La Croix est devenue la marque de l'amour

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Homélie pour le 24ème Dimanche du Temps ordinaire B

Dimanche 15 septembre 2024

Cet évangile nous est bien connu, et il nous est souvent proposé dans la liturgie. Il est en effet central dans la vie de Jésus, avec cette proclamation très claire de Pierre : « Tu es le Christ. » Car c’est la mission de Pierre et de ses successeurs de proclamer que Jésus est « le Christ », et non « un des prophètes ». Cette admirable profession de foi est suivie de la première annonce par Jésus de ses souffrances à venir : « Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. » C’est sur cette dimension que la liturgie de ce dimanche insiste, en mettant en parallèle comme première lecture celle tirée du livre d’Isaïe, qui annonce un serviteur souffrant – lecture que nous entendons également le jour des Rameaux, au moment où nous entrons dans la semaine sainte. C’est donc l’occasion de réfléchir en ce dimanche sur le sens de la souffrance – plus encore puisque ce 15 septembre est aussi la mémoire de Notre Dame des Douleurs. Car il ne s’agit pas seulement de la souffrance de Jésus. En effet, après avoir annoncé sa Passion, Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

On entend souvent dire aujourd’hui que la souffrance n’a pas de sens. Ce qui est vrai, c’est que la souffrance est une conséquence du péché originel – et en ce sens, elle est un mal. Pourtant, Dieu, dans sa Providence, a transformé cette conséquence du péché en un remède. Jésus, qui n’avait pas péché, en prenant sur lui la souffrance, conséquence du péché, nous a rachetés du péché. C’est le mystère de la Rédemption. Jean-Paul II – qui savait ce qu’était la souffrance – écrivait : « La Rédemption s'est accomplie par la Croix du Christ, c'est-à-dire par sa souffrance. »[1] Il ajoute plus loin : « En opérant la Rédemption par la souffrance, le Christ a élevé en même temps la souffrance humaine jusqu'à lui donner valeur de Rédemption. Tout homme peut donc, dans sa souffrance, participer à la souffrance rédemptrice du Christ. »[2] Jean-Paul II évoque même « le caractère créateur de la souffrance. La souffrance du Christ a créé le bien de la Rédemption du monde. »[3] Ainsi, Jésus a bien donné un sens à la souffrance, en la chargeant d’amour : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13).

Or aujourd’hui, on refuse ce sens donné par Jésus à la souffrance – parce qu’on refuse l’amour. Ainsi, on veut – à tout prix – éliminer la souffrance. À l’occasion de la mémoire de Notre Dame des Douleurs, Joseph Ratzinger disait : « Nous avons besoin du chemin que le Crucifié nous indique : la communion avec lui, avec sa douleur. C'est seulement dans un processus où la souffrance du monde est attirée dans sa compassion divine, dans son corps, dans le cadre de son amour, qu'advient la transformation qui guérit le monde, qu'advient la rédemption de l'homme. (…) Depuis toujours l'Église donne la bénédiction avec le signe de la Croix. Car depuis le Christ, la Croix est devenue la marque de l'amour. Par son signe de bénédiction l'Église nous dit où est la source de toute bénédiction, de toute transformation et de toute fécondité. »[4] Jusqu’à Jésus, la croix était un signe de malédiction. Mais en Jésus elle est devenue un signe de bénédiction, au point que l’Église bénit avec le signe de la croix. Mère Marie-Augusta écrivait dans son chemin de croix : « La souffrance est bien ce qu’il y a de plus contraire à la nature ; en l’embrassant, Jésus, vous nous montrez que vous nous aimez plus que vous-même. »

Aujourd’hui certains réclament la légalisation de l’euthanasie – que l’on déguise sous des mots fallacieux comme « aide à mourir », ou que l’on pare d’artifices en évoquant une soi-disant « fraternité ». Un évêque allemand avertissait ainsi ses diocésains contre « une doctrine terrible qui cherche à justifier le meurtre des personnes innocentes, qui légitime le massacre violent des personnes handicapées qui ne sont plus capables de travailler, des estropiés, des incurables, des personnes âgées et des infirmes ! (…) On ne peut s’imaginer la dépravation morale, la méfiance universelle qui s'étendra au cœur même de la famille, si cette doctrine terrible est tolérée, admise et mise en pratique.  Malheur aux hommes, malheur au peuple allemand quand le saint commandement de Dieu : "Tu ne tueras pas !", que le seigneur a donné au Sinaï dans le tonnerre et les éclairs, que Dieu notre créateur a écrit  dans la conscience de l'homme au commencement, si ce commandement n'est pas simplement violé mais sa violation est tolérée et exercée impunément ! »[5] Ces mots ont été prononcés en 1941 par Mgr Clemens-August von Galen, évêque de Münster, et sont restés dans l’histoire sous le nom de « sermon de feu ». Car cet évêque s’est opposé à Hitler qui avait programmé l’euthanasie des personnes dites « improductives », à commencer par les personnes handicapées. En ce 15 septembre, demandons à la Vierge Marie, Notre Dame des Douleurs, d’ouvrir nos cœurs à la compassion et à l’amour. Alors nous retrouverons le sens véritable de la vie. Alors nous ne songerons plus à supprimer ceux qui souffrent, mais à les aimer, à les soulager, à les accompagner. Alors nous nous ouvrirons au mystère de la Croix du Fils de Dieu, qui nous a aimés jusqu’au bout, pour nous donner la vie.

Notes :

[1] JEAN-PAUL II, Salvifici Doloris, nº 3

[2] JEAN-PAUL II, Salvifici Doloris, nº 19

[3] JEAN-PAUL II, Salvifici Doloris, nº 24

[4] Joseph RATZINGER, Enseigner et apprendre l’amour de Dieu, pages 103-104

[5] Sermon de feu, dimanche 3 août 1941

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