Nous ne pouvons pas remettre notre conversion à demain !

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Homélie pour le 3ème Dimanche de Carême - Année C

Dimanche 23 mars 2025

« On gémit sur les malheurs du temps. Il faut s’amender soi-même. »

Pilate a fait massacrer des Galiléens pendant qu’ils offraient un sacrifice. Cela nous dit quelque chose de ce personnage dont nous entendrons à nouveau parler dans quelque temps, au moment du procès de Jésus… Mais pourquoi vient-on parler de cet événement à Jésus ? On attendait certainement de lui qu’il prenne position contre Pilate, en soutien aux Galiléens massacrés. Il en est souvent ainsi aujourd’hui – et même tous les jours. Hélas, nous apprenons quotidiennement des événements de ce genre, que les médias appellent malheureusement des « faits divers ». Et nous sommes pressés de prendre position, pour ou contre, et rapidement, dans un monde où l’information arrive immédiatement, et disparaît aussitôt pour laisser la place à une autre.

Aujourd’hui, Jésus nous donne une leçon très importante. Sa réponse n’est pas une fuite pour éviter de réprouver l’action de Pilate. Jésus a suffisamment parlé et prêché sur la justice, sur l’amour. Il a eu des paroles très claires, comme les béatitudes. Et des paroles très sévères contre les injustices. Sa pensée est donc connue. Mais Jésus va prendre de la hauteur, et nous apprendre à considérer les événements à la lumière de l’éternité. À la lumière de notre éternité. Avec Jésus, l’information devient formation. C’est le sens de sa réponse qui paraît sévère : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Que veut dire Jésus quand il dit que nous périrons tous « de même » ? Évidemment, il ne renvoie pas aux circonstances de la mort de ces Galiléens, ou des ces personnes tuées par la chute d’une tour. Quand Jésus dit que si nous ne nous convertissons pas, nous périrons tous de même, il veut dire que nous périrons sans être prêts. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas remettre notre conversion à demain. Car demain, il peut être trop tard. Si nous nous convertissons – c’est-à-dire si nous nous tournons vraiment vers Dieu – alors nous sommes toujours prêts à paraître devant lui.

C’est ce que disait Mère Marie-Augusta dans sa méditation du chemin de croix : « On gémit sur les malheurs du temps. Il faut s’amender soi-même. » En effet, la plupart du temps, nous n’avons pas de prise sur les événements de ce monde. Par contre, nous pouvons agir sur nous-mêmes, en nous-mêmes. Et c’est là, en nous, que commence la transformation de ce monde. C’est ce que disait aussi saint Léon le Grand, dans l’office des lectures de ce jour : « Que les croyants fassent donc la critique de leur propre état d’esprit et qu’ils examinent attentivement les sentiments intimes de leur cœur. »[1] C’est également ce que disait un jour Jean-Paul II à des jeunes : « Sans se départir de la charité, mais avec courage, il nous revient de construire d’abord en nous-mêmes, la forme de la société que nous voulons pour demain. »[2] Profitons de cet enseignement de Jésus pour approfondir notre discernement, afin que dans notre monde saturé d’informations, nous gardions le regard fixé sur l’éternité, sur notre éternité.

Cette attitude ne nous détourne absolument pas de notre devoir à accomplir sur cette terre. Ainsi, la première lecture de ce dimanche nous renvoie à un événement fondateur pour notre foi : le buisson ardent. Moïse s’approche de Dieu qui se révèle à lui. Dieu l’appelle. Puis il l’envoie : « Maintenant donc, va ! Je t’envoie… » Oui, lorsque nous nous approchons de Dieu, et qu’il nous appelle, c’est pour être envoyés. Benoît XVI disait souvent que « celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais qu’il se rend au contraire vraiment proche d’eux. »[3]

En ce jour, nous prions plus particulièrement pour les vocations. La vocation de Moïse qui nous est rapportée en ce dimanche nous montre l’importance de la réponse que sont invités à donner ceux que Dieu destine à une vocation particulière. Dieu veut envoyer à son peuple des apôtres. Il attend que ceux-ci lui répondent, comme Moïse « me voici. » Et qu’ils n’aient pas peur de faire ce que Dieu attend d’eux. Car la mission nous dépasse, mais c’est Dieu qui agit. Et c’est lui qui nous donne la force, comme le dit saint Paul : « tous, ils ont mangé la même nourriture spirituelle ; tous, ils ont bu la même boisson spirituelle. » Car la mission peut être aride. Cet événement du buisson ardent nous ramène en effet au désert, où nous sommes en ce temps de carême. C’est le lieu du combat, mais Dieu ne nous y laisse jamais seuls. Il nous envoie des hommes pour nous conduire. Il se rend proche de nous. Il nous donne le pain de la vie et la boisson spirituelle.

Prions, au cœur de notre carême, pour que beaucoup de jeunes entendent l’appel de Jésus le servir pour le salut des âmes. Nous fêterons après-demain la solennité de l’Annonciation. Ce jour-là, c’est la Vierge Marie qui unit son oui au oui du Fils de Dieu. C’est la Vierge Marie qui unit son offrande au sacrifice du Christ – selon une belle parole de la liturgie des Vœux perpétuels. Qu’en ce dimanche Notre Dame des Neiges nous aide à tourner davantage notre regard vers Dieu, vers l’éternité, pour considérer de manière juste les événements de ce monde. Alors nous permettrons ainsi, comme le disait notre Sœur Claire, que « l’amour rayonne. »

[1] Office des lectures de ce jour

[2] Jean-Paul II, Discours aux jeunes à Lourdes, 15 août 1983

[3] Benoît XVI, Deus caritas est, n° 42

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