Ma conscience est au dessus de l'Etat
Projet de loi sur le séparatisme et article paru dans l'Homme Nouveau
Projet de loi pour le respect des principes de la République
En France non plus, la liberté religieuse n’a pas le vent en poupe. Quand le politique se mêle de religion ou s’attaque à l’objection de conscience, ça sent le soufre. Or, le projet de loi pour le respect des principes de la République cache manifestement une attaque en règle contre la liberté religieuse. La CEF, par son secrétaire général, s’est émue de ce projet de loi « répressive », qui menace la liberté des associations, des écoles, de l’éducation par les parents et de l’Église : « Nous ne voulons pas des contraintes supplémentaires que ce texte va nous imposer. » En particulier, il prévoit, pour que les associations cultuelles (créées en 1901) puissent bénéficier d’avantages fiscaux, un « contrat d’engagement républicain » (incluant idéologie du genre et droit à l’avortement) qui ressemble à s’y méprendre à une nouvelle Constitution civile du clergé. Même M. Mélenchon, qu’on ne peut soupçonner de velléités théocratiques, accuse le gouvernement de vouloir instaurer un athéisme d’État !
Ce projet, prévu pour lutter contre le séparatisme islamique, semble n’avoir d’autre cible que les catholiques. Ainsi, le député François de Rugy a accusé l’Église d’avoir toujours voulu « prendre la main sur la vie des gens à travers l’école, les clubs sportifs, tout un tas d’organisations » ou encore d’être sous influence étrangère. La preuve : « Les évêques en France sont nommés […] par le pape » et par le nonce apostolique qui n’est pas français. Il fallait y penser ! Cela lui a valu une réponse de Mgr Valentin, évêque auxiliaire de Versailles : « Tout ça c’est des clichés éculés. Il n’y a qu’à voir les archives de caricatures de presse avec les méchants jésuites qui veulent éteindre l’intelligence des enfants contre la République qui vient l’éclairer. […]. La vérité c’est que tous ces lieux éducatifs catholiques se sont avant tout développés là où il n’y avait rien d’autre. » Que ce soit le cinéma, les clubs sportifs, les hôpitaux… « On est en train de passer d’une laïcité de liberté à une laïcité du soupçon, [à] une logique de contrôle, de police, voire de répression des cultes. Quand on regarde le détail des mesures qui sont annoncées, c’est cela qu’il se passe sans exagération. »
Le ministre de l’Intérieur a affirmé, quant à lui, qu’il ne pouvait pas « discuter avec des gens qui refusent d’écrire […] que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu ». Or, « si Dieu existe, rappelle Mgr Aillet, sa loi ne saurait être soumise à la République ». Et cette loi, inscrite dans la conscience de tout homme, est la mesure ultime de toute loi positive. Vouloir subordonner l’exercice des religions à l’État, c’est donc nier la liberté de conscience (le projet de loi dit ‘bioéthique’ n’en est que l’application pratique). Et affirmer que la loi positive est au-dessus de la loi de Dieu relève d’une rhétorique totalitaire, qui vise à englober tout l’homme dans une idéologie, et « équivaut à une déification de l’État » (Pie XII), auquel reviendrait de dire arbitrairement le bien et le mal.
L’État doit assurer la vie en société et rechercher le bien commun, pour que chacun puisse poursuivre librement sa fin ultime et transcendante ; mais quand il cherche à contrôler les religions, le domaine sacré de la liberté intérieure, il outrepasse ses droits. Et quand César se prend pour Dieu et viole la loi naturelle, les chrétiens ont le devoir d’être fidèles à la vérité, dictée par leur conscience, « quoi qu’il en coûte », parce qu’alors le légal n’est plus légitime et la loi devient oppression. L’exemple des martyrs de la conscience de tous les temps, tels Saint Thomas More (photo), et des prêtres réfractaires, nous le rappelle.
Crédit photo : Ann Longmore-Etheridge > https://www.flickr.com/photos/60861613@N00/3700329849
Article paru dans l'Homme Nouveau (HN)
La chose est assez rare pour être relevée : un bel article a paru sur le projet de la chapelle du Cœur immaculé de Marie à Saint Pierre de Colombier. Merci à l’Homme nouveau d’avoir donné la parole à Père Bernard pour élever un peu le débat au-dessus des querelles de clocher. Puisse-t-il inspirer d’autres journalistes...