Voici que l'arche s'avance
Homélie pour la Vigile de la solennité de l'Assomption de la Vierge Marie - Année c
Jeudi 14 août 2025
Ne gaspillons pas la parole que Dieu nous donne mais faisons-en notre trésor !
Chers frères et sœurs, chers amis,
les lectures aujourd’hui et demain nous parlent de l’Arche de Dieu. Fr Jean nous a expliqué ce matin la richesse de ce qu’elle pouvait représenter pour Israël et pour l’Église. C’était l’un des objets les plus saints d’Israël. La première lecture nous a parlé de son entrée à Jérusalem. Le roi David s’était alors écrié : « Comment l’arche du Seigneur pourrait-elle venir chez moi ? ». Plus tard, Élisabeth s’écriera lors de la Visitation : « Comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à Moi ? ». David avait dansé devant l’arche. Plus tard, Jean-Baptiste dansera de joie dans le sein de sa mère en reconnaissant Jésus caché dans le sein de Marie. Un jour, l’arche fut perdue. Les Hébreux croyaient qu’elle avait été emportée au Ciel.
Benoît XVI a remarqué que l’arche n’était que le signe d’une réalité qui serait manifestée plus tard. « Dieu – affirmait-il – n’habite pas un meuble, Dieu réside dans une personne, dans un cœur : Marie, Celle qui a porté dans son sein le Fils éternel de Dieu fait homme, Jésus, notre Seigneur et Sauveur. »
Dans l’évangile de ce jour, Jésus corrige la béatitude qu’une femme de la foule avait proclamée au sujet de sa Mère. Jésus ne nie pas que Marie fut bienheureuse d’être sa Mère, mais il nous invite à devenir nous-même l’objet de cette béatitude : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ». Oui, heureux sommes nous si, comme la Vierge Marie, nous accueillons la Parole de Dieu avec foi et si nous la gardons, c’est-à-dire si nous l’assimilons de telle sorte qu’elle devienne vie en nous. Deux autres fois dans son évangile, saint Luc nous dit que la Vierge Marie retenait les paroles et les événements de la vie de Jésus et les méditait dans son cœur. Le cœur immaculé de Marie est le modèle de l’Église qui accueille, se nourrit et proclame sans cesse la Parole de Dieu. Saint Augustin a dit de Marie qu’avant d’avoir conçu le Verbe dans sa chair, elle l’avait conçu dans son cœur, par sa foi. Par son Ecce, par son « oui » dit et renouvelé chaque jour jusqu’aux pieds de la Croix, Marie a vraiment gardé la Parole de Dieu en y correspondant par sa vie. La volonté divine a pu se réaliser pleinement en son cœur à tel point qu’elle est devenue l’Arche définitive du Verbe-fait-chair.
Chers frères et sœurs, à l’école de la Sainte-Vierge, ne gaspillons pas la parole que Dieu nous donne mais faisons-en notre trésor. Ne l’écoutons pas d’une oreille distraite, mais accueillons-la dans notre cœur en demandant à l’Esprit-Saint la grâce de la méditer et d’en vivre en mettant concrètement en pratique ce que Jésus nous enseigne. Alors nous serons bienheureux, car le Verbe de Dieu pourra vivre en nous et nous en Dieu.
La fête de l’Assomption est une invitation à regarder vers le but de notre vie. La Vierge Marie habite désormais corporellement au Ciel, chez Dieu. En elle, la victoire définitive du Christ sur la mort, dont parlait saint Paul, s’est réalisée en plénitude. Marie participe de la résurrection de son Fils. Son corps glorieux irradie la lumière divine : elle est la femme revêtue du soleil. Dieu a élevée dans la gloire de sa maison celle qui était devenue ici-bas sa demeure. Il y a là une mystérieuse réciprocité. Nous sommes faits pour vivre chez Dieu et Dieu veut pour l’éternité vivre en nous ! Jésus a dit : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » (Jn 14,2). « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » (Ap 3,20). En l’Immaculée Conception Dieu s’était préparée une arche d’or pur. La Vierge Marie n’a gardé jalousement pour elle aucun recoin de son cœur, mais l’a mis entièrement à disposition de son Seigneur. Aussi Dieu s’est-il plu à anticiper pour elle la résurrection de la chair afin d’en faire dès à présent le temple vivant de sa gloire.
En cette année sainte de l’Espérance, élevons nos regards vers Marie l’étoile de l’espérance, la Stella Maris dont l’éclat nous rassure dans notre traversée sur la mer de l’histoire. Exaltée dans la gloire, elle est l’astre lumineux établi fermement dans le Ciel qui nous indique la véritable orientation de notre vie : l’ouverture du cœur à Dieu qui est amour et vérité. Dans la gloire du Ciel, auprès de Jésus notre ancre d’Espérance, le cœur maternel de Marie bat désormais pour chacun de ses enfants. La Toute-puissante-par-grâce veille sur nous et intercède pour nous auprès du Père. Aussi, vivons-nous dans l’espérance que notre Première de Cordée, que nos Père et Mère ont tant priée, nous conduira infailliblement au Ciel si nous restons fermement attachés à la corde du Rosaire et si nous suivons sa recommandation maternelle à écouter et garder la parole de son Fils : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Amen.