Visitation : fête de l'enthousiasme !

Magnificat !

La fête de la Visitation, qui n’est pas très ancienne dans l’Église universelle, était autrefois fêtée le 2 juillet, dans l’octave de la naissance de saint Jean-Baptiste. Il a paru plus à-propos qu’elle soit située entre l’Annonciation et la naissance de saint Jean, et a été fort opportunément placée en ce 31 mai, où nous concluons par cette belle fête le mois de Marie.

Le mot qui résumerait le mieux cette fête est l’ « enthousiasme ». Le mot signifie originellement « être possédé par Dieu », selon son étymologie : « en qeoV », en Dieu. Nous avons entendu en ce dimanche les paroles de Jésus dans sa prière à son Père : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi… » Ainsi, ce que Jésus demande à son Père, c’est que nous soyons en lui, et que lui soit en nous, comme lui est dans le Père et que le Père est en lui.

Or c’est ce mystère d’être en Dieu, réalisé d’une façon unique par une créature, la Vierge Marie, que nous célébrons en ce jour : Dieu est en elle, et elle est en Dieu. Les lectures de cette fête de la visitation soulignent ce mystère de manière très touchante. Sophonie annonce : « Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi… Le Seigneur ton Dieu est en toi… Il aura en toi sa joie et son allégresse… » Isaïe renchérit : « Car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël ! » Quant à Élisabeth, éclairée par le Saint Esprit, elle s’exclame : « le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Cette présence de la Vierge Marie à Dieu, et de Dieu en elle lui donne une profonde joie, qui éclate dans le Magnificat. Et la tourne vers les autres. Benoît XVI a souligné qu’en Jésus, consécration et mission allaient de pair. Il en va de même pour la Vierge Marie : toute donnée, consacrée à Dieu et remplie de lui, elle n’a de cesse de le donner. Ainsi, l’enthousiasme, c'est-à-dire le fait d’être en Dieu, a pour fruits la joie et le zèle. Ainsi, après avoir accueilli en elle le Verbe fait chair, la Vierge Marie se rend « avec empressement » vers sa cousine Élisabeth. Et cette visitation est également celle de Jésus enfant, qui se donne lui aussi à connaître à celui qui sera son précurseur, saint Jean-Baptiste.

L’enthousiasme recouvre donc la présence de Dieu, plus encore la présence en Dieu, la consécration, la mission, la joie, la reconnaissance. Et cet évangile, particulièrement en la prière de la Vierge Marie dans la Magnificat, est d’une fraicheur merveilleuse. En ce 31 mai, nous voulons nous aussi participer à cet enthousiasme de la Vierge Marie, et à la joie de Dieu de demeurer en elle. Nous voulons aussi participer à sa reconnaissance pour tout ce que Dieu a fait pour nous. Et en cette année nous voulons le remercier tout particulièrement pour l’arrivée de nos premières sœurs il y a 75 ans à Saint Pierre de Colombier. Nous voulons terminer avec les mots du Père, rapportant avec une joie simple cette arrivée :

« Vendredi après-midi [le 30 mai], la camionnette débarquait le petit matériel. Les demoiselles Martin, voisines du foyer, avaient préparé gentiment un repas dans la pièce du rez-de-chaussée et le lendemain matin nous étions pour la première fois réunis autour de l’autel de l’église de Saint Pierre. C’était le 31 mai. Dans le diocèse de Viviers, c’était, en ce temps-là, la fête de Marie Médiatrice de toutes grâces. Nous étions dans l’action de grâces. Et c’est avec des sentiments de joie, de confiance et d’amour que le "foyer" participait le soir avec les paroissiens à une procession aux flambeaux à Notre Dame des Neiges. » Et le Père concluait : « Nous savions, avec une foi certaine, que Dieu était avec nous et qu’il nous conduirait. E vraiment Mère Marie-Augusta, devant Notre Dame des Neiges et avec son aide, disait de tout son cœur : "Ecce ad omnia" et "Magnificat". »

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