Ce soir, avec les Apôtres, veillons auprès de Notre-Dame

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Homélie pour la Vigile de l'Assomption

Dimanche 14 août 2022

La mort de Notre-Dame est une mort d'amour

Nous entrons avec cette Vigile dans la célébration du mystère de l’Assomption, ce jour très saint « où la Vierge Marie, la Mère de Dieu, a été élevée dans la gloire du ciel » (Préface). Ce privilège accordé à la Vierge Marie inaugure l’assomption de l’humanité en Dieu. En Marie, nous voyons pointer l’aurore de ce jour béni où nous pourrons nous aussi voir Dieu et nous rassasier de la contemplation de son Visage.

Mais comme toute aurore, l’Assomption de Notre-Dame a été précédée d’une nuit : la nuit de la mort qu’elle a dû traverser. En signe de vénération pour cette mort de Notre-Dame, prélude de son élévation au Ciel, les Orientaux appellent la solennité de l’Assomption du nom de « Fête de la Dormition » de la Vierge.

Le rappel de cette tradition orientale nous invite à méditer en cette Vigile sur la mort de Notre-Dame. À nous représenter nous aussi le soir de la mort de la Vierge Marie qui a précédé le jour de son élévation au Ciel.

Nous ne connaissons pas dans le détail les derniers instants de la vie Notre-Dame. Des traditions rapportent qu’elle a rendu son dernier soupir à Ephèse, entourée des Apôtres. Bien qu’elle ne soit pas atteinte par le Péché originel, la Vierge Marie s’est rendue solidaire de ses enfants jusqu’à accepter de traverser, comme eux, l’épreuve de la mort. La Mère a épousé la condition de ses fils.

Mais cette mort de Notre-Dame a été cependant bien différente de celle de ses enfants. Aussi la tradition de l’Orient en parle comme d’une « dormition » et celle de l’Occident comme d’un « transitus », d’un passage.

Cette mort de Notre-Dame a en effet été une mort d’amour car en imitant son Fils sur la Croix, Notre-Dame a vécu sa mort comme l’achèvement de ce don qu’elle avait fait d’elle-même le jour de l’Annonciation. En rendant son dernier souffle, la « servante du Seigneur » a donc tout offert par un don qui venait couronner tous les autres. Certaines traditions ajoutent en ce sens que la mort de Notre-Dame a été une mort comme provoquée par l’amour, tant son âme ne pouvait plus longtemps être séparée de son Seigneur. Notre-Dame aurait ainsi rendue son âme comme une mèche qui s’éteint doucement après s’être entièrement consumée.

Mais si l’âme de la Vierge Marie a pour un temps quitté son corps, celui-ci n’a cependant pas connu la corruption. Autrefois l’Arche d’alliance avait été élevée sur la montagne de Sion, pour être placé au cœur du Temple de Jérusalem. Or, la sainte Vierge est la véritable Arche d’Alliance, elle qui a porté dans son sein la Parole de Dieu faite chair. Aussi le corps de Notre-Dame ne pouvait rester au tombeau. Il convenait qu’il soit élevé sur la montagne de Sion, au Ciel, dans le Temple saint.

L’exaltation du corps de Notre-Dame, élevé au Cieux, signe l’accomplissement de cette parole prononcée par Jésus : « Heureux ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la garde ». Le bonheur qui inonde Notre-Dame jusque dans son corps est d’avoir gardé fidèlement la Parole de Dieu, d’avoir été l’Arche de l’Alliance nouvelle et éternelle.

Ainsi, dans la vie de la sainte Vierge, tout aura été lumineux, y compris sa mort. Et cette lumière qui jaillit de cette « dormition » de Notre-Dame nous console en nous aidant à assumer sereinement le fait qu’un jour, nous aussi, nous devrons connaître la mort.

De nos jours, la mort est devenue un sujet tabou. Autrefois, elle faisait partie de la vie : on la préparait, on l’accompagnait, on la respectait. Aujourd’hui, nous voulons la cacher. Pis encore, nous voulons nous cacher à nous-mêmes que nous allons mourir. Les Chrétiens prient pour que Dieu leur épargne une mort subite et imprévue. Beaucoup semblent aujourd’hui faire la prière inverse, en désirant une mort subite et imprévue, tant la perspective de mourir leur fait peur.

En cette vigile, la contemplation de la dormition de Notre Dame, toute irradiée par l’amour et l’espérance de la résurrection, nous éclaire. Notre mort, comme celle de Notre-Dame, sera une dormition et un passage vers la vie pleine et définitive. Elle consommera le don de notre vie que nous voulons mettre au service de Dieu et du prochain.

La méditation de ce repos de la Vierge Marie nous invite donc à préparer notre propre départ vers le Ciel. Cette perspective nous pousse à assumer vraiment notre vie. À la faire belle, pleine, sainte. Plutôt que vouloir réussir dans la vie, Notre-Dame nous invite à vouloir réussir notre mort.

En ce sens, on remarquera que dans la prière du Je vous salue Marie, nous demandons à Notre-Dame de prier pour nous « maintenant » ainsi qu’« à l’heure de notre mort ». « Maintenant » et « l’heure de notre mort » sont en effet les deux moments les plus importants de notre vie. « Maintenant », car c’est le seul instant que nous avons en notre possession pour nous sanctifier. Et « l’heure de notre mort », car ce sera l’aboutissement, le sommet de notre vie, qui fixera pour toujours notre degré d’amour. « Maintenant » et « l’heure de notre mort » : ces deux instants possèdent d’ailleurs un lien étroit car c’est en tournant souvent nos regards vers l’heure de notre mort que nous vivrons pleinement le maintenant de nos vies. La perspective de notre mort nous éclaire sur l’importance de chaque instant.

Demain, nous célébrerons l’élévation de Notre-Dame, dans son corps et dans son âme. Ce soir, avec les Apôtres, veillons auprès de Notre-Dame qui s’est endormie dans la mort. Que Notre-Dame de l’Assomption, qui est aussi Notre-Dame de la Dormition, nous apprenne « la vraie mesure de nos jours » (Ps). Qu’elle nous rappelle que ce monde, malgré sa beauté, n’est pas notre but. Que nous sommes faits pour Dieu, pour le Ciel. Que notre vie n’est qu’un pèlerinage, une préparation à une vie bien plus belle. La vie éternelle.

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