L'âme ne peut vivre sans amour !
Homélie pour le 6e Dimanche de Pâques
Dimanche 9 mai 2021
L'âme ne peut vivre sans amour : il lui faut toujours quelque chose à aimer !
Les lectures de ce jour nous parlent d’amour car l’amour est au centre de notre existence. Sainte Catherine de Sienne faisait ce constat : « L’âme ne peut vivre sans amour, il lui faut toujours quelque chose à aimer ».
La vie et l’Amour sont la même chose. Quand il n’y a pas d’Amour, il n’y a pas de vie. Si l’homme ne peut se passer d’aimer cependant, comme chacun sait, il est facile de se perdre dans de faux amours. Saint Jean-Paul II avait dit aux jeunes cette parole importante : «Toute existence tire sa valeur de la qualité de l’amour : «Dis-moi quel est ton amour et je te dirai qui tu es».
Il convient donc d’accéder à la plus haute qualité d’amour qui soit. Nous la trouvons en Jésus. C’est pourquoi il nous a dit : «Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ». Contrairement à la pensée mondaine, les commandements de Dieu ne sont pas contre l’amour ; ils sont autant de oui à l’amour car ils nous maintiennent dans la source de l’amour. Jésus va encore plus loin ; dans le discours après la Cène qui est son testament spirituel, il nous révèle la façon parfaite d’aimer : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». C’est de cette manière que Jésus nous a aimés. Il a donné sa vie pour nous. Seule la croix du Christ nous révèle la profondeur de ce mot : « aimer ».
L’amour passe par la Croix et par le don. Il est bien plus qu’un sentiment ; parfois il va contre le sentiment ! C’est ce que St Jean Paul II avait expliqué aux jeunes de France en 1980 en donnant cette belle définition de l’amour : « Aimer, c’est donc essentiellement se donner aux autres. Loin d’être une inclination instinctive, l’amour est une décision consciente de la volonté d’aller vers les autres. Pour pouvoir aimer en vérité, il faut se détacher de bien des choses et surtout de soi, donner gratuitement, aimer jusqu’au bout. Cette dépossession de soi - œuvre de longue haleine - est épuisante et exaltante. Elle est source d’équilibre. Elle est le secret du bonheur ».
Jésus-Christ est non seulement le modèle de l’amour véritable mais il en est la source. C’est pourquoi il nous commande de demeurer en lui afin de nous nous nourrir de la sève de son amour. Saint Jean-Paul II disait encore ces paroles magnifiques : « Jeunes de France, levez plus souvent les yeux vers Jésus-Christ! Il est l’Homme qui a le plus aimé, et le plus consciemment, le plus volontairement, le plus gratuitement! Méditez le testament du Christ: “Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”. Contemplez l’Homme-Dieu, l’homme au cœur transpercé! N’ayez pas peur! Jésus n’est pas venu condamner l’amour mais libérer l’amour de ses équivoques et de ses contrefaçons». [Saint Jean-Paul II, message aux jeunes de France voyage apostolique en France juin 1980]
Oui, n’ayons pas peur d’aimer à la manière de Jésus car nous avons été choisis pour porter du fruit or le seul qui demeure est l’amour. Tout passe, seul l’amour reste ! Croyons que c’est source de grande joie ; Jésus nous dit en effet : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite ».
Ces paroles sont stimulantes et éclairantes. Elles nous aideront à nous tenir le plus loin possible des formes déviantes de l’amour que notre culture véhicule. Croire que c’est dans la multiplication des plaisirs que l’homme a la joie est certainement l’une des erreurs les plus grandes de notre époque et l’une de victoire les plus importantes de Satan. Libérons-nous de l’amour selon le monde qui est en fait un pur égoïsme.
Où apprendre le véritable amour ? Mère Térésa aimait à répéter : « L'amour commence à la maison ». Que chacune de nos maisons et de nos familles soient des lieux d’apprentissage de l’amour vrai. Que les époux ne se découragent pas d’aimer en vérité. La dimension sacrificielle englobe toute la vie des époux, ils sont invités à lutter ensemble dans le jamais rien l’un sans l’autre pour que triomphe en eux le véritable. L’amour passe le pardon, la patience, l’épreuve, la croix.
Le cardinal Sarah disait : « Nos "ancêtres" dans la foi ont choisi l' "Esprit-Saint" et non "l'esprit du monde » [Cardinal Sarah, Couples réveillez votre amour !]
Ce choix, nous devons le refaire aujourd'hui ! C'est à nous de transmettre le véritable amour, et non au monde de nous inoculer son venin ! Notre vocation est de demeurer [cf. Jn 15], contre vents et marées, fidèles à l’amour vrai du Christ. Cette fidélité ira de plus en plus jusqu'au martyr qui se peut se concrétiser par bannissement social.
Le vénérable Jérôme Lejeune est un modèle pour sauvegarder le véritable amour. Il a préféré sacrifier sa carrière plutôt que cautionner le massacre de vies innocentes. En 1969, en recevant la plus haute distinction américaine accordée à un généticien, alors qu’il avait entendu qu'on voulait se servir de sa découverte pour éliminer les enfants trisomiques, il rappelle avec force : « Non, supprimer un fœtus n'est pas innocent, car cela revient, ni plus ni moins, à supprimer une vie humaine ». Un silence glacé accueillit ses paroles. Ce jour-là il avait perdu le prix Nobel de médecine mais il avait remporté la victoire de l'amour.
Le commandement de l’amour est très beau, mais n’est-il pas trop exigeant ? Jésus ne se contente pas de nous donner le commandement de l’amour ; Il nous communique cet amour par le sacrement de l’Eucharistie ; « Celui qui me mange vivra par moi » (Jn 6) dit Jésus !