Supprimez la tentation, et personne ne sera sauvé !
17 janvier 2017 : Saint Antoine du désert (Fr. Jean)
Le IVème siècle fut pour l’Eglise une période très particulière. D’un coté elle fut délivrée des persécutions romaines avec l’édit de Milan et elle vit la construction des premières basiliques, et d’un autre coté le début de souffrances, plus dangereuses encore, avec une crise dans l’Eglise suscitée par Arius. Nous sommes cependant frappés par le nombre de saints que nous a donné l’Eglise durant ce siècle. Depuis le début de cette année des saints nous avons déjà fêté plusieurs témoins de la vérité sur la personne du Seigneur pendant la crise arienne.
Aujourd’hui encore nous célébrons la mémoire de Saint Antoine du désert dont St Athanase (+ 373) a écrit la vie. Il est né en Haute Egypte en 250 ou 251. Il fut éduqué dans une famille chrétienne, famille noble et riche. Sa jeunesse se déroula dans une grande innocence. Devenu orphelin à l’âge de 20 ans, il dut terminer l’éducation de sa petite sœur.
Un jour en entrant dans une église il entend l’Evangile du jeune homme riche (Mc 10, 17-30) et comprend l’appel que Dieu lui adressait. Il vendit alors tous ces biens et ne garda que la somme nécessaire pour finir l’éducation de sa petite sœur. Plus tard en entendant l’Evangile sur la providence : « ne vous faites pas de souci pour le lendemain » (Mt 6, 34) il revint sur sa décision : il vendit donc la totalité de ses biens et confia sa sœur à des personnes vertueuses. Quant à lui il devint moine, (moine vient du mot monus = solitaire) à l’instar des premiers moines qui se lançaient dans cette aventure. Il prie beaucoup, lit la Sainte Ecriture, travaille et fait l’aumône. Les autres ‘solitaires’ l’aimaient bien. Le démon quant à lui ne l’appréciait pas tant. Saint Antoine dut combattre plus d’une fois contre lui. Combat spirituel avec des tourments intérieurs (avoir quitté le monde, l’abandon de sa sœur, tentation contre la chair) et aussi combat physique où les démons prenaient des formes de bêtes sauvages et le laissèrent parfois aux portes de la mort. C’est ainsi qu’une fois celui qui lui apportait la nourriture le retrouva sans connaissance. Il répondit à ces attaques par de grandes mortifications. En 285 Jésus lui apparaît afin de le consoler dans ses épreuves. A cette même époque il décida de s’exiler davantage en se réfugiant à l’est du Nil dans une ruine où il reconstruit les murs afin de s’en faire une clôture. Il y séjourna 20 ans. Ici, de nombreux disciples voulurent se joindre à lui, et en 300 il fonda deux monastères. Il se montra alors un père affectueux et plein de sagesse.
Ayant un grand désir du martyre (nous sommes encore au temps des persécutions) il partit pour Alexandrie et encouragea les confesseurs de la foi. Cependant il ne fut pas arrêté et retourna dans son désert où il opéra de multiples guérisons et exorcismes. Voulant plus de solitude encore il partit de nouveau pour un endroit plus retiré où il dut poursuivre son combat contre Satan, combat qu’il mènera jusqu’à la fin de sa vie. Il dit lui-même : « Les épreuves nous sont, en fait, profitables. Supprimez la tentation et personne ne sera sauvé. »
Peu de temps après la liberté donnée aux chrétiens par l’empereur Constantin, l’hérésie arienne vint semer le trouble dans les âmes jusque dans la hiérarchie de l’Église. Saint Athanase l’appela pour venir à Alexandrie afin de défendre la foi de Nicée proclamée en 325. Durant l’exil du patriarche d’Alexandrie Saint Antoine écrivit plusieurs fois à l’empereur afin de faire cesser la peine infligée à Saint Athanase. Benoît XVI dit que « Saint Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus la foi de saint Athanase. »[1]
Il meurt à 105 ans en 356 et selon l’ordre laissé par le saint, son corps fut enseveli dans un endroit caché. Néanmoins, à la suite d’une révélation il fut retrouvé et amené en 561 à Alexandrie.
Saint Antoine est pour chacun de nous un exemple et un intercesseur. Non que nous devions vivre une vie semblable à la sienne (81 années d’austérité), mais il nous montre à la fois l’énergie que nous devons avoir dans le combat spirituel et la force d’âme que nous devons demander pour garder la foi, la foi telle que nous l’avons reçue par les Ecritures et la grande Tradition. Demandons-lui donc d’intercéder pour tous les chrétiens, afin que nous soyons vaillants, fermes et fidèles à la foi de l’Église.
[hr]
[1] Audience générale 20 juin 2007.