Darwin Ramos (1994-2012)
Un futur saint patron des enfants des rues ! (1/2)
À Manille, au foyer Notre-Dame de Guadalupe, la fondation « Anak-un-pont-pour-les-enfants » – qui a reçu la visite surprise du pape François en 2015 – accueille les enfants des rues handicapés.
Une amitié silencieuse
Parmi eux, Estin est un grand garçon muet. Il ne parle plus depuis qu’il a subi les pires abus dans le cadre d’un réseau de prostitution. Mais, malgré ce traumatisme, son cœur garde toute sa noblesse.
Lorsqu’à l’âge de onze ans Darwin, atteint de myopathie, arriva au foyer, il lui fit un grand sourire et attrapa les deux poignées de son fauteuil roulant pour le faire entrer. Ce fut le début d’une immense amitié. Estin ne cessa de s’occuper et de s’assurer du bien-être de son ami.
Aujourd’hui, six années ont passé. Darwin repose dans son cercueil blanc. Le Père Matthieu Dauchez, le Père des enfants de la fondation, arrive et voit avec étonnement Estin regarder son ami sans cesser de sourire. Mais bientôt le jeune homme se lève et se serre dans les bras du prêtre en prononçant distinctement :
« Darwin, le Ciel. »
Ainsi le premier cadeau de Darwin fut pour son grand ami.
Le premier saint philippin
Cet enfant des rues pourrait devenir le premier saint non martyr des Philippines. Sa cause de béatification a été ouverte officiellement le 28 août 2019 à la Cathédrale de Cubao.
Un maître de la joie
Faisons la connaissance de celui que son Père spirituel a appelé « un maître de joie ».
Darwin est né dans un bidonville de Manille, premier de huit enfants. Très vite il aima courir, rire et jouer, tout en prenant au sérieux son rôle d’aîné. Son sourire illuminait tout le monde. Il se montrait toujours heureux et satisfait. Hélas, sans travail, son père devint peu à peu dépendant de l’alcool, du jeu et de la drogue. Lorsqu’il revenait dans leur cabane, il prenait par force le peu d’argent gagné par sa femme à force de lessives.
Darwin et sa petite sœur Marimar décidèrent de mendier. Leur maman voulut les en empêcher mais leur papa, au contraire et sans aucun scrupule, leur en fit un devoir. La situation familiale se dégradait et la famille dut quitter le bidonville pour la rue. Et voilà que petit à petit, Darwin ne parvint plus à marcher… Son père le déposait le matin à l’entrée d’une bouche de métro et revenait le chercher tard le soir. Son handicap attirait la pitié des passants…
Mais Darwin ne se sentait pas seul. Par sa maman il avait appris tout petit à aimer Jésus et Marie et à converser avec eux. Il adopta son petit territoire où il se traînait à la force de ses bras et s’y fit vite des amis. Son courage et sa joie inaltérable imposaient le respect à son entourage.
Un soir, Marimar vint vers lui tout excitée :
« Il faut que je te présente quelqu’un. Il est très gentil et fait plein de jeux avec nous. Il est éducateur. »
Se demandant ce qu’était un éducateur, Darwin vit arriver un jeune homme avec un petit sac de toile rempli de papiers et de crayons de couleur. En souriant, il s’accroupit auprès de lui :
« Bonjour, je m’appelle Vidal. Je suis éducateur de rue de la fondation Anak-Tnk. Je suis là pour t’aider si tu le veux bien... »
À suivre...