In Altum

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L'abbé Pierre de Porcaro (1904 - 1945) 1/2

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 126)

"L'un des cinquante" ?

Cinquante, c’est le nombre des prêtres victimes du décret de persécution nazie du 3 décembre 1943 contre « l’activité de l’Action catholique française au sein des travailleurs civils français dans le Reich ». Quand il répondit immédiatement oui à l’appel des évêques de France aux prêtres à s’engager dans le STO en Allemagne pour assurer un soutien spirituel et sacramentel aux travailleurs français, l’abbé Pierre de Porcaro avait un double mérite : d’une part il avait déjà été prisonnier en Allemagne et, pendant sa détention, il avait toujours obstinément refusé de travailler ! D’autre part, à trente-neuf ans, il avait derrière lui quatorze ans d’apostolat fructueux dans le diocèse de Versailles. C’était un prêtre aimé et heureux de « donner Dieu aux âmes afin de donner des âmes à Dieu ».

 Qu’est-ce qui lui donna une telle détermination pour repartir ? Certainement son éducation, comme en témoigne éloquemment la réaction de sa mère à cette nouvelle : « Mon petit, tu sais ce que ton père et moi vous avons toujours enseigné : dans la vie, la seule chose à considérer, c’est de faire son devoir. » Plus encore, son esprit sacerdotal : pendant son séminaire, après quatre heures de prière au Sacré-Cœur de Montmartre, il avait noté dans son journal : « Je crois pouvoir dire en toute sincérité : “J’ai soif des âmes” », une soif qui ne l’a jamais quitté. Son esprit surnaturel : « Au fond, est-il besoin de réfléchir ? L’évêque émet un souhait : n’est-ce pas Dieu qui me parle par lui ? » Et, par-dessus tout, son amour de Jésus : « Je veux aider le Christ à porter sa Croix : mon départ n’a pas d’autre signification. » et sa confiance en Marie : « Je pars pendant le mois de Marie, dont je me suis fait l’esclave : Elle me gardera, Elle m’offrira, Elle m’aidera. »

 N’imaginons pas cependant que ce fut sans combat intérieur. « Hier, journée dure. La poésie de l’aventure avait laissé la place à la vérité toute nue. En arrivant au bureau d’embauche, tout m’est apparu en noir, j’ai dégusté par avance la promiscuité qui m’attend, le travail abrutissant et exténuant, le ministère peut-être paralysé. Une vague de pessimisme a failli me retourner et me faire renoncer. « Si tu veux, viens et suis-moi. » Ce « si tu veux » est terrible, car on sent la possibilité de reculer sans crainte de pécher. Rien ni personne ne pouvait me contraindre. Pouvoir repousser le calice sans conséquences graves. Ah ! cette liberté ! J’ai dit Fiat et suis entré en serrant mon chapelet dans ma poche... »

 Et le lendemain : « À l’angoisse, à la détresse atroce que j’ai vécue de midi à 15h30 a succédé, dès la sortie du bureau, une paix, une joie immense, totale. Maintenant que j’ai tout donné, je ne puis plus reculer. » Son abandon est total : « Que sera demain, terrible ou souriant ? La croix nue ou semée de roses ? Je ne sais. Ce sera la croix rédemptrice, la croix du Seul Prêtre qui, s’étant offert une fois, continuera de s’offrir en moi et par moi. »

à suivre...

 

Crédit photos : Auteur : Widsith > : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Commemorative_statue_of_Pierre_de_Porcaro.jpg

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