Vivons dans la joie avec la Mère de Dieu
Homélie de l’Office des lectures du 1er janvier 2014, année de la joie.
Bien chers amis, dans quelques minutes nous allons entrer en une nouvelle année que nous désirons comme une année de la joie. Ne sommes-nous pas des idéalistes rêveurs de parler d’année de la joie alors que tout semble aller de mal en pis ? La joie à laquelle nous appelle notre Pape François, c’est évident, n’est pas n’importe quelle joie, c’est la joie de l’évangile, qui a été annoncée par l’ange aux bergers en la nuit de Noël : « je vous annonce une grande joie, aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David, Il est le Christ, le Seigneur ! ». Huit jours après cette joyeuse annonce, l’Eglise nous invite à célébrer Marie, Mère de Dieu. Pourquoi une telle solennité en l’octave de Noël ? Tout simplement parce que l’Enfant Jésus n’est pas un enfant comme les autres, mais Il est le Sauveur, le Christ Messie, le Seigneur. Ainsi, la Vierge Marie n’est pas seulement Mère de l’humanité de Jésus, elle est aussi Mère du Messie, Mère du Sauveur, Mère du Seigneur et donc Mère de Dieu. Elle n’est pas, c’est évident, Mère de la divinité, mais Mère du Fils unique de Dieu, devenu homme en son sein virginal.
Jésus a appelé la Vierge Marie par le nom familier de « maman ». Sa relation à la Vierge Marie a toujours été une relation affectueuse de fils à sa mère. Ce mystère est grand, devrions-nous dire. Nous ne pouvons pas le comprendre parfaitement, mais nous devons le contempler et accueillir le don de Dieu. Car c’est Dieu – et Dieu Seul ! – qui a voulu de toute éternité faire du chef d’œuvre de la création, l’humble Immaculée, la Mère de Dieu ! Saint Germain de Constantinople, écrivait au 8e siècle :
“Je le sais, en votre qualité de Mère du Très-Haut, vous avez un pouvoir égal à votre vouloir. C’est pourquoi ma confiance n’a pas de bornes. Grâce à votre autorité maternelle sur Dieu Lui-même, vous obtenez miséricorde pour les plus désespérés des criminels”.
Saint Anselme, quant à lui, déclarait:
“Ô merveille, je contemple Marie : dans quelle hauteur sublime la vois-je ! Rien n’est égal à Marie, rien, si ce n’est Dieu, n’est plus grand qu’elle. Dieu a donné à Marie son Fils Lui-même que seul, égal à Lui, Il engendre en son Cœur, comme s’aimant Lui-même ; de Marie Il s’est fait un Fils, non un autre mais le même, de telle sorte que, par nature, Il fut unique et le même, Fils commun de Dieu et de Marie”.
St Bernard avait une très grande confiance en l’intercession de la Mère de Dieu :
“En montant aux Cieux, elle comblera l’heureuse Vierge, les hommes de ses largesses. Comment ne donnerait-elle pas de présents, puisque ni le pouvoir, ni le bon vouloir ne peuvent lui manquer ? Elle est Reine du Ciel, elle est miséricordieuse, elle est notre avocate, elle est pour tout dire, la Mère du Fils unique de Dieu, et rien autant que cela ne peut nous faire évaluer sa puissance et sa bienveillance”.
Saint François de Sales, qui comprenait la puissance d’intercession de la Mère de Dieu, disait à la Vierge Marie :
“Ne dites pas, gracieuse Vierge que vous ne pouvez pas ! Car votre Fils Bien-Aimé vous a donné tout pouvoir. Si vous ne pouviez, je vous excuserais, disant : «il est vrai qu’elle est ma Mère et qu’elle me chérit comme son fils, mais la pauvrette manque d’avoir et de pouvoir”.
Cette Mère de Dieu, ne l’oublions pas, n’est pas une déesse. Elle est fille d’Adam et Eve, elle est donc notre sœur tout en étant notre Mère. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus insistait afin qu’on la présente humaine et très proche de nous : “C’est bien de parler des prérogatives de la Sainte Vierge, mais il ne faut pas se borner à cela. Il faut la faire aimer”. Ne “déshumanisons” pas la Mère de Dieu ! C’est en vivant une vie humaine comme la nôtre, qu’elle est devenue Mère de Dieu. C’est en vivant dans la foi, en connaissant les angoisses d’une vie humaine, et tous ses soucis matériels et spirituels, qu’elle a exercé sa maternité divine ! Quelle est grande la foi de celle qui voyait un petit enfant comme les autres et qui croyait qu’il était la Personne divine du Fils, sans voir cette divinité ! Qu’elle est grande la foi de celle qui Le suivra pendant ces 30 années de vie cachée ! O merveille, nous contemplons la Mère de Dieu, mais nous ne la contemplons pas dans la vision béatifique, entourée des anges et des Saints ! Nous ne la contemplons pas, vêtue d’ornements royaux ! Non, nous la contemplons humble, simple, pauvre et menant une vie “apparemment” comme nous ! Elle est Mère de Dieu et elle demeure imitable ! Elle est Mère de Dieu et n’a pas été soustraite à toutes les obligations de sa nature féminine ! Nous contemplons Marie, la Mère de Dieu, si humaine et si divine !”
Le Concile Vatican II a appelé l’Eglise à imiter la Mère de Dieu pour devenir à son tour une Mère, grâce à la Parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi”. Les évêques de Vatican II n’ont pas exagéré, ils se sont fondés sur la parole de Jésus dans l’évangile : “Qui est ma Mère et qui sont mes frères, disait-il ?” Et montrant de la main ses disciples : “Voici ma mère et mes frères : quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux Cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère”.
Puisse mystère de la maternité divine de Marie nous faire découvrir en cette nuit de prière l’extraordinaire humilité de Dieu et son infinie générosité : Dieu S’est donné à la Vierge Marie et Il se donne à chacun de nous. Remercions Jésus de Se donner aussi généreusement et remercions-Le de nous avoir donné Sa Mère à la fin de sa vie afin qu’elle devienne notre Mère, notre maman céleste ! Le pécheur peut redouter la Majesté de Dieu, disait Saint Bernard, il ne doit pas, il ne peut pas douter d’une Mère aussi douce et miséricordieuse. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort a proposé la consécration à la Sainte Vierge pour mieux vivre la consécration baptismale. En nous consacrant au Cœur Immaculé de Marie, nous accueillons plus consciemment le don de Jésus, et nous reconnaissons qu’elle est vraiment notre Mère. Ne nous lassons jamais de contempler la gloire de la Mère de Dieu et de notre Mère ! Cette Mère, c’est évident, ne cesse pas de parler de ses enfants à Dieu le Père, à Jésus et au Saint Esprit et de Les prier instamment de les combler de grâces. En cette nouvelle année, la Mère de Dieu ne cessera jamais de jeter son regard d’amour sur nous. Aimons-la affectueusement, consolons-la filialement, réjouissons-la tendrement. Son Cœur maternel, si humble, si pur, si doux, si clément est sensible ! Donnez-nous, Sainte Mère de Dieu, de vivre cette année 2014 dans la joie de l’évangile et de rayonner cette joie !