"Jésus, je comprends que j'ai besoin de ta miséricorde !
Homélie du samedi 10 mars 2012. 2e semaine de carême.
La liturgie de la Parole nous invite à célébrer la miséricorde divine ! La 2e Encyclique de Jean-Paul II était une méditation sur Dieu, riche en miséricorde. Il serait bon de méditer à nouveau, ce texte si riche, inspiré, c’est évident, par ce que Jésus avait révélé à Sœur Faustine dont le Cardinal Karol Wojtyla était le postulateur. Le Bx Jean-Paul II a pleinement répondu aux demandes du Cœur miséricordieux de Jésus : la Fête de la divine Miséricorde a été instituée et sœur Faustine a été canonisée ! Puisse ce samedi nous aider à mieux nous préparer à la Semaine Sainte et à la Fête de la divine Miséricorde !
Le prophète Michée, inspiré par Dieu, a choisi la figure du Berger pour révéler la Miséricorde de Dieu. Jésus s’est révélé, Lui-même, comme le Bon Berger qui aime toutes ses brebis, soigne les blessées et va à la recherche de la brebis perdue. Michée révèle que c’est bien Dieu, le Berger de Son Peuple, qui est sorti d’Egypte avec son Peuple. En Moïse, en effet, c’est la Puissance de Dieu qui agissait ! Ce Berger est le Dieu unique : il n’y a pas d’autre dieu que Lui, capable d’enlever les péchés et de pardonner les révoltes de son Peuple. Dieu Miséricordieux prend plaisir à faire grâce ! Mais cette révélation n’exclut pas ce que nous avons dit, en ces dernières semaines : la Miséricorde ne se moque pas de la justice et de la vérité !
La parabole de l’enfant prodigue le révèle. Le Père ne pouvait pas faire miséricorde à son fils tant qu’Il vivait loin de Lui et dépensait ses biens dans la jouissance effrénée ! Mais lorsque ce fils s’est trouvé dans le désarroi le plus total et qu’il a pris la décision de retourner chez son Père en lui demandant pardon, alors ce Père, sans attendre que son fils vienne se mettre à genoux devant lui et confesse ses péchés, court à sa rencontre, l’embrasse et lui fait miséricorde. Cette parabole pourrait et devrait être appelée : la parabole du Père, riche en miséricorde. Par cette parabole, en effet, Jésus nous révèle le vrai visage de Son Père, qui exerce la miséricorde envers ses deux fils : le prodigue dont nous venons de parler, mais aussi le fils aîné qui n’a pas péché comme son frère par l’esclavage de la passion de la chair, mais qui a péché par orgueil et jalousie.
Le peintre Rembrandt a été inspiré pour reproduire en un tableau saisissant cette parabole du Père, riche en miséricorde. Voici un commentaire émouvant du tableau, que j’ai trouvé sur Internet :
« Au péché répond la surabondance de l’amour qui pardonne et nous redonne la vie. Le visage du Père est particulièrement bouleversant. Certain que sans la force de sa compassion son fils est perdu, il est sans colère et sans reproche. Ses deux épaules tombantes disent qu’il est accablé par la souffrance de son enfant, et celle qu’il lui cause. Ses yeux clos et ses lèvres serrées en disent long sur ce qu’a dû peser la Rédemption du monde. Sa paupière droite légèrement haussée découvre une esquisse de regard à la recherche d’une complicité qu’il ne peut trouver qu’en lui-même. Le regard de Dieu est douloureux qui descend sur la tête et les épaules de son fils. Il est aussi gorgé d’amour, comme en témoignent les deux mains du père enserrant le dos de son enfant. L’une, carrée et courte, aux doigts puissants et écartés, s’appuie fortement sur l’épaule droite du fils « que l’on croyait perdu et qui est revenu ». L’autre, longue et élégante, aux doigts fins et serrés, effleure et caresse le dos qui s’incline et s’abandonne. Les deux formes de l’amour dans l’altérité et la communion des deux sexes. L’amour fort de l’homme qui protège, l’amour délicat et amène de la femme qui console. Le lien que suppose ce tableau entre la justice et la miséricorde de Dieu est l’essence même du christianisme, en ce qu’il affirme la complicité de Dieu avec ses enfants dont il connaît l’imperfection de nature, complicité intime qui est allée jusqu’à l’Incarnation. L’on songe ici à sainte Thérèse de Lisieux lorsqu’elle affirmait que « Dieu est infiniment juste parce qu’Il est infiniment miséricordieux et qu’Il est infiniment miséricordieux parce qu’Il est infiniment juste ». Sur la droite du tableau, le regard incrédule que le fils aîné pose sur la scène du repentir accepté de son frère est lourd de signification pour notre temps. Sous le pinceau de Rembrandt, se déploie tout le drame de la rédemption de notre humanité ingrate, lente au repentir, le drame d’un monde athée, gaspilleur des richesses de la création, qui oublie jusqu’au nom de son Créateur et dilapide son héritage humain et spirituel dans les errements des plaisirs faciles, de la drogue et du sexe ».
Demandons à la Vierge Marie, la Mère de la divine Miséricorde, en cette Messe, de nous apprendre le prix que Jésus a librement payé pour que Son Père puisse déverser à flots sa Miséricorde en nos âmes. Jean-Paul II disait qu’elle en connaissait le prix : elle était debout au pied de la Croix et elle a participé maternellement à la Rédemption accomplie par Son Fils. Qu’elle nous aide à dire à Jésus : je me reconnais dans le fils aîné ou dans le fils prodigue et je comprends que j’ai besoin de Ta Miséricorde ! Je partage pleinement la conviction de Jean-Paul II : le Mal ne l’emportera pas, Dieu lui a fixé une limite. La limite du Mal est la Miséricorde divine. Oui, avec Sainte Faustine, le Bx Jean-Paul II, nous voulons Te dire : Jésus, j’ai confiance en Toi !