Ciné-débat sur l'euthanasie à Sens avec les AFC et la Fondation Jérôme Lejeune

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Mourir n'est pas tuer : enquête au cœur de la fin de vie

80 personnes pour une soirée réussie

Ce mardi 25 avril 2023, 80 personnes ont choisi de répondre à l’invitation de l’AFC de Sens et sa région, en collaboration avec la Fondation Jérôme Lejeune, en participant au Ciné-débat sur le thème "Mourir n’est pas tuer - enquête au cœur de la fin de vie", organisé en notre foyer Domini de Sens.

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Lucie Pacherie, juriste de la Fondation Lejeune, déjà présente en notre Foyer de Cannes pour la première diffusion du documentaire de Géraud Burin des Roziers le 27 février dernier, commence par introduire la soirée devant une assistance nombreuse venue des quatre coins du département et même au-delà.

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Projection du documentaire Mourir n’est pas tuer - enquête au cœur de la fin de vie

Après la projection du film produit par Bernard de la Villardière, deux médecins sénonais spécialisés dans les soins palliatifs, répondent aux questions et enrichissent le débat de leur témoignage passionnant.

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Ils commencent par partager leur enthousiasme :

« le film est excellent, c’est la vraie vie que nous vivons au quotidien, les réflexions que nous avons, l’attitude que nous essayons d’avoir dans  notre exercice quotidien. »

Une lacune cependant : on ne perçoit pas assez la pression qui est déjà présente au quotidien, pas tant de la part des patients, que de la part des familles qui envisagent froidement qu’on mette fin à la vie de leur proche.

« L’euthanasie, ça fait froid dans le dos. Tout ça, c’est pour qu’il y ait moins de vieux. Il y a une forme d’eugénisme qui est là. »

La bataille des soins palliatifs

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Le choix des soins palliatifs leur a demandé du courage : « le soin palliatif, ça a été une bataille énorme. Dans l’Yonne, nous avons la chance d’avoir un service (actuellement 12 lits), deux unités mobiles, un réseau qui couvre tout le département. C’est un des rares endroits où il y a un peu tout. Mais une angoisse demeure : est-ce que ça va pouvoir continuer ? »

Les questions se succèdent, provoquant des réponses intéressantes.

Quand on entre dans une unité de soins palliatifs, est-ce qu’on a une chance d’en sortir guéri ?

Non, les soins palliatifs ne sont pas prévus pour guérir, mais pour accompagner le malade en soulageant sa souffrance, en prenant soin de son confort, et se mettant à son écoute. On ne sort donc pas guéri des soins palliatifs, mais il arrive que des patients quittent l’unité de soins palliatifs après avoir bénéficié d’un soulagement suffisant pour reprendre un rythme de vie « normal ».

Sur la fin de vie, on ne manque pas de loi

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Lucie Pacherie apporte son expertise juridique. On veut légaliser l’euthanasie et le suicide assisté. Mais en 30 ans, nous avons déjà 5 lois sur le sujet. La solution n’est pas de rajouter une loi pour servir un droit à mourir qui relève d’une idéologie, mais de mieux développer les soins palliatifs déjà présents dans la loi. Comment se fait-il que les 5 plans nationaux qui se sont succédé ces dernières années n’aient alloué que 171 millions d’euros au développement des soins palliatifs, alors que les besoins sont de 800 millions d’euros. En tant que citoyen, il est de notre rôle de demander au politique d’appliquer les lois afin que tous aient accès aux soins palliatifs.

Vers des contradictions juridiques

Il y aura beaucoup de contradictions juridiques qui émaneront d’une possible légalisation de l’euthanasie. La politique de prévention du suicide, la non assistance à personne en danger qui vaut pour le médecin qui ne réanime pas un suicidant : ces principes seront-ils lettre morte en légalisant euthanasie et suicide assisté ?

Alors qu’aux urgences, le médecin sera dans l’obligation de réanimer un suicidant, ailleurs un autre médecin sera dans l’obligation de répondre à la demande d’assistance du suicidant.

Logique effrayante de déconstruction

A l’Assemblée Nationale, ils ont en horreur la médecine paternaliste. Ils sont dans une optique de déconstruction de la médecine paternaliste et donc du serment d’Hippocrate. En audition, quand on alerte sur le rééquilibrage de la relation patient-médecin, sur le fait que le médecin n’est pas prestataire de service, ils nous contredisent : « vous vous trompez. Le sachant c’est le patient, le médecin est là pour répondre à la demande du patient. »

A propos des directives anticipées contraignantes, lorsqu’on demande qu’on parle de discussion anticipée, et non contraignante, on nous répond que non, ce n’est pas le patient qui consent au soin que propose le médecin, c’est le médecin qui consent au soin que demande le patient. La contradiction juridique ne les inquiète pas. Nous, on les alerte, mais ils s’en moquent.

Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous aider ?

Réponse d’un médecin : « Tous les combats que j’ai réussi à gagner, ça a été grâce aux gens, aux associations qui se font entendre, qui envoient des lettres aux députés, aux maires, aux ARS, au président, au premier ministre, les articles dans la presse. » La seule chose qui marche, c’est de faire du bruit. De façon intelligente, raisonnable, avec des arguments qui tiennent la route.

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Vous pouvez nous aider en vous regroupant. N’ayez pas peur des lobbys qui travaillent pour que l’euthanasie soit légalisée. Il ne faut pas baisser les bras. L’interpellation des élus est nécessaire, même si on a l’impression que c’est perdu d’avance. Mais on ne perd jamais à informer. Des outils sont disponible (AFC, FJL). Quand il y aura les décrets d’application, il faudra se mobiliser pour manifester les contradictions.

La plateforme Toutmaispasca.org

Sur la plateforme Toutmaispasca.org, vous pouvez demander un kit d’appartement pour faire connaître le documentaire à vos proches, vos voisins : voilà une action locale. A travers cela, beaucoup vont découvrir les soins palliatifs. Ils pourront y penser quand ils en auront besoin. Ils seront aidés pour mieux appréhender leur fin de vie.

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Exprimez-vous sur les réseaux sociaux, dans les media. La bataille de l’opinion se joue beaucoup sur les réseaux sociaux. On voit des commentaires d’un niveau assez terrible : ça lui permet de finir ses jours paisiblement, j’ai fait ça avec mon chien… Et personne ne répond en disant : je suis choqué par ce que vous dites. Il y a là un terrain à investir, on peut faire passer des idées.

Le manifeste des 110

Aux élus, écrivez des lettres personnalisées. Prenez la parole dans les media. Portez le manifeste des 110 qui manifeste une opposition de personnes qui ont traversé la maladie, ou sont âgées (+ 80 ans). En réponse au manifeste des 109 qui demande le droit de mourir, signé par des acteurs de cinéma, des politiques, qui n’ont pas traversé l’épreuve de la dépendance, le manifeste des 110 déclare :

« La légalisation de l’euthanasie est violente pour nous ! »

Rappelez qu’une très grande majorité des médecins est contre l’euthanasie, car elle va à l’encontre du soin. 800 000 soignants ont publié un avis contre l’euthanasie.

La mort : un moment important de la vie

Souvent, la physiologie de la fin prend du temps, c’est difficile, mais c’est un moment de la vie. La plupart du temps, les familles qui demandent qu’on précipite les choses sont en général en très grande souffrance, elles n’arrivent pas à gérer la situation, elles se projettent dans la fin de vie du proche. Mais la fin de vie est extrêmement importante à vivre pour la personne et pour les proches et les familles.

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La mort est vécue par tout le monde, elle doit être un moment de grande solidarité. On ne peut pas mettre de côté la fin de vie. C’est un cheminement qui se fait par le patient et la famille. Tout le monde vit le deuil. On le vit avec eux. Certains sont extrêmement en colère, d’autres très tristes. C’est triste que la société actuelle veuille évacuer ces moments là, des moments fondateurs pour une vie, pour les proches.

Dans les pays où est légalisée l’euthanasie, apparaissent énormément de deuils pathologiques. C’est terrible.

Le sacrement des malades

N’oublions pas enfin que tout baptisé confronté à la maladie peut demander à recevoir le sacrement des malades, institué par Jésus pour aider à porter la souffrance.

Conclusion : le combat n’en est qu’à ses débuts

Vers minuit, les dernières personnes quittent la salle. L’ombre des perspectives à venir est illuminée par la joie sereine qui résulte des échanges profonds de cette soirée. Merci aux intervenants d’avoir pris tout ce temps pour nous former. A chacun désormais d’en témoigner sans peur, avec audace, avec courage.

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Crédit photos

  • Brigitte de Lécluse (Site)
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