Jésus nous montre la voie du don de soi
Homélie pour le 5ème Dimanche de Pâques - Année C
Dimanche 18 mai 2025
Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres
Comme nous l’avons dit au début de cette messe, nous sommes bien évidemment en union de prière avec la Messe qui a commencé sur la place Saint-Pierre, à l’occasion de l’intronisation de notre Pape Léon XIV. Les lectures de ce jour, loin d’être en décalage avec ce que vit actuellement l’Église universelle, nous y conduisent au contraire.
Au début de la messe, le Saint-Père recevra deux insignes importants : le pallium et l’anneau du pêcheur.
Benoît XVI avait pris le temps d’expliquer la signification de ces insignes. À propos du pallium, il disait :
« Ce signe très ancien […] peut être considéré comme une image du joug du Christ […]. Le joug de Dieu est la volonté de Dieu, que nous accueillons. […] La volonté de Dieu ne nous aliène pas, elle nous purifie – parfois même de manière douloureuse – et nous conduit ainsi à nous-mêmes. De cette manière, nous ne le servons pas seulement lui-même, mais nous servons aussi le salut de tout le monde, de toute l’histoire. En réalité, le symbolisme du pallium est encore plus concret : la laine d’agneau entend représenter la brebis perdue […] que le pasteur met sur ses épaules et qu’il conduit aux sources de la vie. […] Il la charge sur ses épaules, il porte notre humanité, il nous porte nous-mêmes. Il est le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Le Pallium exprime avant tout que nous sommes portés par le Christ. Mais, en même temps, le Christ nous invite à nous porter les uns les autres. »
Dans la première lecture de ce jour, nous avons entendu un passage relativement court au regard du voyage qu’il rapporte. Rien qu’en l’écoutant, nous sommes fatigués pour saint Paul. Nous voyons combien l’Apôtre des Nations avait à cœur cette mission de porter la brebis perdue. Il avait accepté la volonté de Dieu sur le chemin de Damas et s’était donné sans compter pour servir le salut de tout le monde — pour reprendre les mots de Benoît XVI. Nous nous souvenons de ce passage merveilleux de sa première épître aux Corinthiens : « libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. […] Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi. »
Léon XIV a déjà exprimé cette exigence dans sa première homélie en déclarant :
« Aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir. Il s’agit d’environnements où il n’est pas facile de témoigner et d’annoncer l’Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c’est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement. »
Alors, nous aussi, où que nous soyons, n’ayons pas peur de nous porter les uns les autres.
Dans l’Évangile, nous avons entendu le grand appel de Jésus, qui nous donne – avec une grande affection – ce commandement de nous aimer les uns les autres : « Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Le second insigne reçu par le Saint-Père en ce jour est l’anneau du pêcheur, cette bague pontificale qui rappelle que Jésus a confié à saint Pierre la mission d’être pêcheur d’hommes. Benoît XVI disait :
« Le filet de l’Évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie. Il en va ainsi dans la mission de pêcheur d’hommes, à la suite du Christ, il faut tirer les hommes hors de l’océan salé de toutes les aliénations vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu. Il en va ainsi : nous existons pour montrer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie. […] Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire. Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec lui. La tâche du pasteur, du pêcheur d’hommes, peut souvent apparaître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu’en définitive elle est un service rendu à la joie, à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde. »
Comme nous l’avons dit, dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous rappelle : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » Il nous a montré la voie du don de soi. Mère Marie-Augusta disait : « Donum Dei : c’est l’un de tes noms, mon Seigneur, c’est un de tes titres, c’est aussi ton histoire. Se donner, c’est le besoin de l’amour. »
Jésus n’appelle pas seulement Léon XIV à marcher sur ce chemin ; il nous y appelle tous. « L’apostolat de l’Amour est irrésistible », disait encore Mère Marie-Augusta. Alors, en ce début de pontificat de notre nouveau Pape, offrons tous nos actes d’amour — même coûteux — pour le soutenir, et prions beaucoup la Vierge Marie en ce mois de mai. Que sa « tendre intercession », pour reprendre les mots du Saint-Père, l’accompagne, et qu’elle nous aide tous à avancer sur le chemin de l’amour — c’est-à-dire le chemin du don de soi, celui qui nous conduit à la Jérusalem céleste, telle qu’elle est décrite dans la deuxième lecture. Le plus beau cadeau que nous puissions offrir à notre Mère du Ciel, c’est d’accroître, en quantité comme en qualité, tous nos actes d’amour. Ainsi, en ce mois de mai, nous réjouirons véritablement le Cœur de la Vierge Marie.
Et vous, les enfants qui vous préparez à votre première communion, demandez à la Vierge Marie — que l’on aime tant au Puy — de préparer elle-même votre cœur à accueillir Jésus, et de vous donner le profond désir de vivre son commandement de nous aimer les uns les autres. Alors, vous serez vraiment prêts pour ce moment si important de votre vie.