En cénacle avec toute l'Eglise

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Homélie pour le 7ème Dimanche de Pâques - année B

Dimanche 12 mai 2024

La route qui nous conduit à Dieu est l’Église

Depuis l’Ascension, l’Église est entrée en prière pour implorer durant neuf jours la venue du Saint-Esprit à Pentecôte.

Les lectures de ce dimanche peuvent nous aider à mieux comprendre la signification de cette grande prière à l’Esprit-saint.

La première lecture, tout d’abord, nous a rappelé ce qui restera un événement absolument unique dans l’histoire de l’Église : le remplacement de Judas, l’un des douze apôtres. En effet, si tous les apôtres ont eu à leur mort des successeurs – les évêques – afin de continuer leur mission en leur nom, aucun d’entre eux, sauf Judas, n’a eu de « remplaçant ». Les onze choisis par Jésus durant sa vie publique seront donc apôtres pour l’éternité. Mais parce que Judas s’est éternellement séparé de Jésus, il s’est exclu du collège apostolique. Pour le remplacer, l’Esprit-saint a choisi saint Matthias. En effet, il fallait que le collège des apôtres soit au complet pour entrer au Cénacle avec la Vierge Marie et se préparer à la Pentecôte.

Cette volonté du Saint-Esprit nous dit quelque chose d’important. Car, comme le suggèrent les lectures de ce dimanche, l’Esprit-saint n’est pas descendu sur des individus isolés mais sur des apôtres réunis en Église.

De même que Dieu ne crée pas une âme sans qu’il existe un corps pour la recevoir, de même l’Esprit saint – qui est l’âme de l’Église – ne pouvait descendre sans qu’existe un corps pour la recevoir, le collège apostolique. L’unité des douze apôtres était donc une condition nécessaire pour que l’Esprit-saint soit donné. Ce qu’affirmait saint Jean dans la seconde lecture que nous avons entendu lorsqu’il disait : « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection ». Encore aujourd’hui, on ne peut vouloir être consacré par l’Esprit saint tout en voulant rester en dehors de l’Église, ou en lui étant uni à moitié. La condition pour vivre de l’Esprit saint est de vivre du mystère de l’Église, ce Peuple consacré par Dieu au milieu des nations.

L’Évangile de ce dimanche nous parle en effet de cette mystérieuse consécration de l’Église opérée le jour de la Pentecôte. Le soir du Jeudi saint, Jésus avait prononcé des paroles mystérieuses dont le sens avait échappé aux apôtres : « Je me sanctifie, je me consacre, disait alors Jésus, afin qu’ils soient eux aussi consacrés dans la vérité » en parlant de ses apôtres. Jésus s’est ce soit-là consacré à Dieu en livrant sa vie, par amour pour le salut des âmes. Et cette consécration de lui-même, Jésus désirait l’étendre à l’ensemble de son Corps qu’est l’Église. Jésus, la Tête de ce Corps, voulait que l’Église toute entière soit un peuple consacré, c’est-à-dire donné à Dieu en offrande pour le salut des âmes.

Dans l’Ancien Testament, nous lisons que le peuple d’Israël avait été consacré à Dieu. Il avait été pour cela mis à part des autres nations. Dieu lui avait donné des lois, une liturgie, et Il avait scellé une alliance. En tant que membres du Peuples de Dieu, chaque juif pouvait donc être fier de dire qu’il était un consacré, un homme ou une femme donné à Dieu et donc différent des païens. Et, de fait, cette consécration d’Israël demeure. Le Peuple juif demeurera un peuple consacré jusqu’à la fin des temps puisque, comme l’a écrit saint Paul, les « dons de Dieu sont sans repentance ».

Cependant, le jour de Pentecôte, l’Esprit saint est descendu sur les douze Apôtres afin de constituer ce nouveau et définitif Peuple de Dieu qu’est l’Église. Ce que les hébreux avaient reçu en figure a été ce jour-là accompli pleinement chez les chrétiens : nous sommes devenus le jour de Pentecôte un Peuple consacré à Dieu, séparé du monde et entièrement donné à lui pour le salut des âmes. Nous aussi, nous avons alors reçu une loi, une liturgie, des sacrements, et avons scellé une alliance avec Dieu. Nous avons reçu une onction, l’Esprit saint, qui nous fait agir pour Dieu et a fait de nous un Peuple consacré.

De fait, se préparer à Pentecôte, ce n’est donc pas seulement invoquer l’Esprit saint pour qu’il descende sur chacun de nous, ou sur les hommes en général. Pentecôte est en effet un événement ecclésial. C’est l’Église qui reçoit l’Esprit saint. Et le rappel de cette dimension ecclésiale de la fête de Pentecôte doit nous faire réfléchir, à une heure où la tentation de l’individualisme est plus forte que jamais. En effet, lorsque l’on constate l’état de notre Église et de certains de ses membres, on pourrait être tenté de vouloir vivre notre foi, notre relation à Dieu, sans l’Église. Certains diront même : « Jésus, oui. L’Église, non. » Or, Jésus a institué l’Église pour qu’elle soit le sacrement du salut. C’est par elle que nous avons reçu l’Esprit saint et c’est en vivant pour elle que nous le conserverons. La route qui nous conduit à Dieu est l’Église, le sacrement du salut. Et c’est en étant dans l’Église, en restant dans l’Église, que nous pourrons vivre de l’Esprit saint.

En ces jours qui nous préparent à Pentecôte, nous pouvons donc nous rappeler que si nous sommes citoyens français, nous sommes avant tout membres du Peuple saint qu’est l’Église. L’Église est une « nation sainte » comme le dit saint Pierre, un Peuple mystérieux consacré à Dieu dont nous devons être fiers d’être les membres.

Sans l’Église, nous n’aurions pas la vie de Dieu, nous ne serions pas sauvés en espérance, nous ne connaîtrions pas la vérité, nous n’aurions pas le secours de sacrements, de la prière et de la communion de saints.

En tant qu’elle est ce mystère divin du Corps du Christ, l’Église ne mourra jamais. Elle a les promesses de la vie éternelle, et « jamais les portes de l’Enfer ne l’emporteront contre elle ».

En cette neuvaine de Pentecôte, nous voulons nous disposer à recevoir l’Esprit saint en renouvelant notre amour pour l’Église. En ces prochains jours, demandons à la Vierge Marie de participer avec profondeur à la vie de l’Église, à cette prière des Apôtres au Cénacle qui continue celle prononcée par Jésus le soir du Jeudi saint : « Qu’ils soient un, comme nous sommes un ».

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