Le Seigneur est proche !

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Homélie pour le Dimanche de Gaudete - Année C

Dimanche 15 décembre 2024

Dieu nous est proche ; là est notre joie et le motif de notre espérance !

En ce troisième dimanche de l’Avent, traditionnellement appelé le dimanche de Gaudete, l’Église toute entière est en joie. Une joie dont le motif réside dans cette conviction énoncée par saint Paul dans la seconde lecture : « le Seigneur est proche ».

Oui, Dieu nous est proche. Comme nous en avons fait l’expérience durant notre pèlerinage, le Ciel n’est pas loin de la terre. Par les sacrements et par la Vierge Marie, Jésus venu autrefois dans la chair demeure encore aujourd’hui au milieu de son Église. Notre Dieu n’est pas comme les dieux de l’Olympe qui, selon la légende, regardaient le spectacle du monde du haut de leurs nuages. En Jésus, le Seigneur nous a manifesté sa proximité, lui qui s’est fait l’Emmanuel, Dieu avec nous. Dieu est avec nous que nous soyons dans la peine ou dans la joie. Il est proche de nos familles, il est proche de nos pays, il est proche de notre monde. Là est donc le grand motif de la joie que nous voulons célébrer à l’approche de Noël : « le Seigneur est proche ».

En entendant ces paroles, certains s’étonneront, voire même s’offusqueront : comment affirmer que Dieu est proche des hommes ? En effet, comment Dieu pourrait-il être proche des hommes alors que notre monde est marqué par tant de péché, tant de guerres fratricides, tant d’injustices, tant de tristesse ? Où est Dieu en Syrie, en Ukraine, au Liban ou encore dans notre Occident sécularisé ?

En ce dimanche, saint Jean-Baptiste vient répondre à ces questions. Son message de conversion rappelé dans l’Évangile de saint Luc nous rappelle que Dieu n’est présent que là où un homme lui ouvre son cœur. Durant sa vie terrestre, Jésus n’a jamais imposé sa présence dans les villages et les villes qu’Il a visités. Aujourd’hui encore, le Seigneur ne force pas la porte de nos cœurs et de nos nations. Il n’y entrera que si nous le voulons.

Ainsi, il nous faut reformuler la question : plutôt que nous demander si Dieu est proche de nous, nous devrions plutôt nous demander si nous sommes proches de Dieu. Tout comme les foules qui venaient se faire baptiser par Jean, nous devons nous demander à leur suite : « Que devons-nous faire » pour que Dieu soit de nouveau proche de notre monde ? Ou, pour le dire autrement, il nous faut quitter notre péché afin de laisser Dieu redevenir proche de nous.

La joie que nous célébrons en ce dimanche n’est donc pas une joie béate ou idéaliste. Elle naît de la conversion du cœur et s’accomplit dans la communion avec Dieu. La joie n’est pas pour les chrétiens un pur sentiment mais elle est plutôt comme le trophée de leur victoire sur le péché. C’est la joie de Dieu lui-même qui « exulte et qui se réjouit » (Sophonie) de voir ses enfants revenir à Lui. En s’incarnant il y a 2000 ans, le Verbe a franchi l’infinie distance qui séparait l’homme de Dieu. Aujourd’hui, en 2024, il revient aux hommes de faire le dernier pas, celui de la conversion, afin que Dieu fasse sa demeure en eux et qu’Il leur donne sa joie.

Pour l’instant, il faut le reconnaître, notre joie est encore mélangée à la tristesse, comme le symbolise le rose de nos ornements, mélange du violet de la pénitence et du blanc de la joie. Nous ne sommes pas encore pleinement dans la joie, parce que Dieu n’est pas encore pleinement et définitivement présent dans nos cœurs et dans notre monde. Mais viendra un jour, au terme de l’Histoire, où le Seigneur reviendra pour achever son œuvre de salut. Ce sera alors le grand triomphe de Dieu. La foi laissera place à la vision. Le péché disparaîtra et, avec lui, son cortège de souffrances et de peines. Dieu nous sera définitivement proche. Il habitera au milieu de nous pour toujours, en nos cœurs. La joie que nous éprouvons aujourd’hui est donc une anticipation de cette joie qui nous saisira au dernier jour et que nous goûtons dès aujourd’hui en espérance.

Parvenus au terme de notre pèlerinage, nous allons bientôt repartir dans le monde. Notre monde, en s’éloignant de Dieu, s’est éloigné de la joie et s’est recouvert d’un voile de tristesse. Cependant, la Vierge Marie nous accompagnera sur notre route. Sa présence maternelle à nos côtés nous gardera dans la joie du cœur, malgré les tristesses du temps présent. À Lourdes, Notre-Dame n’a pas donné immédiatement son nom à sainte Bernadette qui le lui demandait mais elle lui a simplement souri, et cela à plusieurs reprises. De fait, ce sourire était déjà pour la Vierge Marie une manière de dire son nom. Notre-Dame est en effet le sourire de Dieu. Elle est ici-bas un reflet fini de la joie infinie qui nous attend au Ciel. Dans notre vallée de larmes, Notre-Dame des Neiges nous sourit du haut de sa colline. Résistant aux vents violents de l’histoire, elle demeure un signe de la présence de Dieu au milieu de son Peuple. Aussi, avant de repartir, prenons une dernière fois le temps de la contempler. Oui, en elle se vérifient d’une manière éclatante les mots de saint Paul : « le Seigneur est proche ». Par Marie et en Marie, Dieu nous est proche. Là est notre joie et le motif de notre espérance.

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