Une question de vie ou de mort.
Lundi 30 octobre 2017 : saints Maximilien et Clément
Dans la première lecture, Saint Paul nous place devant le dilemme auquel toute vie est affrontée. Voulons-nous vivre suivant la loi de la chair ou selon la loi de l’Esprit ? Quelle voie choisir ? Quel chemin prendre ? Il s’agit même, en nous, d’un combat, et d’un combat terrible : « Si vous vivez selon la chair, vous allez mourir, nous dit saint Paul. Mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez ». C’est donc, tout simplement, une question de vie ou de mort. Et pour l’éternité. Remarquons qu’il n’y a pas de troisième voie possible. Il y en a deux : la vie selon l’Esprit ou la vie selon la chair. « Celui qui vit « selon la chair » ressent la Loi de Dieu comme un poids, et même comme une négation ou, en tout cas, comme une restriction de sa propre liberté. Inversement, celui qui est animé par l'amour, qui se laisse « mener par l'Esprit » trouve dans la Loi de Dieu la voie fondamentale et nécessaire pour pratiquer l'amour librement choisi et vécu. Bien plus, il saisit l'urgence intérieure — une vraie « nécessité », et non pas une contrainte — de ne pas s'en tenir aux exigences minimales de la Loi, mais de les vivre dans leur « plénitude » »[1]. « La foi en Jésus est une décision qui doit engager toute l'existence. Elle est une rencontre, un dialogue, une communion de vie et d'amour avec Jésus, Chemin, Vérité et Vie… La foi a aussi un contenu moral : elle est source et exigence d'un engagement cohérent de la vie ; elle comporte et perfectionne l'accueil et l'observance des commandements divins. »[2] Saint Paul nous appelle donc à mener le bon combat, le combat spirituel qui conduit à la vie, à la vie éternelle. Comme tout combat - et plus encore que tout combat, à cause de son importance vitale - ce combat ne peut pas être remporté sans souffrance comme le dit saint Paul : « Si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire. » Le chemin que nous devons prendre est fragile, encore incertain tant que nous sommes sur la terre, « mais rendu possible par la grâce qui nous donne de posséder la pleine liberté des fils de Dieu et donc de répondre par la vie morale à notre sublime vocation : être « fils dans le Fils ». »[3] Oui, le but de ce chemin, le trophée de ce combat, est immense : l’Esprit fait de nous des fils ; fils et donc héritiers de Dieu. Un héritier, c’est quelqu’un qui va pouvoir bénéficier de tous les biens de celui dont il hérite. Grande alors est la récompense qui nous est promise : être avec Dieu dans sa gloire.
L’évangile de ce jour nous met en quelque sorte en présence de ces deux voies : Jésus et le chef de la synagogue. Jésus est celui qui guérit, qui redresse, qui remet droite cette femme malade depuis si longtemps. En face, le chef de la synagogue qui, voyant Jésus faire un miracle à un moment où on ne devrait certainement pas faire de miracle, apostrophe la foule pour critiquer Jésus : « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. » C’est stupéfiant et cependant cette réaction est l’exemple type de la voie de la chair, de la lettre sans l’esprit, sans amour, sans miséricorde, qui rend aveugle et dur, au point de faire perdre toute humanité. Quel homme ne se réjouirait pas d’une guérison comme celle-ci ? Mais Jésus va montrer que justement le jour du Seigneur est celui de la libération. Ce miracle est le signe que c’est justement ce jour-là plus particulièrement encore, le jour du Seigneur, que l’on doit s’approcher pour être guéri de l’intérieur par lui. Enfin, le fruit de cette libération, de l’action de Jésus, pour ceux qui ont le cœur ouvert, est la joie. Saint Luc nous dit : « cette femme guérie rendait gloire à Dieu… et toute la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes que Jésus faisait. »
Aujourd’hui, nous fêtons deux martyrs : St Maximilien et St Clément, les patrons secondaires de l’Afrique du Nord. Eux aussi, ils ont eu à faire un choix : soit vivre sous la loi de la chair en devenant esclave du péché, des idoles et qui ramène à la peur ou soit vivre selon l’Esprit de Dieu qui conduit à la vie. Pour vivre en cohérence leur vie de foi, ils ont fait le choix de renoncer à leur carrière militaire pour rester fidèle à Jésus et à sa loi d’amour. S’ils ont eu le courage d’affronter la mort, c’est qu’ils étaient plein de confiance dans les paroles du psaume 67 que nous avons médité : « Dieu se lève et ses ennemis se dispersent, ses adversaires fuient devant sa face. Le Dieu qui est le nôtre est le Dieu des victoires, et les portes de la mort sont à Dieu, le Seigneur. Jour après jour, Dieu nous accorde la victoire. Les justes sont en fête, ils exultent ; devant la face de Dieu ils dansent de joie. »
La Parole de Dieu de ce jour nous offre un très beau résumé de la vie spirituelle : choix exigeants, combat, souffrance, mais aussi aide de Dieu, présence de Jésus qui relève, guérit et redresse. Et au bout, il y a la joie, la gloire, le bonheur sans fin ! Avec l’aide des saints, avec l’aide du cœur immaculé de Marie, tournons toujours nos cœurs vers Jésus. Le chemin est difficile, il est exigeant, mais soyons-en certain, il nous conduit, avec Jésus, au bonheur éternel. Oui « Le Dieu qui est le nôtre est le Dieu des victoires. Jour après jour, Dieu nous accorde la victoire. Que le Seigneur soit béni ! »
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[1] Veritatis Splendor n° 18
[2] Veritatis Splendor n° 88 et 89
[3] Veritatis Splendor n° 18