Quelle est notre attitude dans la prière ?
Homélie pour le 28e dimanche du Temps Ordinaire - Année C
Dimanche 12 octobre 2025
Il nous faut regarder la prière comme un privilège véritable
En écoutant l’Évangile de ce matin, nous nous sentons un peu mal à l’aise, car au fond nous comprenons bien que nous sommes tous plus ou moins concernés. Spontanément nous pouvons être plein d’ardeur pour demander une grâce, que ce soit une guérison, une conversion, notre propre conversion ou encore la résolution d’un problème de notre vie. Nous sommes alors plein d’ardeur et de supplication et comme les dix lépreux nous crions : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » si ce n’est pas : « Mais Seigneur, pitié, écoutez-moi ! » Et en même temps, nous pouvons être incapables de voir telle ou telle grâce qui nous a été donnée, ou même si nous l’avons remarquée, notre remerciement ne dure pas bien longtemps, que le temps d’un « merci ».
Le Catéchisme de l’Église catholique est réaliste lorsqu’il nous dit :
« Une constatation devrait d’abord nous étonner. Quand nous louons Dieu ou lui rendons grâces pour ses bienfaits en général, nous ne sommes guère inquiets de savoir si notre prière lui est agréable. Par contre, nous exigeons de voir le résultat de notre demande. Quelle est donc l’image de Dieu qui motive notre prière : un moyen à utiliser ou le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ? »
Tout ceci nous amène à méditer sur notre attitude dans notre prière, et c’est une bonne chose en ce jour où nous débutons la semaine missionnaire. Car on ne peut annoncer Jésus sans le rencontrer au préalable !
Le cardinal Newman disait :
« Il nous faut regarder la prière comme un privilège véritable… c’est une si grande miséricorde qu’il nous soit possible d’approcher [du siège de Dieu] que tout esprit humble peut se demander avec raison : “Venir quand je veux, n’est-ce pas une vulgaire indiscrétion ?’’ si ce ne l’est pas, chacun trouvera sa joie à venir continuellement. »
C’est donc d’abord une attitude d’humilité que nous devons avoir. La première lecture nous a fait le récit de la guérison du général syrien, il ne faut pas oublier que dans un premier temps il ne voulut pas aller se baigner dans le Jourdain. Il trouvait ce fleuve bien misérable à côté de ceux qui traversent son pays. Son serviteur s’est risqué à le convaincre d’obéir à cette prescription, en soi si simple, certainement trop pour Naaman. C’est l’humilité qui a finalement gagné son cœur et ce fut la vraie cause de sa guérison.
Le Père ici, commentant l’Évangile du publicain et de pharisien faisait cette remarque :
« Jésus nous a présenté deux hommes en prières au Temple […] Or grâce à sa pénétration des cœurs […] il nous déclare : la prière du publicain, humble et repentante, est efficace ; la prière pleine de satisfaction personnelle du pharisien est sans fruit de grâce sinon même coupable devant Dieu à cause de sa satisfaction orgueilleuse. »
Ainsi, ayons un cœur humble, et c’est précisément cette humilité qui nous fera spontanément faire demi-tour pour rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits. Combien nous ne devons pas négliger de le remercier pour tout ce qu’il fait pour nous, mais surtout pour son amour. Comment ne pas être touché par cette supplique si poignante que nous connaissons par cœur :
« Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. »
C’est bien devant le Saint Sacrement que nous apprendrons à prier, que nous apprendrons à aimer. Saint Carlo Acutis, que nous aurions dû fêter pour la première fois en tant que saint si ce jour n’était pas un dimanche, nous appelle à aller rencontrer Notre Seigneur dans nos églises.
Il nous dirait aujourd’hui encore :
« c’est en se tenant face à Jésus Eucharistie que l’on devient des Saints » « Ne laissons pas seul au tabernacle Celui qui vient nous aider et nous soutenir dans notre chemin sur la Terre ! ».
Alors, n’ayons pas peur de prendre du temps pour l’adorer et apprendre à l’écouter. Nous l’avons entendu, aussi bien pour le Général Syrien que pour les lépreux de l’Évangile, ils ont dû écouter et faire ce qui leur était demandé. Nous aussi, dans notre prière nous avons besoin d’écouter pour chercher la volonté de Dieu.
Mère Marie Augusta disait :
« Cette écoute de Dieu doit être pleine d’ouverture du cœur, de disponibilité aux conseils et désirs de Dieu sur nous. Alors vraiment Dieu peut parler à notre âme »
N’ayons pas peur de demander cette grâce de vouloir ce que Dieu veut pour nous et de grandir dans une véritable intimité avec Dieu : « Mon secret, c’est d’avoir un contact quotidien avec Jésus. » disait encore Carlo Acutis.
Cette intimité avec Dieu se puise aussi à travers la prière du rosaire. Cette prière merveilleuse qui est si complète. Elle est à la fois une prière vocale, une méditation des mystères de la vie de Notre Seigneur ; « Le chapelet est centré sur Notre seigneur qu’on regarde en demandant à sa Mère de nous aider à bien, le regarder. » disait notre Père fondateur. Mais le chapelet peut aussi, être une véritable oraison, un moment d’intimité avec Notre Seigneur et la Vierge Marie, dans une relation toute simple et filiale. En ce mois du rosaire, essayons de dire au moins un chapelet dans notre journée, et si nous avons le temps de dire le rosaire, faisons-le ! Nous savons combien notre pape Léon XIV nous appelle à prier le chapelet pour la paix. Répondons à son appel et prions avec ardeur pour qu’advienne la civilisation de l’amour. C’est le vœu qu’il a exprimé aux gardes Suisses :
« Que la flamme de l’espérance éclaire votre vie et vous donne le courage d’oser et de contribuer ensemble à la civilisation de l’amour. » leur a-t-il dit.
Que Notre Dame du rosaire nous donne ce courage et nous apprenne à prier avec humilité, reconnaissance, persévérance et confiance.