigne.

Alors à notre tour, quatre semaines après la résurrection de Notre Seigneur, ayons ce grand désir de demeurer en Jésus. D’être fidèle à tout ce qu'Il nous a enseigné, sans nous laisser impressionner par les courants opposés qui veulent relativiser notre foi et qui veulent nous détourner du commandement de Jésus de nous aimer les uns les autres dans la vérité en étant généreux, fidèle à l’enseignement moral de l’Église.

Cette grâce nous pouvons la demander avec confiance à Notre Dame des Neiges. Aucune autre créature n’a demeuré auprès de Jésus comme elle l’a fait depuis la crèche jusqu’au calvaire. Aucune autre créature n’a demeuré dans une union intime avec Jésus comme la Vierge Marie l’a été après l’Ascension en vivant de la foi pure. Nous ne la voyons plus dans le récit des Actes de apôtres, mais elle fut réellement celle qui a été la plus généreuse, qui a porté le plus de fruits, fruits qui nous méritent de nombreuses grâce pour chacun de nous encore aujourd’hui. Demandons-lui avec confiance, en ces temps humainement difficiles mais aussi spirituellement, la grâce d’être fidèles à son fils malgré toutes les tempêtes, et nous savons comment : en demeurant en Lui par l’intermédiaire du Cœur Immaculé de Marie.

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