Saintes Félicité et Perpétue, fortifiez notre foi !
Homélie du vendredi après les cendres Stes Félicité et Perpétue.
La Parole de Dieu, en ce vendredi après les Cendres, nous révèle la nature du jeûne qui plaît à Dieu. Il ne s’agit pas de faire des pratiques ostentatoires pour bien se faire remarquer et nourrir notre orgueil mais de pratiquer la charité ! Retenons la leçon. Bien sûr, n’en concluons pas : il est inutile de jeûner ! Jésus a répondu aux disciples de Jean-Baptiste qui se scandalisaient parce que ses disciples ne jeûnaient pas : un temps viendra où l’Epoux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront ! Oui, retrouvons en ce temps du carême le vrai sens du jeûne. Puissent nos petites privations nous aider à retrouver l’énergie et l’ardeur d’amour. Mais le jeûne le plus important est la mortification du caractère. Le psaume 50 doit nous aider pour mener le bon combat spirituel. Entrons avec joie en ce nouveau carême et rajeunissons spirituellement !
Avec l’Eglise universelle, nous fêtons deux grandes saintes de l’Afrique du Nord : Félicité et Perpétue sans oublier leurs compagnons ! Perpétue est une jeune patricienne, Félicité une jeune esclave. Elles avaient toutes deux demandé le baptême à l'évêque de Carthage. L'empereur Septime Sévère ayant interdit le christianisme, le groupe des catéchumènes, dont elles font partie, est arrêté, avec Sature, Saturnin, Révocat et Secondule. Pendant plusieurs mois, ils connurent la prison dans des conditions très dures, d'autant qu'ils étaient dans l'incertitude du sort exact qui les attendait. Félicité était enceinte et Perpétue, jeune mariée, allaitait son enfant. Le père de la jeune femme tenta en vain de la faire sacrifier aux dieux au nom de l'amour maternel. Quant à Félicité, elle mit au monde une petite fille dans sa prison. Trois jours après la naissance, elle était martyrisée et l'enfant fut adoptée par une chrétienne de la ville. Comme leurs compagnons, Perpétue et Félicité furent livrées aux bêtes du cirque, enveloppées dans un filet, et livrées à une vache furieuse, le 7 mars 303. Elles attirèrent la pitié des spectateurs devant ces jeunes mères torturées. On les acheva en les égorgeant. Selon les "acta" de leur martyre, des témoins disaient :"Leur visage était rayonnant et d'une grande beauté. Il était marqué non de peur mais de joie." Le culte des deux jeunes femmes connut très vite une grande popularité : leur jeunesse, leur situation de mère de famille, leur courage, le fait qu'elles soient des catéchumènes les font figurer en tête des martyres mentionnées dans la première prière eucharistique de la liturgie latine.
Nous avons lu à l’office des matines la Passion des glorieux martyrs d’Afrique du Nord. Citons à nouveau quelques extraits :
Perpétue fut accueillie par un certain Rustique, alors catéchumène qui était à son service et, comme si elle sortait du sommeil (tellement elle avait été ravie en extase), elle se mit à regarder autour d’elle et dit, à la surprise de tous : ‘ Quand donc serons nous exposés à cette vache dont on parle ? ’ Et quand elle apprit que cela avait déjà eu lieu, elle ne le crut pas avant d’avoir reconnu sur son corps et sur ses vêtements les marques des coups. Alors, après avoir appelé son frère et ce catéchumène, elle les exhorta ainsi : ‘ Demeurez fermes dans la foi, aimez vous tous les uns les autres, et ne soyez pas ébranlés par nos souffrances ’. De même, Saturus, à une autre porte, s’adressait ainsi au soldat Pudens : ‘Finalement, comme je l’avais pensé et annoncé par avance, je n’ai vraiment rien souffert d’aucune bête jusqu’ici. Et maintenant, crois de tout ton cœur : voici que je vais au devant du léopard, et par une seule de ses morsures je parviens au but ’. Et aussitôt, à la fin du spectacle, il fut livré à un léopard. A la première morsure, il fut tellement inondé de sang que le peuple, lorsqu’il revint, cria, comme si l’on était aux bains : ‘ Baigne toi et bonne santé ! Baigne toi et bonne santé ! ’ Ce cri témoignait qu’il avait reçu le second baptême, celui du sang. Et, certes, après un tel bain, il avait trouvé le salut. Alors il dit au soldat Pudens : ‘ Adieu, garde mon souvenir et garde la foi. Que tout cela, au lieu de t’ébranler, te fortifie ’. Mais, comme le peuple les réclamait au milieu de l’arène pour être témoin oculaire de leur mise à mort en voyant l’épée s’enfoncer dans leurs corps, ils se levèrent d’eux mêmes et se portèrent à l’endroit voulu par le peuple. Mais d’abord ils s’embrassèrent pour achever la célébration de leur martyre par le rite du baiser de paix. Tous reçurent le coup d’épée, immobiles et silencieux; en particulier Saturus qui rendit l’esprit le premier. Perpétue, quant à elle, devait faire l’expérience de la douleur: frappée entre les côtes, elle poussa un grand cri ; puis, comme la main du gladiateur débutant hésitait, elle la poussa elle même sur sa gorge. Sans doute une telle femme ne pouvait elle être mise à mort autrement, elle qui faisait peur à l’esprit mauvais: il fallait qu’elle même le veuille ».
Puissent ces martyrs héroïques obtenir le réveil de l’Eglise en Afrique du Nord et obtenir la conversion de beaucoup de musulmans qui vivent en France ! Saints martyrs d’Afrique du Nord, fortifiez notre Foi attiédie !