L'Afrique, continent de l'espérance pour le monde, conviction prophétique de Benoît XVI !

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Notre Saint-Père a fait part d’une jeunesse de cœur et d’un esprit prophétique auxquels nous ne nous attendions pas au cours de son dernier voyage historique en Afrique. Il n’a pas cherché à faire plaisir à l’Afrique en affirmant que ce Continent avait un rôle important à jouer dans l’édification d’un monde plus juste et plus humain, grâce à la Mission de l’Eglise, que nos frères chrétiens africains aiment considérer comme « Famille de Dieu », mais il a affirmé une conviction intérieure prophétique, rappelée au moment où il allait quitter le sol béninois :

« Pourquoi un pays africain n’indiquerait-il pas au reste du monde la route à prendre pour vivre une fraternité authentique dans la justice en se fondant sur la grandeur de la famille et du travail ? ».

La devise du Bénin : « Fraternité, Famille, Travail » a quelque chose à dire au monde entier en ce moment de l’histoire !

Benoît XVI a donné un nouveau discours lumineux, après ceux aux parlementaires britanniques et allemands, ce samedi 19 novembre, devant le Chef de l’Etat du Bénin, le gouvernement et bien d’autres personnes en responsabilité dans la société, l’Eglise et les autres religions. Ce discours est marqué par le réalisme de l’espérance des Pères du Concile Vatican II. Il révèle aussi la connaissance de l’Afrique qu’a le Saint-Père et sa grande affection pour ce Continent.

« Il est facile, disait-il, de prendre le ton sentencieux du moralisateur ou de l’expert, qui impose ses conclusions et propose, en fin de compte, peu de solutions adaptées. Il est tout aussi tentant d’analyser les réalités africaines à la manière d’un ethnologue curieux ou comme celui qui ne voit en elles qu’un énorme réservoir énergétique, minéral, agricole et humain facilement exploitable pour des intérêts souvent peu nobles. Ce sont là des visions réductrices et irrespectueuses, qui aboutissent à une chosification peu convenable de l’Afrique et de ses habitants ».

Le Pape, conformément à son habitude, a utilisé le langage vrai pour parler des événements actuels en Afrique du Nord :

« Ces derniers mois, de nombreux peuples ont manifesté leur désir de liberté, leur besoin de sécurité matérielle, et leur volonté de vivre harmonieusement dans la différence des ethnies et des religions. Un nouvel état est même né sur votre continent. Nombreux ont été également les conflits engendrés par l’aveuglement de l’homme, par sa volonté de puissance et par des intérêts politico-économiques qui font fi de la dignité des personnes ou de celle de la nature... Il y a trop de scandales et d’injustices, trop de corruption et d’avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort ».

Il a cherché, en Père qui n’est pas indifférent aux souffrances des peuples, à comprendre les raisons de ces événements :

« Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente. Il veut participer à la bonne gouvernance. Nous savons qu’aucun régime politique humain n’est idéal, qu’aucun choix économique n’est neutre. Mais ils doivent toujours servir le bien commun. Nous nous trouvons donc en face d’une revendication légitime qui touche tous les pays, pour plus de dignité, et surtout pour plus d’humanité. L’homme veut que son humanité soit respectée et promue. Les responsables politiques et économiques des pays se trouvent placés devant des décisions déterminantes et des choix qu’ils ne peuvent plus éviter ».

Avec détermination et conviction, il a lancé ce grand appel à tous les responsables politiques :

« De cette tribune, je lance un appel à tous les responsables politiques et économiques des pays africains et du reste du monde. Ne privez pas vos peuples de l’espérance. Ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent ! Ayez une approche éthique courageuse de vos responsabilités et, si vous êtes croyants, priez Dieu de vous accorder la sagesse... Quel qu’il soit, le pouvoir aveugle avec facilité, surtout lorsque sont en jeu des intérêts privés, familiaux, ethniques ou religieux”.

La crise mondiale ne pourra pas être surmontée par les seules forces humaines. Benoît XVI a rappelé ses deux convictions : rendre Dieu présent aux hommes de notre temps ; redonner à la religion sa place dans nos sociétés en bannissant, cependant, toute violence.

Dieu seul purifie les cœurs et les intentions. L’Eglise n’apporte aucune solution technique et n’impose aucune solution politique. Elle répète: N’ayez pas peur! L’humanité n’est pas seule face aux défis du monde. Dieu est présent. C’est là un message d’espérance, une espérance génératrice d’énergie, qui stimule l’intelligence et donne à la volonté tout son dynamisme ».

Dans le prolongement de son enseignement à Assise, il a déclaré avec fermeté :

"Il n'est pas nécessaire de rappeler les récents conflits nés au nom de Dieu, et les morts données au nom de celui qui est la Vie. Toute personne de bon sens comprend qu’il faut toujours promouvoir la coopération sereine et respectueuse des diversités culturelles et religieuses. Le vrai dialogue interreligieux rejette la vérité humainement égocentrique, car la seule et unique vérité est en Dieu... De ce fait, aucune religion, aucune culture ne peut justifier l’appel ou le recours à l’intolérance et à la violence. L’agressivité est une forme relationnelle assez archaïque qui fait appel à des instincts faciles et peu nobles. Utiliser les paroles révélées, l'Ecritures ou le nom de Dieu, pour justifier nos intérêts, nos politiques si facilement accommodantes, ou nos violences, est une faute très grave”.

Benoît XVI, ce Pape âgé, s’est révélé en Afrique un prophète « jeune d’esprit », résolument tourné vers l’avenir dans le réalisme de l’espérance : “ Avoir de l’espérance, ce n’est pas être ingénu, mais c’est poser un acte de foi en un avenir meilleur”.

Il a su utiliser un langage concret pour parler à l’homme africain:

Je voudrais utiliser l’image de la main. Cinq doigts la composent, et ils sont bien différents. Chacun d’eux pourtant est essentiel, et leur unité forme la main. La bonne entente entre les cultures, la considération non condescendante des unes pour les autres, et le respect des droits de chacune sont un devoir vital. Il faut l’enseigner à tous les fidèles des diverses religions. La haine est un échec, l’indifférence une impasse, et le dialogue une ouverture! N’est-ce pas là un beau terrain où seront semées des graines d’espérance? Tendre la main signifie espérer pour arriver, dans un second temps, à aimer

Aux évêques béninois, il a tenu à dire: “En aucune façon l’Eglise ne peut se limiter à une pastorale de l’entretien en faveur de ceux qui connaissent déjà l’Evangile du Christ. L’élan missionnaire est un signe clair de la maturité d’une communauté ecclésiale. L’Eglise doit donc aller vers tous » Au cours de l’homélie de la Messe dominicale, il disait aux fidèles:

le Christ a vaincu la mort et il nous entraîne à sa suite dans sa résurrection. Il nous introduit dans un monde nouveau, un monde de liberté et de bonheur. Aujourd’hui encore, tant de liens avec le monde ancien, tant de peurs nous tiennent prisonniers et nous empêchent de vivre libres et heureux. Laissons le Christ nous libérer de ce monde ancien".

Il a conclu par ce vibrant envoi en mission: Afrique, tu es "bénie par le sang de tant de martyrs, hommes, femmes et enfants, témoins de la foi chrétienne. Deviens lumière du monde, lumière d'un continent qui souvent, à travers des épreuves, cherche la voie de la paix et de la justice pour tous ses habitants. Ta lumière est Jésus le Christ, la Lumière du monde. Que Dieu te bénisse, chère Afrique!".

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