Pourquoi nous affliger de ce qui nous humilie ?
30 mars 2017 : Bienheureux Amédée IX [1] (Fr Jean)
Nous commémorons aujourd’hui le troisième duc de Savoie et prince du Piémont qui vécut au XVème siècle : Amédée IX. Né à Thonon-les-Bains, il fut dès sa naissance, promis à Yolande, fille de Charles VII roi de France. Dès sa jeunesse, notamment grâce à sa mère, il se montra très priant et vertueux. A 17 ans eut lieu le mariage projeté. Yolande partagea les goûts de son époux pour la vertu. Leur vie de sainteté ne passa pas inaperçue à la cour. Ils eurent 10 enfants, dont 7 vécurent. A la mort de son père, en 1465, Amédée prit possession du duché, reçut de ses sujets le serment de fidélité, convoqua les États des provinces pour délibérer sur le parti à prendre dans la guerre contre Louis XI. Attentif avant tout à ce que Dieu fût bien servi, le duc faisait chaque matin sa prière et une lecture spirituelle. Il assistait également à la messe, et la vivait avec un tel recueillement qu’il suffisait de le voir pour avoir de la dévotion. Au conseil auquel il assistait, la cause des pauvres, des veuves, des orphelins primait toutes les autres. Sa charité ne connaissait point de bornes ; chaque jour il nourrissait dans son palais un grand nombre d’indigents et les servait de ses propres mains.
Il construisit des monastères et des hôpitaux dont il visitait lui-même les malades. Il fit aussi des dons importants à diverses églises ; dans un pèlerinage à Rome, il se montra également généreux pour la basilique de Saint-Pierre. Il accomplit plusieurs fois à pied le voyage de Turin à Chambéry pour vénérer la relique du saint suaire. Après la perte de Constantinople, dans une diète tenue à Mantoue pour délibérer sur la guerre contre les Turcs, il parla avec une grande générosité, se déclara prêt à offrir pour la sainte expédition sa vie, sa puissance, tous ses États : mais la sainte Ligue entre les princes ne put se former.
Cependant la santé du duc se trouva gravement atteinte. En face de la mort que faisait présager sa maladie, il se montra vraiment courageux : “Pourquoi, disait-il, nous affliger de ce qui nous humilie, puisque par là nous est ouvert l’étroit passage de l’éternité ?” Sentant approcher sa fin, il appela auprès de lui ses enfants et voulut recevoir les derniers sacrements en leur présence. Et comme ceux qui l’entouraient manifestaient une profonde affliction, il leur dit : “Mes amis, faites bonne justice, aimez les pauvres, protégez les veuves et les orphelins, faites fleurir la religion, Dieu accordera la paix à nos frontières.” Il expira le lundi de Pâques, 30 mars 1472. Suivant son désir, Amédée IX fut inhumé dans l’église de Saint-Eusèbe de Verceil, sur les marches du maître-autel. Des miracles attestèrent sa sainteté et en moins de 10 ans, son culte se répandit à Chambéry, à Seyssel, à Annecy. En 1518 l’archevêque de Turin fit exhumer son corps et préparer le procès de canonisation. Ce n’est qu’en 1677 que le pape autorisa le culte du bienheureux Amédée de Savoie.
Faisons aussi mention de Saint Jean Climaque, Père du Désert. Il vécut ermite sur la montagne du Sinaï. Benoît XVI, le 11 février 2009, lui a consacré une audience. En ce temps de carême, relevons simplement cette méditation de St Jean : « Bienheureux celui qui a mortifié sa propre volonté jusqu'à la fin et qui a confié le soin de sa propre personne à son maître dans le Seigneur : en effet, il sera placé à la droite du Crucifié ! » En entendant la première lecture que nous connaissons par cœur, nous pouvons être frappés par cette petite phrase du Seigneur : « Ils n’auront pas mis longtemps à s’écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre ! » Ceci nous invite, au seuil de la quinzaine de la Passion, à être vigilant et à persévérer dans la mortification de notre caractère à laquelle nous ne devons pas mettre de limite comme nous exhortait Mère Marie-Augusta. Que ces deux saints nous aident à nous tourner plus résolument vers Notre Seigneur au désert qui s’approche de sa Passion. Que nos âmes soient préoccupées de l’accompagner par notre amour et à intercéder comme Moïse pour notre Pays, le monde, l’Eglise.
[hr]
[1] Cf. http://saints-et-bienheureux.blogspot.fr/2011/03/amedee-ix-de-savoie.html