Qu'on élève des prières humbles et assidues vers le Seigneur !

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Homélie pour le 3ème Dimanche de Pâques - Année C

Dimanche 4 mai 2025

Mais que font les apôtres en Galilée ?

Nous aimons beaucoup cet évangile, qui est très touchant. Mais que font les apôtres en Galilée, c'est-à-dire à 150 kilomètres de Jérusalem, où nous les avons laissés dimanche dernier ? Ils étaient alors dans le cénacle, le huitième jour après la résurrection de Jésus. Thomas y était. Et les voici aujourd’hui revenus dans leur région, en Galilée, semblant avoir repris une vie ordinaire, au point de partir à nouveau à la pêche sur ce lac de Tibériade.

Soulignons d’abord que c’est Jésus lui-même qui leur a donné rendez-vous là-bas. En allant le Jeudi saint du Cénacle au Mont des Oliviers, Jésus leur avait dit : « Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : "Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées." Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée » (Mt 26, 32). Et le matin de Pâques, lorsque Jésus apparaît ressuscité aux saintes femmes, il leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (Mt 28, 10). Là, Jésus va venir à leur rencontre d’une manière assez semblable à la première pêche miraculeuse, quand il avait appelé Pierre, Jacques, Jean et André. Il leur avait alors promis qu’il ferait d’eux des pêcheurs d’hommes (cf. Lc 5, 1-11 et Mt 4, 19).

C’était le commencement de leur marche à la suite de Jésus. Après la Passion, la mort et la résurrection du Seigneur, ils ont besoin de prendre un nouveau départ, de se remettre à la suite de Jésus de tout leur être. Désormais ils le connaissent. Ils ont écouté ses paroles, qui ont pénétré leurs cœurs. Ils ont grandi dans l’intimité avec lui. Et malgré leur grande faiblesse lors de la Passion, ils l’aiment profondément. Rappelons-nous : lors de la première pêche miraculeuse, Pierre est saisi d’effroi, il tombe à genoux devant Jésus et dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur » (Lc 5, 8). Ici, lorsqu’il réalise qu’il s’agit bien de Jésus, il se jette à l’eau pour le rejoindre. C’est alors qu’il aura cette belle rencontre avec Jésus. Nous avons entendu ce passage il y a huit jours, à l’occasion des funérailles du Pape François : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? »

Aujourd’hui l’Église du Christ n’a plus de pape. Elle implore de Dieu le don d’un pasteur selon son cœur. Les cardinaux vont entrer ce mercredi en conclave. C’est une étape qu’il nous faut porter dans la prière.

Beaucoup de chrétiens pensent que le conclave agit comme les sacrements, ex opere operato, autrement dit que l’Esprit saint agit infailliblement sur le choix des cardinaux, et que celui qui est élu est nécessairement celui que l’Esprit-Saint aura choisi. Ce n’est hélas pas le cas ! L’Esprit Saint agit, oui. Mais nous, les hommes, ne sommes pas toujours à son écoute. Nous savons donc que l’Esprit Saint agira, mais il nous faut prier pour que les cardinaux soient à son écoute.

En 1997, interrogé au sujet du rôle du Saint Esprit durant un conclave, le cardinal Joseph Ratzinger précisait :

« L’Esprit ne prend pas vraiment le contrôle de la situation, mais plutôt, comme un bon éducateur, nous laisse beaucoup d’espace, beaucoup de liberté, sans nous abandonner complètement. Par conséquent, le rôle de l’Esprit-Saint doit être compris dans un sens beaucoup plus élastique, et non pas comme dictant pour quel candidat voter. La seule sécurité qu’il offre est probablement qu’on ne peut pas tout gâcher. Il y a beaucoup d’exemples de papes que le Saint-Esprit n’aurait clairement pas choisis. »1

C’est pourquoi Jean-Paul II, lorsqu’il avait donné le texte qui ordonne aujourd’hui la période de vacance du Siège apostolique et l’élection d’un nouveau pape, avait écrit :

en cette période, « l'Église est unie de manière toute particulière à ses Pasteurs et spécialement aux Cardinaux électeurs du Souverain Pontife, et elle implore de Dieu un nouveau Pape, comme don de sa bonté et de sa providence. En effet, à l'exemple de la première communauté chrétienne dont il est question dans les Actes des Apôtres (cf. 1, 14), l'Église universelle, spirituellement unie à Marie, Mère de Jésus, doit persévérer unanimement dans la prière ; ainsi l'élection du nouveau Pontife ne sera pas un fait étranger au Peuple de Dieu et réservé au seul Collège des électeurs, mais, dans un sens, elle sera une action de toute l'Église. »

Et il ajoutait :

« En conséquence, j'établis que dans toutes les villes et autres lieux, au moins les plus importants, à peine connue la nouvelle de la vacance du Siège apostolique et, de manière particulière, de la mort du Pontife, ainsi qu'après la célébration des services solennels à son intention, on élève des prières humbles et assidues vers le Seigneur (cf. Mt 21, 22 ; Mc 11, 24), pour qu'il éclaire le cœur des électeurs et réalise si bien leur accord dans l'élection que cette dernière soit rapide, unanime et utile, comme l'exige le salut des âmes et le bien de tout le Peuple de Dieu. »2

Le ministère de Pierre requiert aujourd’hui un grand courage. Le successeur de Pierre doit, comme jadis les apôtres, pouvoir dire en toute liberté – comme nous l’avons entendu dans la première lecture : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » Au début de ce mois de mai, confions à la Vierge Marie l’Église de son Fils. Qu’elle éclaire tous ceux qui doivent veiller « fidèlement sur la foi catholique reçue des Apôtres. »

Notes :

1 Georg Gänswein, Avec Saverio Gaeta, Rien d’autre que la vérité ; Ma vie aux côtés de Benoît XVI, Artège, 2023, pages 59-60

2 Constitution apostolique Universi Domini gregis, nº 84

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