Voyage fraternel de Benoit XVI en Allemagne
Visite de Benoit XVI à son frère Georg malade
Du 18 au 22 juin, le pape émérite Benoît XVI a rendu visite à son frère Georg gravement malade, dans sa Bavière natale. Pendant ce séjour, il l’a visité plusieurs fois et s’est rendu à Pentling, où lui-même habitait quand il était professeur à l’université de Ratisbonne, où il pensait alors finir paisiblement sa vie avec Georg après avoir démissionné de son poste de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (Saint Jean-Paul II et le Saint-Esprit en décidèrent autrement !), et qui héberge maintenant un institut dédié à sa pensée théologique. C’est cette même maison que Maria, la sœur bien-aimée, est décédée subitement en 1991, sans qu’il ait pu être présent, ce qui fut pour lui extrêmement douloureux. Il est également allé se recueillir sur la tombe familiale, au cimetière de Ziegetsdorf.
C’était le premier voyage de Benoît XVI hors d’Italie depuis sa renonciation en 2013. C’est dire l’affection et l’unité spirituelle – fondées sur une foi vivante commune au fils de Dieu – qui l’unissaient à son frère, pour affronter ainsi à 93 ans la fatigue d’un tel périple et braver une épidémie redoutable pour apporter du réconfort et faire ses adieux à un proche, et célébrer la Messe à son chevet. En effet, Joseph Ratzinger a toujours été très proche de son aîné de trois ans, ordonné prêtre le même jour que lui, le 29 juin 1951.
Lui-même témoignait ainsi de ce lien particulier : « Depuis sa naissance, mon frère a été pour moi non seulement un compagnon, mais aussi un guide fiable. Il m’a montré la voie, même dans des situations difficiles. Nous avons maintenant atteint la dernière étape de notre vie, la vieillesse. Mais même en ce moment, il m’aide à accepter avec sérénité, humilité et courage le fardeau de chaque jour. »
C’est pourquoi Mgr Voderholzer, évêque de Ratisbonne, a pu dire que cette visite fut surtout un voyage d’humanité : « Un homme, à qui la grandeur n’est pas étrangère, est venu vers nous comme un homme faible, on pourrait dire désarmé, dont la force de vie qui lui reste suffit tout juste à ne pas perdre de vue l’essentiel en ce monde. » Par ce « geste qui vaut plus que mille mots », « Benoît XVI a enseigné une fois de plus à une Europe déchristianisée et à un monde désormais « ivre » de distanciation sociale et de rencontres en ligne, que l’amour vainc tout. Il a secoué les consciences de ceux qui, ces derniers mois, avec l’aggravation du virus, ont oublié une des œuvres de miséricorde corporelle, visiter les malades, donnant ainsi la preuve de sa grande humanité et de son humilité. »
Ce fut donc un voyage sans faste, discours ni protocole, mais un simple pèlerinage d’action de grâce envers Dieu. Le pèlerinage d’un homme amaigri, poussé dans un fauteuil roulant, mais lucide et toujours souriant, d’où il est revenu épuisé mais heureux.