Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer
Homélie pour la solennité du Saint-Sacrement - Année c
Dimanche 22 juin 2025
Mystère de l'Amour !
« Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des lois de la nature. L’une et l’autre de ces espèces, qui ne sont que de purs signes, voilent un réel divin. »
Ce passage de la séquence nous émerveille. Oui, quel mystère fêtons-nous en ce jour ! Il s’agit bien du Mystère de l’Amour !
Ce jour nous renvoie au grand jour du Jeudi Saint où Saint Jean nous décrit les sentiments de Jésus : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » (Jn 13, 1). Et encore : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! » (Lc 22, 15) Par ce sacrement, Notre Dieu se donne à nous d’une manière que personne ne pouvait imaginer. Il se donne à nous pour nous apprendre à l’aimer à notre tour d’un amour vrai et profond, qui doit se vivre au quotidien.
Saint Jean Paul II, dans son Encyclique sur l’Eucharistie nous disait :
« Il est bon de s'entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13, 25), d'être touchés par l'amour infini de son cœur. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l'art de la prière », comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d'amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? »
et il nous livrait son propre témoignage :
« Bien des fois, chers Frères et Sœurs, j'ai fait cette expérience et j'en ai reçu force, consolation et soutien ! »
Cette fête doit donc nous permettre, d’une part, de comprendre la folie de l’amour que Jésus a pour nous, et d’autre part, de grandir à notre tour dans un amour toujours plus profond et fidèle envers Jésus Eucharistie, particulièrement en le recevant dans chacune de nos communions. Pour cela il est indispensable de s’y préparer avec ferveur et de prendre ensuite le temps de faire une action de grâce pleine d’amour et de reconnaissance.
Dans une prédication, le Cardinal Ratzinger avait laissé parler son cœur en disant ces paroles toujours actuelles :
« [Dieu] est là et nous savons où le trouver, où il se laisse trouver et nous attend. Cela doit nous transpercer l’âme : Dieu est proche. Il nous connaît. Il nous attend en Jésus Christ dans le Saint Sacrement. Ne le laissons pas attendre en vain ! Par distraction ou par paresse ne passons pas à côté de ce qu’il y a de plus important et de plus grand et qui nous est offert dans notre vie. […] Ne passons pas devant sans y faire attention. Pendant la semaine aussi prenons le temps [d’entrer dans nos églises] quand nous passons tout près et de rester un moment devant le Seigneur qui est si proche […] Voilà bien ce qu’il y a de beau dans nos maisons de Dieu catholiques : en elles il y a toujours en quelque sorte la liturgie parce que la présence eucharistique du Seigneur y demeure constamment. »1
N’oublions jamais que le don du Très Saint Sacrement est un don inestimable pour l’Église, un trésor sans pareil que nous devons défendre avec fermeté et courage pour le bien de l’Église et le bien des âmes.
Le Concile Vatican II nous a rappelé que :
« C’est [...] de la liturgie, et principalement de l’Eucharistie, comme d’une source, que la grâce découle en nous et qu’on obtient avec le maximum d’efficacité cette sanctification des hommes, et cette glorification de Dieu dans le Christ, que recherchent, comme leur fin, toutes les autres œuvres de l’Église. »
Ainsi, minimiser le Saint sacrifice de la messe et l’adoration qui en découle est très grave. L’Église ne trouvera son profond renouveau que dans une ferveur renouvelée dans la célébration de la messe et l’adoration eucharistique. Déjà le Concile de Constance affirmait en 1414 :
« Dans une entreprise aussi exigeante et difficile que la réforme de l’Église, on ne doit en aucun cas compter sur ses propres pouvoirs, mais on doit s’en remettre au secours divin. Il faut donc commencer par le culte divin, par la célébration dévote de la Sainte Messe »2
Jean XXIII, pour le Concile Vatican II avait la même conviction. Lorsque les cardinaux Suenens et Döpfner avaient demandé de supprimer la messe au début de session, Jean XXIII refusa, car il affirmait que Le Concile « a peut-être plus besoin de prière que de réflexion. »3
Ainsi, rappelons-nous en ce jour l’importance de nos gestes et de notre attitude en présence de Notre Seigneur réellement et substantiellement présent dans l’Eucharistie. Ayons un cœur adorant en faisant chacune de nos génuflexions. Ne passons jamais devant le tabernacle sans faire un geste d’adoration. En le recevant dans la communion, avançons-nous vers les tables de communion avec une grande révérence et n’oublions pas que la façon ordinaire demandée par l’Église est de recevoir notre Seigneur à genoux sur la langue. Si une dérogation est accordée pour communier sur la main, il faut veiller d’autant plus au respect de Notre Seigneur. Mais la forme ordinaire demeure la communion sur la langue. L’Église nous rappelle aussi que nous ne pouvons pas recevoir le Saint Sacrement si nous sommes en état de péché mortel. C’est-à-dire que nous avons commis consciemment un péché grave et que nous n’avons pas encore reçu le pardon de nos péchés par la confession et la volonté de changer de vie. Rappelons-nous aussi que, dans nos églises, le silence doit régner en dehors du temps réservé à la prière. Nous ne pouvons pas les utiliser comme des salles polyvalentes ou des salles de concert, où même de lieu de rencontre. L’église est la maison de Dieu. Il y habite ! Il est là comme le répétait le Saint Curé d’Ars.
Alors, en ce jour, ayons vraiment à cœur d’entourer Notre Seigneur d’un amour intense et fervent. Demandons à la Vierge Marie de nous disposer à le recevoir dans quelques instants. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort nous encourage à demander cette grâce à la Vierge Marie. C’est elle qui nous apprendra à adorer son Fils. La dévotion à Notre-Dame, loin de nous éloigner de l’adoration nous permet au contraire de mieux en comprendre la profondeur. Qu’elle nous éduque donc maternellement en ce jour si beau et si important. Et qu’elle nous donne une ardeur jalouse pour défendre se si grand et si beau mystère !
1 Joseph Ratzinger livre: Opera omnia - tom 11 - Théologie de la liturgie p 430-431
2Peter Seewald livre : Benoît XVI - Une vie - Tom 1 p 428
3 Peter Seewald livre : Benoît XVI - Une vie - Tom 1 p 501