Il ne doit pas craindre d'affronter les luttes de ce monde, ni les combats avec les démons ennemis, celui avec qui Dieu descend au combat.

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En parcourant l’Écriture... Les homélies d'Origène sur la Genèse (8/8)

7 - Jacob apprend que Joseph est vivant

Avec cette série "En parcourant l'Ecriture", nous voudrions à nouveau vous faire partager les richesses de la littérature patristique et nous vous proposons de découvrir cette fois les écrits d'Origène avec ses Homélies sur la Genèse.

Voici aujourd'hui;pour terminer notre série, un extrait de la 15ème homélie, sur Jacob apprenant que son fils Joseph est vivant (Gn 45-46) et en particulier sur l'emploi des mots "monter" et "descendre" dans l'Ecriture.

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  • Sur l'emploi des verbes monter et descendre

— Quand nous lisons les saintes Écritures, il nous faut remarquer, en chaque passage, l'emploi des mots " monter " et " descendre ". Avec un peu d'attention, nous découvrirons qu'il n'est presque jamais dit qu'on " descend " dans un lieu saint, ni qu'on " monte " dans un lieu peu recommandable. Ces remarques montrent que l'Ecriture divine n'est pas écrite, comme le pensent beaucoup, en un style malhabile et grossier, mais qu'elle est conforme aux règles de la science divine, moins appliquée aux récits historiques qu'aux réalités et aux sens mystiques.

Vous trouverez donc écrit que ce sont les descendants d'Abraham qui " descendirent " en Egypte et, par contre, que ce sont les fils d'Israël qui " montèrent " de l'Egypte. D'Abraham lui-même il est dit : " Abraham monta de l'Egypte dans le désert avec son épouse et tout ce qui lui appartenait, et Lot avec lui ". Et, dans la suite, il est dit d'Isaac : " Le Seigneur lui apparut et lui dit : Ne descends pas en Egypte ". Mais les Ismaélites, eux aussi descendants d'Abraham, qui portaient " des parfums, de la résine et du baume ", " descendirent " en Egypte, et c'est avec eux que l'Ecriture dit de Joseph : " qu'il descendit en Egypte. " Après quoi l'Ecriture dit : " Jacob, voyant qu'on vendait du blé en Egypte, dit à ses fils : Pourquoi restez-vous sans rien faire ? Voici que j'apprends qu'il y a du blé en Egypte, descendez-y, achetez-nous de quoi manger pour que nous vivions et que nous ne mourions pas. " Et un peu plus loin : " Les frères de Joseph descendirent en Egypte pour se procurer du blé. " [...]

Voilà, pour l'instant, ce qui nous est venu à l'esprit au sujet de ces mots de montée et de descente : ceux que cela intéresse peuvent en profiter pour réunir dans l'Ecriture plusieurs passages à l'appui de cette assertion.

  • Ton fils est vivant

— Voyons maintenant comment nous devons entendre la parole : " Ton fils Joseph est vivant. "

Je ne pense pas que cette parole ait été dite dans le sens ordinaire. Supposons, par exemple, que Joseph eût pu être vaincu par la passion et qu'il eût péché avec la femme de son maître, je ne pense pas que les patriarches eussent annoncé à leur père Jacob : " Ton fils Joseph est vivant. " Car, après un tel forfait, assurément il n'aurait plus été vivant : " L'âme qui pèche, mourra. "

Suzanne nous enseigne la même chose lorsqu'elle dit : " De tous côtés l'angoisse m'environne. Si je fais cela — c'est-à-dire, si je pèche — c'est la mort pour moi, et si je ne le fais pas, je n'échapperai pas de vos mains. " Vous voyez donc qu'elle aussi considère le péché comme une mort.

La recommandation faite par Dieu au premier homme contient aussi le même enseignement : " Le jour où vous en mangerez, dit l'Ecriture, vous mourrez ". Et aussitôt que l'homme eut enfreint le commandement, il mourut. Elle est morte, en effet, l'âme qui a péché, et le serpent est accusé de l'avoir trompée pour avoir dit : " Vous ne mourrez point. "

Voilà ce qu'il y avait à dire sur cette parole des fils d'Israël à Jacob : " Ton fils est vivant. "

[...]

Mais ce qui émut [Jacob], ce ne fut pas seulement d'entendre dire que " son fils Joseph était vivant ", ce fut surtout la nouvelle que Joseph " commandait à toute l'Egypte ". Car c'est vraiment une grande chose que d'avoir réduit en son pouvoir toute l'Egypte [symbole du Royaume de Satan]. Fouler aux pieds la convoitise, fuir la luxure, contenir et brider toutes les voluptés du corps, c'est bien là " commander à toute l'Egypte ". Et voilà ce qu'Israël trouve grand et ce qui le ravit d'admiration.

Or, quiconque, tout en dominant quelques-uns des vices de son corps, cède cependant et se soumet à d'autres, ne passe pas pour commander absolument à toute l'Egypte, mais pour gouverner tout au plus une, deux ou trois cités. Joseph, lui, qu'aucune passion corporelle ne put vaincre, fut le prince et le maître de toute l'Egypte. [...]

  • Ne crains pas de descendre en Egypte

— Après cela, il convient d'examiner attentivement ce que Dieu dit en songe à cet Israël [= Jacob] et comment il le fortifie et l'encourage en l'envoyant en Egypte, comme s'il partait au combat.

Il lui dit : " Ne crains pas de descendre en Egypte ", ce qui revient à dire : au moment où tu vas rencontrer " les princes, les puissants et les dominateurs de ce monde de ténèbres " — lequel en figure s'appelle l'Egypte — ne crains pas, ne tremble pas. Et si tu veux savoir pourquoi il ne faut pas avoir peur, écoute ma promesse : " Là, je te ferai devenir une grande nation, je descendrai avec toi en Egypte et moi-même à la fin je t'en ferai revenir. "

Aussi ne doit-il pas craindre de " descendre en Egypte ", ne doit-il pas craindre d'affronter les luttes de ce monde ni les combats avec les démons ennemis, celui avec qui Dieu descend au combat. Ecoutez l'Apôtre Paul : " J'ai travaillé plus qu'eux tous, dit-il, non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. " A Jérusalem, alors qu'une sédition s'était élevée contre lui et qu'il soutenait péniblement un magnifique combat pour la parole et la prédication du Seigneur, le Seigneur lui apparut et lui dit, en termes semblables à ceux qui sont adressés maintenant à Israël : " Ne crains pas, Paul, de même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes témoignage dans Rome. "

Mais je crois qu'il se cache un mystère encore plus profond dans ce texte. Car elle me frappe, cette parole de l'Ecriture : " Je ferai de toi une grande nation, je descendrai avec toi en Egypte et moi-même à la fin je t'en ferai revenir. " Quel est en effet celui qui est devenu une grande nation en Egypte et qui à la fin en a été rappelé ? On pense qu'il s'agit de Jacob, et pourtant ce n'est pas vrai. Car, à la fin, Jacob n'est pas revenu d'Egypte, puisqu'il y est mort. Et il serait sot de dire que Dieu a fait revenir Jacob, du fait que son corps a été ramené. Sinon, il serait faux que " Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ". Il ne faut donc pas entendre ce retour d'un mort, mais bien reconnaître qu'il concerne des hommes vivants et valides.

Demandons-nous alors si cela ne serait pas la figure de la descente du Seigneur en ce monde, de son accroissement en " une grande nation ", c'est-à-dire en l'Eglise qui réunit les nations, et de son retour au Père à la consommation de toutes choses , — ou bien encore la figure du premier homme qui descendit en Egypte au milieu des combats, quand, chassé des douceurs du paradis, il aborda les souffrances et les misères de ce monde et qu'on lui fit entrevoir le combat contre le serpent, par ces paroles : " Tu le guetteras à la tête et il te guettera au talon ", et par ces paroles, également, dites à la femme : " Je mettrai une inimitié entre toi et lui, entre ta postérité et sa postérité. "

Cependant Dieu n'abandonne pas ceux qui se trouvent dans ce combat, il est toujours avec eux. Il se plaît en Abel, il reprend Caïn , il vient à l'appel d’Hénoch , au déluge, il fait construire à Noé l'arche du salut, il fait sortir Abraham de son pays et de sa famille , il bénit Isaac et Jacob, il fait sortir de l'Egypte les fils d'Israël , par Moïse, il écrit la Loi de la lettre, et, par les Prophètes, il la complète dans ses insuffisances.

Voilà ce que signifie, quand il s'agit de Dieu, " être avec eux " en Egypte.

Quant au texte : " Je t'en ferai revenir à la fin ", je pense, comme nous avons dit tout à l'heure, qu'il signifie qu'à la fin des siècles le fils unique de Dieu " est descendu aux enfers " pour le salut du monde et qu'il en a ramené le premier homme. Il faut comprendre en effet que la parole dite au larron : " Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis ", ne lui a pas été dite à lui seulement, mais à tous les saints pour lesquels le Fils de Dieu était descendu aux enfers.

C'est de la sorte, plus réellement qu'en Jacob, que s'accomplira la parole : " Je t'en ferai revenir à la fin. "

— Mais aussi chacun de nous, de la même façon et par le même chemin, entre en Egypte et au milieu des combats. S'il mérite que Dieu ne s'éloigne pas de lui, il deviendra " une grande nation ". Cette grande nation, c'est le nombre des vertus et l'abondance de la justice en laquelle l'Ecriture dit que les saints croissent et multiplient.

[...]

" Je t'en ferai revenir à la fin ", c'est comme si Dieu disait : " Puisque tu as combattu le bon combat, que tu as gardé la foi, que tu as achevé ta course ", je vais te faire revenir de ce monde à la béatitude future, à la perfection de la vie éternelle, à " la couronne de justice que le Seigneur donnera à la fin des siècles à tous ceux qui l'aiment ".

  • Joseph posera ses mains sur tes yeux

— Mais voyons encore comment il faut entendre le texte : " Joseph posera ses mains sur tes yeux. " Sous le voile de cette phrase, je pense qu'il se cache beaucoup de mystères et de sens secrets qu'il n'est pas le moment d'aborder ni de poursuivre. [...]

Nous dirons alors que le vrai Joseph, Notre Seigneur et Sauveur, comme il mit ses mains de chair sur les yeux d'un aveugle et lui rendit la vue qu'il avait perdue, étendit de même ses mains spirituelles sur les yeux de la Loi qu'avait aveuglés l'intelligence charnelle des Scribes et des Pharisiens, et leur rendit la vue, en sorte que la vue et l'intelligence spirituelles de la Loi apparaissent à ceux pour qui le Seigneur ouvre les Écritures.

Puisse le Seigneur Jésus nous " mettre ses mains sur les yeux ", à nous aussi, pour que nous nous décidions à tourner les regards, non pas vers " les choses visibles, mais vers les invisibles " ! Qu'il nous ouvre les yeux qui ne s'arrêtent pas aux choses présentes, mais aux choses futures, et qu'il nous dévoile ce regard du cœur qui contemple Dieu en esprit, par le Seigneur Jésus-Christ lui-même, " à qui soient la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ".

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Dans la même série : 

Introduction : il a écouté la Parole de Dieu et l'a mise en pratique

1 - Mesurons la grandeur de l'homme !

2 - Il en rencontre trois mais n'en adore qu'un

3 - Prenez Sara, c'est-à-dire la vertu, pour épouse !

4 - Perdre quelque chose pour Dieu, c'est le retrouver plusieurs fois

5 - En aucun cas on ne s'éloigne des puits, en aucun cas on ne cesse de puiser de l'eau !

6 - Si la philosophie n'est pas en opposition en tout avec la Loi de Dieu, en tout non plus elle n'est pas en accord avec elle

7 - Il ne doit pas craindre d’affronter les luttes de ce monde, ni les combats avec les démons ennemis, celui avec qui Dieu descend au combat.

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